Daniel Fréchette prêt à payer le prix pour gagner

VICTORIAVILLE. Ça n’a pas été perceptible sur la glace, mais depuis le départ de Jérôme Mésonéro au profit de l’Avalanche du Colorado l’été dernier, un changement de philosophie drastique s’est opéré au sein de l’organisation des Tigres.

Jadis, la direction des félins prônait la compétitivité année après année, voulant éviter à tout prix les saisons de misère pour ne pas affecter l’achalandage au guichet. Ainsi, Mésonéro tablait ses stratégies sur de courts cycles de deux ans. L’équipe demeurait ainsi, au pire, en milieu de peloton. Rarement on a tenté un coup de circuit lors de la période des transactions pour ne pas hypothéquer l’avenir. On a tenté d’amener Brandon Gormley et Luke Adam dans les Bois-Francs, entre autres, mais chaque fois, on a fait marche arrière pour ne pas compromettre le futur.

L’arrivée du nouveau président Johnny Izzi a changé la donne. Depuis qu’il a succédé à Éric Bernier, la figure de proue du conseil d’administration de l’organisation ne se gêne pas pour dire qu’il ne vise rien de moins que la coupe du Président. Yanick Jean, nommé directeur général de l’équipe avant le commencement du camp d’entraînement, a donc emboîté le pas. Après le départ de Jean pour Chicoutimi, Daniel Fréchette a poursuivi dans la même veine. Le directeur général plessisvillois n’a pas hésité à préparer l’avenir au cours de la dernière période des transactions.

Les Tigres présentent une formation nettement plus jeune depuis le départ de Tommy Veilleux, Yan-Pavel Laplante, Anthony Beaulieu et Brandon Whitney, entre autres. Elle ne mise que sur deux patineurs de 19 ans.

Fréchette, en entrevue au www.lanouvelle.net, ne cache pas ses ambitions. Il souhaite, à court ou moyen terme, voir les siens devenir de sérieux aspirants. «Difficile de cibler une année en particulier. Cela dépendra de la progression des jeunes comme Pascal Laberge et Olivier Tremblay, entre autres», a-t-il expliqué.

Il soutient cependant qu’il n’hésitera pas à se montrer agressif sur le marché des transactions lorsqu’il sentira que sa formation est à son apogée. «On veut quand même demeurer compétitif. C’est important pour la bonne progression des jeunes. L’objectif demeure cependant la coupe du Président», a-t-il ajouté, précisant qu’il est conscient qu’il sera sans doute obligé de sacrifier quelques jeunes et des choix pour y parvenir le temps venu.

C’est pour cette raison, notamment, que Fréchette se réjouit de posséder une banque de choix enviable au cours des deux prochaines campagnes. En 2016, les félins possèdent deux choix de premier tour. L’un d’entre eux pourrait servir de monnaie d’échange pour s’améliorer si l’occasion se présente.

Fréchette, qui parle constamment de «construction» au lieu de «reconstruction», estime que sa formation pourrait arriver à maturité à très court terme. Ce n’est pas pour rien qu’il a fait des pieds et des mains pour épargner ses joueurs de 18 ans durant la période des transactions. Pourtant, ils ont été très en demande. Plusieurs formations se sont informées des services de Mathieu Ayotte, qui a connu une véritable éclosion au cours des derniers mois. Tristan Pomerleau, Samuel Blais et Gabriel Gagné, notamment, ont aussi suscité la convoitise.

«Notre groupe de 18 ans était très en demande. C’est cependant la force de notre équipe. On ne voulait pas les laisser aller», a-t-il précisé.

C’est donc dire que les Tigres considèrent que ce groupe de joueurs, qui auront 19 ans l’an prochain, est en mesure d’aider l’équipe à atteindre les plus hauts sommets. Éventuellement, quelques-uns d’entre eux, s’ils ne font pas le saut chez les professionnels, composeront le trio de joueurs de 20 ans dans deux ans, aidant la formation des Bois-Francs à devenir une sérieuse aspirante.

«Et nous avons amélioré notre groupe de 17 ans au cours de la dernière période des échanges. Nous misons aussi sur quatre joueurs de 16 ans très prometteurs. Ils occupent déjà un rôle important dans notre équipe», a-t-il ajouté.

Pas moins de 20 joueurs des Tigres ont 18 ans ou moins. Neuf d’entre eux sont âgés de 17 ans. Misant sur une formation jeune, Fréchette est conscient que la deuxième portion du calendrier ne s’avère pas de tout repos, d’autant plus que plusieurs formations ont fourbis leurs armes en prévision des séries. «Ce ne sera pas facile, mais on souhaite poursuivre dans la même veine que la première moitié de saison», a-t-il avancé. Les Tigres, dans la première portion du calendrier, ont surpris. Après la pause des fêtes, ils occupaient le septième rang du classement général.

Le recruteur-chef des Tigres, Pierre Cholette, a gagné des responsabilités depuis l’arrivée en poste de Daniel Fréchette. Bien qu’il ne possède pas officiellement le titre, il agit comme directeur général adjoint. Les deux hommes ont passé les dernières heures de la période des échanges ensemble, dans le bureau du directeur général. Bruce Richardson était également présent. Cholette est un vieux routier chez les Tigres, ayant été embauché par Jérôme Mésonéro. Il a donc vécu le changement de philosophie opéré par l’organisation avec l’arrivée de Johnny Izzi à la présidence. Au cours des 10 dernières années, Daniel Fréchette a côtoyé trois entraîneurs-chefs chez les Tigres. Sans rien enlever à Martin Bernard et Yanick Jean, qui sont de «très bons entraîneurs», le directeur général des Tigres ne cache pas que Bruce Richardson est un entraîneur-chef spécial. «Sa façon d’aborder les jeunes et de les comprendre est hors du commun», a-t-il vanté. Fréchette estime que Richardson est l’homme de la situation afin de tirer le meilleur de chacun de ses protégés. En raison du prix faramineux du marché des transactions pour les défenseurs au cours de la dernière période des échanges, Daniel Fréchette n’a pas caché qu’il souhaitait mettre l’accent sur cette position lors du prochain repêchage. Cela empêcherait les Tigres de devoir se tourner vers le marché des transactions pour combler leurs besoins à la ligne bleue. «Ce n’est pas pour rien qu’on a acquis William Côté. Cette transaction peut sembler banale, mais elle nous a permis d’ajouter de la profondeur en défensive», a commenté Fréchette. Le tourbillon de la période des transactions étant passé, Daniel Fréchette, à la blague, a dit qu’il pourra désormais recommencer à aller chercher ses enfants à la garderie. Plus sérieusement, il a fait savoir qu’il comptait maintenant prendre le temps de rencontrer les responsables des études et des pensions de l’organisation. Puisqu’il est arrivé en poste quelques jours seulement avant l’ouverture de la période des échanges, il n’a pas eu le temps de s’occuper de ces dossiers. Il compte aussi travailler activement sur le prochain repêchage ainsi que le dossier des joueurs européens. Fréchette dit posséder quelques contacts sur le Vieux Continent. Il étudiera la possibilité d’améliorer son duo de joueurs européens en vue de la prochaine campagne. Présentement, Nikita Li (17 ans) et Filip Pyrochta (18 ans) composent ce duo.