Plusieurs voix pour dénoncer la lourdeur administrative

SAINT-NORBERT-D’ARTHABASKA. La lourdeur des lois régissant les travaux dans les cours d’eau met en péril des propriétés et des activités agricoles. Pour dénoncer cette lourdeur administrative, près d’une vingtaine de maires de la MRC d’Arthabaska, de même que les députés Sébastien Schneeberger de Drummond-Bois-Francs et Donald Martel de Nicolet-Bécancour, ont uni leur voix, lundi matin, et se sont déplacés sur le terrain, à Saint-Norbert-d’Arthabaska, pour faire état de la situation.

«Une belle solidarité des élus, a constaté le préfet Lionel Fréchette. Le gouvernement impose des obligations d’études à faire, des études d’ingénieur que le citoyen lui-même doit payer alors qu’il n’est pas responsable du problème. Et puis, malgré tout, rien ne l’assure que les travaux soient acceptés.»

Les MRC ont la responsabilité exclusive de la gestion des cours d’eau. Elles possèdent le pouvoir d’autoriser et d’exécuter des travaux d’aménagement ou d’entretien d’un cours d’eau. «Mais il existe de nombreux règlements. C’est comme si on nous attachait les deux mains en ayant le droit de tout faire», a indiqué le préfet de la MRC d’Arthabaska.

En présence des journalistes en bordure de la rivière Bulstrode, Lionel Fréchette a démontré, photos à l’appui, que la rivière, depuis l’an 2000, a dévié de son lit de 80 m pour se rapprocher de la route 263 et des résidences.

L’accumulation d’importants bancs de sédiments entraîne l’érosion des rives. Si bien qu’en certains endroits, pas moins de 13 545 mètres carrés de terrains ont été grugés.

Et puis, comme l’a noté Frédéric Gamache, conseiller municipal à Saint-Norbert, les fosses de 17 ou 18 pieds de profondeur, qui permettaient la pêche, ont disparu. «Il y avait beaucoup de poissons. On faisait notre quota en une heure», a-t-il rappelé.

Propriétaire d’une résidence depuis trois ans, Alexandre Gosselin connaissait la problématique au moment de faire l’acquisition de sa propriété. «Mais depuis trois ans, la rivière se tasse plus rapidement qu’avant. Et plus ça va, a-t-il confié, plus il y a de l’eau. On parle de terres agricoles, mais je commence à m’inquiéter pour ma maison et mon terrain.»

Les travaux qu’il aurait pu entreprendre se traduisaient par une facture exorbitante. «La MRC autorisait les travaux. Le gouvernement aurait remboursé 70% de la facture. Mais ma part de 30% représentait 80 000 $, plus que la valeur du terrain. Ça ne fait aucun sens, aussi bien laisser partir le terrain», a-t-il fait remarquer.

Un autre propriétaire, Wilfrid Allaire, estime qu’on a trop attendu. «Les travaux à exécuter sont devenus exagérés, ils sont trop coûteux pour nous», a-t-il noté.

De l’argent à l’eau

L’autobus dans lequel prenaient place élus et journalistes a aussi fait une halte un peu plus loin sur la route 263, dans le secteur même où le ministère des Transports du Québec (MTQ) a investi plusieurs centaines de milliers de dollars pour stabiliser, au moyen de roches, les rives de la Bulstrode pour protéger la route à proximité.

«Et ça a lâché, a montré le préfet. Ces travaux du MTQ, c’est nous tous qui payons. Mais si citoyen doit payer, c’est décourageant de voir qu’on perd du terrain en plus.»

Les élus souhaitent que leur message soit entendu par les autorités. «Y a-t-il moyen d’avoir une lourdeur moins pénible? Notre vision peut-elle s’approcher de la leur? Notre gros bon sens peut-il s’approcher du leur également», a questionné Lionel Fréchette, aussi maire de Sainte-Hélène-de-Chester.

Les instances politiques invitent au dialogue. «On perçoit souvent les municipalités comme étant les méchants, a souligné le préfet. Pourrait-on travailler avec eux, essayer de s’entendre sur des actions faisables pour nos citoyens? Il faudrait s’asseoir avec les hautes instances pour étudier les avenues possibles pour protéger l’agriculture. Il existe sûrement des façons de faire moins coûteuses pour les citoyens.»

Le député de Drummond-Bois-Francs, Sébastien Schneeberger, lui, a fait valoir l’importance de régler les problèmes en amont. «Le ministère de l’Environnement semble favoriser une approche de laisser faire la nature, a-t-il signalé. Or, les problèmes en aval sont liés aux problèmes en amont. C’est en amont qu’on doit les régler. En ramenant la rivière dans son lit, on empêcherait des milliers de mètres cubes de terre de se ramasser dans le lac Saint-Pierre.»

Mais aussi dans le réservoir Beaudet qui constitue la source d’eau potable de la Ville de Victoriaville, a observé Lionel Fréchette.

Des solutions

À court et moyen terme, le temps de régler le problème à la source, les élus de la MRC d’Arthabaska privilégient «une solution simple», le retrait des importants bancs de sédiments dans certaines sections de la rivière.

Mais les orientations gouvernementales empêchent la MRC de passer rapidement à l’action. Et si l’autorisation était demandée, les propriétaires ne pourraient absorber les coûts importants. Ainsi, selon les élus, le gouvernement devrait financer les propriétaires devant entreprendre de tels travaux.

Les élus estiment que le gouvernement doit revoir les procédures d’autorisation des travaux dans les cours d’eau, rappelant l’appui favorable de la Fédération québécoise des municipalités au dépôt d’un projet de loi visant à soustraire l’enlèvement des obstructions dans les cours d’eau aux procédures législatives et administratives.