Un conflit philosophique irréconciliable

HOCKEY. Bruce Richardson s’est présenté à l’Amphithéâtre Gilbert-Perreault lundi matin. Vers 10 h, il avait à son agenda une rencontre avec le directeur général Daniel Fréchette. Ce rendez-vous s’est amorcé à l’heure convenue. Il n’aura cependant duré que quelques minutes. Fréchette n’est pas passé par quatre chemins. Il a congédié son entraîneur-chef.

Cette décision avait été murie pendant plusieurs semaines. Le directeur général avait l’aval de son président. Le conseil d’administration de l’équipe l’a aussi entérinée jeudi dernier, lors d’une séance ordinaire.

Quelques heures après avoir montré la porte de sortie à Richardson, les membres des médias ont été convoqués par l’organisation des Tigres. Fréchette, flanqué du président Johnny Izzi, a pris la parole, notes à portée de vue, pour expliquer son geste. Parce que cette décision a soulevé la surprise et l’incompréhension chez plusieurs amateurs de hockey junior des Bois-Francs et ailleurs au sein du circuit Courteau, le directeur général a dû justifier sa décision comme il l’avait fait aux membres du conseil d’administration, l’étonnement ayant été aussi grand jeudi.

«Je voudrais être clair. Ce n’est pas une question de résultats, mais plutôt de philosophie. Ça n’a pas été une décision facile à prendre. Ça ne frappe pas seulement un entraîneur, mais une famille. Je crois cependant qu’on peut gagner dans cette ligue seulement en jouant très bien dans les trois zones. Une fenêtre s’ouvre pour notre organisation au cours des deux prochaines années. J’aimerais vraiment vivre cela avec un personnel d’entraîneurs d’expérience. Il ne faut pas oublier que Bruce était le choix de Jérôme Mésonéro. Je remercie donc l’organisation de me faire confiance et de me permettre d’amener une personne qui sera peut-être un peu plus à mon image», a-t-il partagé.

Le conflit philosophique qui divisait Richardson et Fréchette était grand et, surtout, irréconciliable. L’entraîneur-chef n’a pas su gagner la confiance de son patron à cet égard. «Bruce, on ne se le cachera pas, est un entraîneur très offensif. Je suis un entraîneur des gardiens de but. Pour moi, au hockey, il faut d’abord être bon dans notre zone. Durant les séries, on l’a vu cette année, tu dois être capable de garder une avance et tu dois être en mesure d’exceller dans ta zone. Ça passe par une structure défensive», a lancé Fréchette.

Celui-ci fait référence aux récentes séries éliminatoires contre les Wildcats de Moncton. Les Tigres sont souvent parvenus à prendre les devants, sans cependant conserver leur avance. Ils ont finalement plié l’échine en cinq matchs. Les deux premiers duels se sont soldés par des revers en prolongation. «Certains diront que nos défaites en prolongation sont liées à la malchance. Je n’y crois pas. En fait, ça n’aurait pas dû se rendre en surtemps. Ça arrive rarement en séries que tu parviennes à prendre les devants par deux ou trois buts. Quand ça survient, tu dois être en mesure de conserver l’avance. Ça n’a pas été notre cas», a enchaîné le DG.

Avant d’en venir à ce geste drastique, Fréchette dit avoir tenté plusieurs rapprochements pour trouver le meilleur des deux mondes. Ce fut sans succès. «On en a discuté régulièrement. Rendu au niveau junior majeur, à 38 ans, c’est difficile de changer de philosophie», a-t-il poursuivi.

Fréchette se défend de vouloir faire des Tigres une imitation des Devils du New Jersey, dont la trappe pratiquée par Jacques Lemaire à l’époque a fait la renommée. «Le but n’est pas de devenir les Devils. Notre objectif n’est pas de chercher à gagner 2 à 1 en livrant une performance peu spectaculaire. On a du punch à l’attaque. Tout le monde revient l’an prochain. Je ne vois pas pourquoi on marquerait moins de buts. Tout ce que je souhaite, c’est une équipe plus efficace dans sa zone. Je veux qu’on réduise les chances de marquer de l’enclave, là où les gardiens n’ont pas beaucoup de chance de faire l’arrêt», a conclu le directeur général.

Plusieurs observateurs ont déjà avancé à plusieurs reprises le nom de Martin Raymond, ex-pilote des Voltigeurs de Drummondville, comme successeur à Richardson. L’homme de hockey mise sur une vaste expérience, notamment lors d’un séjour de quelques saisons dans la Ligue nationale de hockey avec le Lightning de Tampa Bay. Raymond est dans le giron de Hockey Canada depuis plusieurs années.