Manon Toupin, «de l’autre côté du cahier» pour ses 25 ans au journal

Toutes les salles de rédaction, plus encore tous les bureaux, devraient avoir une Manon Toupin dans leur équipe. Son 25e anniversaire de journalisme constitue l’occasion idéale de lui manifester le plaisir de travailler en sa compagnie.

Tous ses collègues de la salle de rédaction, du plus jeune à la doyenne en passant par l’effervescent reporter et le chef de nouvelles, s’entendent pour dire que son sens de l’humour contribue à égayer leur quotidien.

Les nouvelles recrues, Matthew (Vachon) et Charles-Antoine (Gagnon), affirment que cet art qu’elle manie si bien a d’ailleurs contribué à leur intégration.

«Grâce à son humour et son côté maternel, ce qui meuble aussi son quotidien avec ses enfants, elle a grandement contribué à mon intégration au sein de la petite troupe de journalistes de la Nouvelle Union, me faisant sentir comme un collègue de longue date dès mon premier jour dans mes nouvelles fonctions», affirme Matthew.

Charles-Antoine n’en pense pas moins lui qui, s’adressant à Manon, soutient que «ta touche d’humour venant pimenter certaines de nos conversations entre collègues m’a rendu à l’aise. Merci de nous partager ta joie de vivre».

Toujours dans le feu de l’action, Claude (Thibodeau) a tout de même le temps de reconnaître en Manon l’agréable collègue de travail qu’elle est, toujours prête à rendre service et comique entre autres par sa démarche «ô combien bruyante» dans la salle de rédaction.

Ghislain (Chauvette), chef de nouvelles, a bien besoin de l’«humeur égale» de Manon, lui qui, sans couvrir les feux sur le terrain, doit pourtant en éteindre quotidiennement rivé à son clavier.

Quant à la doyenne Hélène dont l’«aura» paraît perturber tout ce qui s’appelle opération informatique sait toujours qu’elle peut compter sur Manon. Pour cela, pour de la traduction et pour lui insuffler un peu plus de zénitude.

On n’oublie pas notre ancien collègue Benoît (Plamondon) celui qui, de l’autre côté de la rue, a parlementé avec elle une bonne dizaine d’années. «C’est un réel plaisir pour moi de pouvoir m’informer, chaque semaine, grâce à la plume de journalistes expérimentés comme Manon. Dans le monde de la presse écrite, la longévité enrichit l’histoire. Elle permet de contextualiser davantage l’actualité. Vingt-cinq ans de carrière dans ce domaine qui s’est transformé et se transforme encore est un haut fait. C’est également un privilège pour tous les lecteurs de la région», écrit-il.

Une vie de journal

Ainsi, le 7 décembre 1992, Manon Toupin faisait son entrée au journal La Nouvelle. C’était avant la fusion avec L’Union (en 1994), ce qui lui fait s’exclamer qu’elle est une «pure Nouvelle».

Dans la salle de conférence de ce qui est devenu La Nouvelle Union où se déroule l’entretien, Manon se sent soudainement mal à l’aise. Première fois qu’elle est l’interviewée, de l’autre côté du cahier, comme elle dit. Elle partage les sentiments que peuvent éprouver ceux qu’elle interroge.

Elle se souvient de son entrée au journal, alors recrutée par le rédacteur en chef Richard Lacoursière. Elle sortait tout juste de l’Université Laval à Québec, bardée d’un baccalauréat en communications et d’un certificat en droit. «Avec le droit, je voulais sauver le monde!»; elle y a renoncé.

Elle ne devait travailler à La Nouvelle que pour trois mois, le temps de remplacer une journaliste en congé.

Vingt-cinq ans plus tard, elle se souvient de sa première sortie pour une conférence de presse annonçant la nouvelle présidence de la Société agricole des Bois-Francs où, peut-être par timidité, elle avait pris sa photo de loin… de si loin!

La plus jeune des trois enfants de Claire Maheu et d’Élie Toupin est originaire de Chibougamau, y ayant passé ses 17 premières années. Ses parents avaient quitté la région des Bois-Francs pour vivre autre chose, travailler dans les mines, notamment. Le couple a fini par acheter l’hebdomadaire La Sentinelle qu’il a exploité pendant une bonne vingtaine d’années avant de revenir s’installer dans leur coin de pays, en 1992 justement.

«Le journal, les nouvelles, ont toujours fait partie de ma vie», dit Manon qui a ainsi baigné toute jeune dans cet univers, touchant à la photocomposition, l’encartage, le secrétariat, un peu de rédaction.

À La Nouvelle, d’abord assignée aux actualités – couvrant les municipalités autres que Victoriaville – elle a hérité la rubrique culturelle après le départ du journaliste Alain Bergeron il y a une dizaine d’années.

Elle adore le culturel qui lui procure plus de satisfaction qu’au temps où elle couvrait les actualités. «Lorsqu’on visite une exposition, il n’y a pas de confrontation! Le monde culturel est sympathique, la région est bourrée de talents. Les artistes, ce sont des gens courageux et authentiques.»

Manon dit trouver son plaisir dans chaque sujet qu’elle traite, ayant une préférence pour les entrevues en tête-à-tête. «Je suis prête à continuer – «si les gens veulent», précise-t-elle – parce que j’aime le monde, le contact avec le monde.» Les visites d’exposition en compagnie du directeur conservateur du Musée Laurier, Richard Pedneault vont lui manquer, lui qu’elle a d’ailleurs rencontré cette semaine à l’occasion de son imminente retraite.

En vingt-cinq ans, elle mesure l’évolution de La Nouvelle Union.

«On est de plus en plus une référence, une sorte de bouée dans la mer d’opinions et d’informations. Certains dérivent, nous, on garde le cap. Il faut qu’on reste important dans le paysage régional. Je pense qu’on détient une position enviable comme média, tant pour le Net que pour le papier. J’ai un grand penchant pour le papier. D’ailleurs, il s’en trouve beaucoup pour penser que n’est pas vrai ce qui ne se trouve pas dans le journal papier!» Si le journal garde le cap, c’est entre autres, dit-elle, parce que le chef de nouvelles Ghislain (Chauvette) s’avère un fidèle pilote, un guide. «Il est un bon leader sans en avoir l’air!»

Mariée à son cher Guy, mère d’Amélie et d’Étienne – deux enfants qui ont l’âge de nos recrues au journal, observe-t-elle –, maîtresse d’une Gazoue qui mange mou, Manon se dit heureuse. Elle est du genre «compartimentée». Elle aime toutes ses vies. Et elle en a plusieurs. Sa vie de journaliste. Sa vie de globe trotteuse. Sa vie de famille. Sa vie d’éternelle étudiante. Des cours, elle en a suivi un et un autre, psychologie, yoga, peinture, tai-chi, etc.

Il lui importe de rester elle-même quel que soit le lieu où elle se trouve.

Elle a du mal à croire qu’elle travaille à La Nouvelle… Union depuis 25 ans. «Ça passe de même!, illustre-t-elle avec un geste de la main. Tu travailles, t’as des enfants et pouf!, les enfants s’en vont!»

Nous lui souhaitons encore de belles années au journal… et surtout de rester elle-même!