Les organismes communautaires prêts à faire la grève

VICTORIAVILLE. Le coordonnateur du TROC-CQM (Table régionale des organismes communautaires Centre-du-Québec/Mauricie), Renaud Beaudry, était à Victoriaville mercredi afin d’annoncer le lancement d’une campagne de mobilisation et de moyens de pression des groupes communautaires pouvant même aller, et c’est une première, jusqu’à la grêve.

Les organismes communautaires exigent du gouvernement libéral, une augmentation du financement. «Pour 2014-2015, le ministère de la Santé et des Services sociaux a versé la plus faible indexation au Programme de soutien aux organismes communautaires en 18 ans, soit 0,9%. Avec le dernier budget, aucune indexation de financement n’a été clairement annoncée. Pire, le budget destiné à ce ministère est réduit», a indiqué M. Beaudry devant les journalistes et plusieurs représentants d’organismes.

Et pour bien faire passer leur message, les trois personnes qui ont pris la parole (Renaud Beaudry, Isabelle Voyer de la Sécurité alimentaire et Valérye Bédard d’ORAPÉ) avaient revêtu des sarraus blancs, comme les professionnels de la santé parce que, comme le dit leur slogan : Le communautaire : l’autre système de santé et de services sociaux. «De plus en plus la médecine prend toute la place, comme si la pauvreté n’existait plus», ont-ils souligné. Ils ont donc décidé de se déguiser en médecins, se disant les «médecins du social».

«Le système public de santé est responsable de rendre accessibles les traitements et les soins aux personnes. Les organismes communautaires luttent contre l’exclusion sociale, travaillent pour la prévention et accompagnent des milliers de personnes démunies et vulnérables», a souligné M. Beaudry. De plus, avec les compressions dans le réseau de la santé, les groupes communautaires se voient de plus en plus de gens référés, ajoute le coordonnateur de la TROC-CQM.

«Nous étions contents d’avoir eu une entente avec le précédent gouvernement, qui nous permettait de respirer un peu», a indiqué Isabelle Voyer. Toutefois, cet engagement a été annulé par le gouvernement de Philippe Couillard. «On va se battre et expliquer pourquoi c’est si important d’augmenter le financement des organisations communautaires», a-t-elle ajouté.

Pour Valérye Bédard d’ORAPÉ, il est clair qu’un meilleur financement permettrait de consolider les services et même les développer. «Nous n’aurons pas à prendre des décisions qui reposent entièrement sur un financement insuffisant.»

Mobilisation

La TROC -CQM a donc présenté un plan de mobilisation pour exiger le rehaussement du financement. Près de 1200 membres de conseils d’administration d’organismes communautaires ont été consultés et 70% des organismes ont donné un mandat de mobilisation pouvant aller jusqu’à la grève. Pour le moment, on parle d’un très grand nombre d’actions qui visent les élus, dont la tenue de 13 manifestations. La première aura lieu le 13 mai à Trois-Rivières. Il y aura aussi des actions de visibilité, l’utilisation des réseaux sociaux et la présentation de témoignages.

«Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on en arrive à ce moyen de pression, mais on ne peut plus accepter d’en faire plus avec les moyens actuels», note encore M. Beaudry.

Plusieurs représentants de groupes communautaires présents n’ont pas manqué d’insister sur le fait que pour en venir à parler de grève (une première dans ce réseau), c’est qu’ils ne sont plus capables de répondre à la demande avec les moyens actuels.

«Si le gouvernement comprend l’urgence d’accroître le financement à la mission, la TROC-CQM sera prête à travailler sur une entente de financement. Nous voulons une entente provinciale entre les représentants du mouvement communautaire et les ministres de la Santé et des Services sociaux. Une entente sur le travail des organismes à répondre aux besoins, une entente dans laquelle le mouvement communautaire prend des engagements au bénéfice de la population, une entente dans laquelle le gouvernement investit pour consolider les équipes de travail, supporter nos efforts pour mobiliser les communautés, le bénévolat, la militance», a terminé Renaud Beaudry.