Pas toujours facile la vie de cycliste

COHABITATION. Cycliste depuis une dizaine d’années, Olivier Laverdière roule de 4000 à 5000 km par année en moyenne, principalement en Estrie, débordant parfois dans les Bois-Francs, comme ce jour-là où son groupe de trois cyclistes a été pris pour cible, à deux occasions, par un tireur muni d’un fusil à plombs.

Les incidents se sont produits en une vingtaine de minutes d’intervalle, le premier étant survenu sur le rang 4 avant l’arrivée des cyclistes à Sainte-Élizabeth-de-Warwick. «La première fois, on a aperçu la camionnette sans voir le fusil. L’un des cyclistes a été atteint au pied. Il croyait, au départ, avoir reçu une roche», raconte Olivier Laverdière au cours d’un entretien téléphonique avec le www.lanouvelle.net.

Le deuxième incident est survenu alors que le trio entrait à Kingsey Falls. Olivier Laverdière a bien vu, cette fois, le fusil. «C’était le même véhicule. L’autre cycliste avec nous a reçu le projectile en haut de la cuisse», relate-t-il.

Rapidement, l’un d’eux a contacté la Sûreté du Québec pour porter plainte officiellement. Les deux cyclistes visés ont été rencontrés par les policiers.

Une mésaventure du genre constitue une première pour Olivier Laverdière, professeur agrégé au département de psychologie de l’Université de Sherbrooke, qui espère que l’enquête policière aboutisse à l’arrestation du suspect. «Il faut en faire un exemple. Ce ne serait pas une bonne idée que des gestes semblables se multiplient», souligne-t-il.

Par ailleurs, chaque année, surviennent des incidents déplorables. «Chaque été, certains automobilistes nous crient des choses, nous insultent, nous klaxonnent. On se fait parfois tasser dans le gravier», dénonce-t-il.

Beaucoup d’usagers, cependant, se montrent très respectueux, font les efforts nécessaires pour changer de voie à l’approche des cyclistes. «Reste que certains autres demeurent hostiles envers nous avec des comportements extrêmement dangereux pour des cyclistes roulant en peloton compact à grande vitesse», fait valoir M. Laverdière.

Quant aux campagnes de sensibilisation et aux récentes mesures adoptées, il considère qu’effectivement, elles peuvent aider. «Mais il serait important, juge-t-il, que les comportements délinquants soient sanctionnés très sévèrement.»

Cyclo Bois-Francs

Le Club Cyclo Bois-Francs préfère ne pas commenter les incidents vécus par les cyclistes estriens de passage dans la région.

Par contre, la présidente Line Dickner n’hésite pas à aborder la question de la cohabitation entre les véhicules et les vélos.

«Depuis la nouvelle règlementation, on remarque une certaine coopération des automobilistes. Il n’y a pas que la distance de 1,5 m à respecter, mais aussi le fait que deux véhicules, en se croisant, doivent ralentir en présence de cyclistes», souligne-t-elle.

Mme Dickner note aussi que la présence d’un clignotant rouge à l’arrière des vélos, un conseil prodigué par la Fédération québécoise des sports cyclistes, contribue à attirer l’œil des conducteurs.

S’il y a une amélioration notable en matière de cohabitation, tout n’est cependant pas parfait. Il reste du chemin à faire. «Mais on croit qu’avec le temps, les mesures porteront fruit. Il faut un certain temps pour changer des mentalités», indique la présidente de Cyclo Bois-Francs, précisant que les Québécois sont les moins respectueux au pays envers les cyclistes et les piétons.