Vanessa Riopel : une baseballeuse dans un monde d’hommes!

VICTORIAVILLE. Sur un terrain de baseball, Vanessa Riopel a toujours évolué dans un monde d’hommes. Les projecteurs et les regards braqués sur sa couette blonde sous sa casquette, le stress pourrait bien la faire craquer, mais au contraire, il est plutôt son allié.

Depuis l’âge de 9 ans, alors que son frère ainé Maxime la traînait avec lui dans les losanges de son Repentigny d’origine, elle n’a plus jamais quitté ce sport qu’elle adore plus que tout au monde. En fait, sa passion est si grande qu’en mettant les bouchées doubles, elle s’est taillée, huit ans plus tard, une place sur Équipe Canada, qu’elle détient toujours.

Mieux encore, sa domination au monticule avec l’unifolié fait d’elle la lanceuse de confiance du pilote Sean O’Brien, qui n’hésite pas à l’envoyer dans la mêlée lors de moments cruciaux.

«Mon rôle dans l’équipe est de terminer les matchs serrés en début de Coupe du monde, ainsi que d’amorcer ceux contre les puissances du globe, comme le Japon», a-t-elle expliqué.

Parlant de Coupe du monde, elle sera disputée en sol japonais du 1er au 7 septembre, à Miyazaki. Le Canada se frottera dans le groupe A aux États-Unis, à la Chine et aux Pays-Bas.

Désirant se réapproprier le même niveau de stress que lorsqu’elle se retrouve sur la butte devant une foule de 25 000 personnes, Riopel a décidé de se joindre au Laurier/Pub O’Connell de Victoriaville junior AA afin de bien se préparer en vue de cette compétition internationale d’envergure.

Étant la seule fille à jouer à ce niveau au Québec, la pression de bien performer est présente chaque fois qu’elle foule le terrain. Si pour certaines le défi est insurmontable, c’est exactement ce qu’elle recherchait.

«C’est sûr que je ne passe pas incognito. Tout le monde me regarde, et ce, même si je ne suis pas en possession de la balle. Si je commets une erreur, je le sais deux fois plus que les gars, mais ce stress, je m’en sers comme motivation. Quand je ne suis pas stressée, je ne suis pas au sommet de mon art. Je carbure littéralement à la pression», a-t-elle raconté.

Évoluant au deuxième but sous les ordres de David Tourigny lorsqu’elle n’est pas au monticule, elle confie que jusqu’à maintenant, sa préparation physique va bon train; le calibre est à un niveau qu’elle souhaitait.

«Le circuit est fort. Les gars sont plus rapides et plus forts physiquement que moi, mais ça me crée un stress similaire à celui que je ressens en Coupe du monde et c’est ce que je convoitais», a-t-elle laissé entendre.

D’ailleurs, elle n’a rien à redire sur son accueil dans les Bois-Francs. Ayant toujours gravité dans cet univers, elle s’est rapidement adaptée à sa nouvelle formation et ses coéquipiers sont devenus ses frères et l’ont adoptée dès son arrivée.

«Ils me respectent et je les laisse entre eux. Sur le terrain, il arrive parfois que mes adversaires me lancent des railleries et ils sont toujours prêts à me défendre. Pour ma part, ce genre de geste ne m’a jamais dérangé», a fait savoir l’athlète de 24 ans.

Cependant, Vanessa Riopel devra quitter ses frères d’adoption tout juste avant les séries éliminatoires, puisqu’elle s’envolera vers Surrey en Colombie-Britannique pour les sélections canadiennes, qui auront lieu du 14 au 18 août. Ce sera pour elle une troisième Coupe du monde au Japon.

Par la suite, celle qui désire poursuivre l’aventure au sein d’Équipe Canada pour encore deux autres années visera les Championnats panaméricains, qui se tiendront l’an prochain à Toronto. Elle accrochera son maillot rouge et blanc après sa quatrième présence en Coupe du monde, qui aura lieu en 2016.

Une expérience unique à Melbourne

Les performances de Vanessa Riopel à l’échelle mondiale ne sont pas passées inaperçues. Plusieurs recruteurs l’ont approché pour acquérir ses services, notamment au Japon, seul pays sur le globe à avoir une ligue professionnelle de baseball féminine. «J’étais en quelque sorte un cobaye, car j’allais être la première fille à faire l’essai l’an dernier, mais j’ai refusé l’offre. Je n’avais pas assez de détails sur les modalités de mon séjour pour prendre une décision éclairée à ce moment», a-t-elle confié. Néanmoins, elle a tout de même vécu une expérience similaire en 2009, alors qu’elle a rejoint les Bulldogs de Footscray à Melbourne durant l’hiver. Malgré l’intense choc culturel qu’elle a subi, elle a révélé que ce périple a été formidable et qu’elle en est ressortie grandie.