Plus qu’une simple voix…

Ils font partie du spectacle, mais ils se retrouvent généralement dans l’ombre. Pourtant, les annonceurs maisons ont un rôle capital lors des matchs.

Alain Danault a été la première voix des Tigres de Victoriaville lorsque les Chevaliers de Longueuil ont pris le chemin des Bois-Francs. Durant 669 matchs, il était l’annonceur maison des Félins en plus d’être l’animateur de foule. «Le rôle de l’annonceur maison est souvent sous-estimé, mais je suis convaincu qu’on a un impact. On amène la foule vers un certain crescendo lorsqu’on met l’accent sur le nom de celui qui a inscrit le but», a-t-il commenté.

Celui qui occupe cet emploi cette saison avec les Tigres, Sébastian Beaulieu, abonde dans le même sens. «Si on n’était pas là pour annoncer les buts, ils seraient moins célébrés et il y aurait moins d’ambiance lors des parties», a-t-il soutenu.

«Il suffit de penser à Michel Lacroix au Centre Bell», a comparé celui qui comble ce poste pour le V. Boutin junior AA de Plessisville, Frédéric Bédard. Alain Danault croit également que si l’annonceur maison ne fait pas bien son travail ou qu’il a une voix agaçante, le public peut carrément cesser d’assister aux événements sportifs. «Il faut que ce soit agréable pour les partisans, sinon ça peut rapidement devenir très agressant pour eux. Ils peuvent même décider de ne plus revenir.»

Sans oublier qu’ils sont le lien entre ce qui se passe sur le jeu et les spectateurs. «Lorsque le public ne sait pas qui a marqué le but ou a écopé d’une pénalité, c’est à nous de lui dire», a expliqué M. Beaulieu en mentionnant que les journalistes aussi attendaient parfois qu’il prenne la parole pour qu’ils puissent alimenter leur compte Twitter.

Plus de chances de se tromper

Les annonceurs maisons prennent le micro souvent durant un match. Très souvent. Ils doivent signaler, entre autres, les règlements de l’aréna avant les parties, les joueurs qui forment l’alignement partant et ceux qui sont laissés de côté, les temps d’arrêt, les tirs au but, les dernières minutes de jeu, les publicités et, bien sûr, les buts et les pénalités.

«S’ils se fondent dans le décor, c’est parce qu’ils sont bons», de dire M. Danault. Alors que son premier match à ce poste était il n’y a pas si longtemps, Sébastian Beaulieu se souvient d’avoir oublié d’annoncer l’une des dernières minutes de jeu lors d’une des trois périodes. Sans oublier que la prononciation du nom de certains patineurs était ardue.

«Des fois tu lis le nom d’un joueur et tu fais le saut», lance-t-il avec le sourire.  Pour éviter de mal les prononcer, il s’informe auprès des journalistes des équipes adverses. Alain Danault, lui, s’adressait à l’entraîneur, à son adjoint ou à un autre membre du personnel de l’équipe adverse. «C’est une question de respect envers les joueurs [de bien savoir prononcer leur nom]», précise-t-il. Si ce n’est pas une erreur de prononciation ou un oubli, il se peut que ce soit l’organisation des Tigres qui n’apprécie pas le travail de l’annonceur maison.

Lors du match inaugural de la saison 2016-2017, Sébastian Beaulieu se souvient d’avoir démontré un peu trop d’enthousiasme au micro après le premier filet des Remparts de Québec et la direction lui avait mentionné qu’il devait annoncer les buts de l’équipe adverse de façon plus sobre. «Ça fait partie des règles non écrites», laisse-t-il savoir.

Frédéric Bédard, la voix du V. Boutin, reconnaît pour sa part que ça lui arrive encore de faire des erreurs. «Ça m’arrive encore lorsque je ne suis pas attentif. Ce n’est pas dramatique, mais c’est important d’avoir une routine et de ne pas en déroger.»

Un peu de tout

Que faut-il pour être un bon annonceur maison? Les trois hommes ont répondu unanimement qu’il fallait avoir une belle voix et bien connaître la game. «Il faut suivre le match et savoir quand faire embarquer la foule au bon moment, a fait savoir M. Danault. Quant à la voix, c’est important d’en avoir une belle. Si l’annonceur maison parle du nez, ce n’est pas intéressant.» «Selon moi, la plus belle qualité est de posséder une voix claire au micro pour se faire entendre», a corroboré l’annonceur maison du V. Boutin.

Comment devenir la voix des Tigres?

Durant l’entrevue téléphonique, Alain Danault a mentionné que sa source d’inspiration était le regretté Claude Mouton, qui a été l’annonceur maison des Canadiens de Montréal au Forum pendant près de 20 ans.

Pour Sébastian Beaulieu, son idole était… Alain Danault. Il se souvient qu’étant plus jeune, il souhaitait un jour être à sa place.

Lorsqu’il a vu qu’en début de saison l’organisation était à la recherche d’une nouvelle personne pour combler ce poste, il n’a pas hésité une seconde et il a postulé. «Mes années comme animateur, celles avec l’organisation (responsable de la musique), ma voix et le fait que je suis un petit gars du coin ont peut-être joué en ma faveur», dit-il candidement.

Pour ce qui est d’Alain Danault, il était déjà l’annonceur maison pour les matchs des Vulkins. Lorsque les Chevaliers de Longueuil étaient sur le point de déménager à Victoriaville, il se souvient avoir contacté le gérant du Colisée des Bois-Francs, Claude Ouellet, pour lui faire part de ses intentions d’être la première voix officielle de l’organisation des Tigres. Il l’a même sollicité pendant qu’il était en vacances.

«Je pense que le poste d’annonceur maison était un peu le dernier des soucis des Chevaliers de Longueuil, dit-il en riant. J’ai tellement été persévérant qu’il a fini par me dire de ne pas m’en faire et que j’avais le poste.»