Le choc passé, Johnny Izzi regarde devant
HOCKEY. Éric Veilleux est officiellement entré en fonction avec les Tigres le 1er juin dernier. À peine un mois plus tard, le Victoriavillois a annoncé, à la surprise générale, qu’il quittait l’équipe au profit du Rampage de San Antonio, club-école de l’Avalanche du Colorado dans la Ligue américaine de hockey. Ce fut sans contredit le plus court règne de l’histoire de l’organisation.
La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans l’univers du hockey junior québécois, généralement en dormance durant le mois de juillet. L’acquisition de Veilleux avait été vue comme un coup fumant de l’organisation par les partisans. Elle avait ranimé l’espoir, altéré considérablement au cours des deux dernières années après que l’équipe ait traversé de nombreuses tempêtes.
Il y a d’abord eu le départ du directeur général Jérôme Mésonéro en 2014, lui qui est devenu recruteur de l’Avalanche. Pour lui succéder, on a réembauché l’entraîneur-chef Yanick Jean. Celui-ci a ensuite déserté l’équipe pour les Saguenéens de Chicoutimi. L’entraîneur des gardiens de but Daniel Fréchette a pris sa place. Ce dernier, à l’issue de la dernière campagne, a congédié l’entraîneur-chef Bruce Richardson. Fréchette, quelques semaines plus tard, démissionnait pour des raisons de santé.
Éric Veilleux a alors accepté les doubles fonctions. Présenté aux médias le 16 mai, il n’aura fait que passer. Son règne n’aura duré que quelques semaines, une première dans l’histoire de l’organisation.
Cette annonce inattendue a créé une véritable commotion au sein de l’organisation. Le président Johnny Izzi était en vacances lorsque Veilleux l’a contacté. «J’ai essayé de prendre ce qui s’apparente à des vacances. J’ai raté mon coup», a-t-il lancé au bout du fil.
Le président pesait visiblement ses mots, parce qu’en matinée, il fulminait littéralement. Ça ne l’a pas empêché de tenir une téléconférence avec les membres du personnel et quelques joueurs pour annoncer la nouvelle.
Quelques heures plus tard, la tension s’est relâchée d’un cran. Plus posé, il s’est adressé aux médias locaux pour partager ses états d’âme.
M. Izzi n’a pas caché qu’il n’a pas apprécié être pris de court par son directeur général et entraîneur-chef. «On se parlait chaque jour. Je n’ai jamais su, cependant, qu’il était en lice pour un poste dans la Ligue américaine», a-t-il dit.
Il l’a plutôt su quelques minutes seulement avant que les médias sociaux dévoilent la grande affaire. «Quand Mikaël Lalancette (de TVA Sports) m’a appelé pour me parler de cette histoire, j’ai vite constaté qu’il en savait déjà un peu trop. Je m’explique mal pourquoi le délai a été si court pour réagir. J’ai eu des choses à valider. J’aurais aimé pouvoir l’annoncer d’abord aux joueurs, membres du personnel et aux médias qui couvrent l’équipe», s’est-il désolé.
Le président souligne que même le nouveau préposé à l’équipement, Patrick Léonard, ne semblait pas être au fait de la situation avant la téléconférence des Tigres. «De ce que j’ai compris, il l’a appris en même temps que les autres. Il a quitté son ancien job pour rejoindre Éric avec les Tigres. Il ne devait pas être emballé par la nouvelle. En fait, tout le monde est tombé sur le derrière ce matin (mercredi)», a-t-il ajouté.
Johnny Izzi, malgré cette tuile qui est tombée sur sa tête, ne baisse pas les bras. Il est convaincu qu’il saura combler ce poste relativement rapidement. «Il y a encore de bons candidats disponibles. Reste maintenant à savoir si nous opterons pour une formule à un ou deux hommes de hockey», a-t-il enchaîné.
Il entreprendra les démarches pour trouver un digne successeur à Veilleux au cours des prochains jours. Le président dit n’avoir aucun regret, malgré tout. «Parce qu’Éric était l’un des meilleurs candidats disponibles. Il était un choix logique, et ce, même si certains pourraient dire qu’on n’aurait pas dû embaucher Éric», a-t-il poursuivi.
Même si son mandat de président s’avère le plus houleux de l’histoire de l’organisation, Johnny Izzi demeure droit comme un chêne. Il n’envisage pas délaisser ses fonctions, même si elles sont prenantes en dépit du fait qu’elles soient bénévoles. «Comme dans le milieu des affaires, il y a parfois des embuches. C’est parfois plus difficile. C’est ça, la vraie vie. Certains ont vécu pire épreuve. Je me suis investi dans ce mandat et je vais le poursuivre. Non, ce n’est pas une présidence de rêve, mais je ne pense pas que l’organisation soit dans un mauvais karma», a-t-il poursuivi.
Johnny Izzi ne fixe pas d’échéancier pour dénicher un nouveau candidat. Ce sera le cinquième directeur général depuis qu’il a accepté la présidence il y a plus de deux ans. «Une chose est sûre, on aura un entraîneur pour le début de la saison», a-t-il conclu.