La PTL : le rêve «inaccessible» de Jocelyn Corbeil réalisé

VICTORIAVILLE. Le défi était imposant, mais stimulant; 307 kilomètres, 27 000 mètres de dénivelé positif et aucun repère… la Petite Trotte à Léon, communément appelée PTL, n’a rien d’une balade dans le parc.

Habitué à l’environnement du Mont Blanc pour avoir complété, en 2010 et en 2013, l’Ultra-Trail qui porte son nom et qui se compose de 168 kilomètres et de 9600 mètres de dénivelé positif, Jocelyn Corbeil est récemment revenu dans la région avec une cloche à vache à l’effigie de la PTL, signe de son triomphe dans les Alpes françaises.

Pour participer à cette épreuve qui a de quoi faire peur sur papier, les coureurs doivent obligatoirement se trouver un partenaire pour l’aventure, en raison des dangers qu’elle peut engendrer. Le Victoriavillois a trouvé le sien alors qu’il allait prendre le départ de l’UTMB l’an dernier.

«J’étais assis dans le premier tiers du peloton et en regardant autour de moi, j’ai aperçu un Français. En discutant avec lui, c’était comme si je le connaissais depuis des années alors qu’il était un parfait inconnu», s’est-il exclamé au sujet de son coéquipier Vincent Gautier.

En s’échangeant leur numéro de dossard avant la course, il s’était promis de vérifier le chrono de son nouvel ami à son retour en sol québécois. Il s’est rendu compte qu’il avait terminé à une heure de son temps, ce qui en faisait un candidat potentiel.

Après quelques échanges via les réseaux sociaux, Jocelyn Corbeil a lancé en novembre un appel à savoir si une personne désirait vivre l’aventure de la PTL, invitation qu’a acceptée d’emblée son compatriote français. Ce dernier est venu le rejoindre au Québec et ils ont participé au New York Endurance Challenge à Bear Mountain, au mois de mai.

Trois mois plus tard, c’était à Chamonix, en France, sous le nom des Crazy Trailer Quechua, que les deux hommes se sont retrouvés pour affronter l’une des courses les plus éprouvantes physiquement et mentalement. Seulement 100 équipes étaient admissibles et la moitié d’entre elles ont terminé le trajet. Jocelyn Corbeil et Vincent Gautier ont bouclé le parcours en un peu plus de 136 heures, se classant 20es.

Au-delà des performances, deux raisons ont permis au dentiste de profession de passer à travers les obstacles que la PTL impose. La première source d’inspiration aura été sa conjointe et ses deux enfants.

«J’ai réalisé un rêve que je croyais inaccessible pas seulement grâce à quelqu’un comme Vincent, mais surtout en raison du soutien de ma famille. Je voulais lui montrer que le corps humain peut surmonter bien des choses, il suffit de de toujours croire en soi et de ne jamais se décourager», a-t-il laissé entendre.

Dans les moments difficiles, où il faut gérer les conditions climatiques, trouver ses repères et garder son sang-froid, il faut également se fixer un but pour passer à travers les impondérables. Si Vincent Gautier a trouvé sa source d’inspiration en son père, gravement atteint d’un cancer et pour qui il amassait des fonds pour la recherche, Jocelyn Corbeil a plutôt opté pour la fondation Les amis d’Eliott.

Emboîtant le pas pour la cause, plusieurs membres de son entourage et quelques commanditaires ont lancé un défi monétaire au Victoriavillois; plus il progresserait dans la course, plus il lui remettrait de l’argent qu’il redistribuera dans son entièreté à l’organisme. Certains ont même poussé l’audace jusqu’à doubler la mise s’il parvenait à franchir le fil d’arrivée.

«En m’associant avec Les amis d’Eliott, j’avais au moins un but, tout comme Vincent, a confié celui qui aura amassé 3000 $ pour la fondation. On s’est blessé durant notre périple, mais notre force mentale, grâce à notre cause, nous a permis d’avancer.»

Exténué, mais entièrement satisfait de son aventure, Jocelyn Corbeil prendra plusieurs jours de repos afin de se rétablir. Si l’expérience l’a mis à rude épreuve, il sait plus que jamais qu’avec de la persévérance, rien n’est impossible.