La patience est de mise avec les jeunes Russes

HOCKEY. Comme des dizaines d’autres jeunes hockeyeurs, Ivan Kosorenkov et Vlad Utkin se sont déracinés afin de poursuivre leur rêve, celui d’atteindre, peut-être un jour, la Ligue nationale de hockey. Ce geste leur a commandé un certain courage. À 18 et 17 ans respectivement, c’est la première fois de leur vie qu’ils passeront une aussi longue période en dehors du nid familial.

C’est aussi la première fois qu’ils vivront un violent choc culturel, particulièrement celui de la langue. Utkin ne parle que le russe. Kosorenkov comprend un peu l’anglais, mais encore approximativement. Il fallait voir la responsable des pensions des Tigres, Danie Cantin, gesticuler quelques consignes à l’attaquant pour lui faire comprendre qu’il serait reconduit à sa pension dans peu de temps.

Les deux Russes, depuis leur arrivée dans les Bois-Francs le week-end dernier, ont été traités aux petits oignons par les Tigres. Il reste qu’il faudra du temps avant que les deux joueurs s’acclimatent à leur nouvel environnement.

Le hockey est certes un langage universel, mais les directives des entraîneurs sont souvent difficiles à comprendre. Pas toujours facile de saisir rapidement un simple exercice.

Utkin et Kosorenkov ont la chance d’être de la même nationalité. Ils traverseront ensemble cette épreuve et s’épauleront au cours des prochaines semaines. Le nouvel entraîneur des gardiens des Tigres, Sébastien Charpentier, a aussi réservé une surprise, mercredi, lors de l’accueil des joueurs. Il baragouine le russe. Il n’a pas hésité à ressortir de vieilles notions russophones pour que Kosorenkov et Utkin se sentent un peu plus comme chez eux. Charpentier a confié en avoir perdu avec le temps. Son russe s’était rouillé avec les années. Quoi qu’il en soit, il était néanmoins le plus habilité, et de loin, pour parler avec les deux nouveaux patineurs des Tigres.

«J’ai appris un peu de russe il y a plusieurs années. J’étais le seul nord-américain d’une équipe d’expansion russe à l’époque. Toute l’équipe, y compris le personnel, ne parlait que le russe», se rappelle-t-il. Cette saison-là, un interprète suivait Charpentier partout où il allait. «Il était mon chauffeur et m’accompagnait partout où j’allais», s’est-il rappelé.

Au-delà de la langue, les deux Russes des Tigres devront s’acclimater au mode de vie occidental. Ils apprivoiseront certainement rapidement la poutine et le pâté chinois, les spécialités russes comme le pirojki, le borchtch ou le goloubtsy étant difficiles à trouver au Québec.

Sur le plan familial, Utkin et Kosorenkov devront également composer avec la distance. Le père du défenseur de 17 ans, Yuri, s’est d’ailleurs créé un compte Twitter exclusivement pour pouvoir suivre les exploits de son fils avec les Tigres. Pas l’entremise d’un programme de traduction, il suit les faits et geste de son enfant, de la Russie.

Au www.lanouvelle.net, le paternel n’a pas caché que lui et sa femme étaient quelque peu inquiets pour Vlad, notamment en raison de la barrière de langue. Il a cependant été rapidement rassuré, a-t-il partagé, leur fils leur ayant dit que tout se passait bien et qu’il avait été bien accueilli.

L’entraîneur-chef des Tigres, Louis Robitaille, a fait savoir qu’il sera patient avec ses deux nouveaux joueurs russes. La période d’adaptation est incontournable. Robitaille dit d’ailleurs être outillé pour les aider, ayant déjà vécu pareille situation il y a quelques années avec Sergei Boikov, du côté des Voltigeurs de Drummondville. Boikov a disputé trois saisons dans la LHJMQ. Réclamé en sixième ronde par l’Avalanche du Colorado, il a amorcé sa carrière professionnelle en séries l’an dernier.