La LHJMQ à 16 ans? Frédéric Lavoie prône la prudence

Le développement d’un jeune joueur de hockey est un art. Accélérer la croissance naturelle d’un athlète, le mandat premier des entraîneurs, est une science très inexacte.

Le pilote des Estacades de Trois-Rivières dans la Ligue de hockey midget AAA du Québec, Frédéric Lavoie, en sait quelque chose. Au cours des cinq dernières années, il a vu passer bon nombre d’espoirs prometteurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Certains ont répondu aux attentes fondées en eux, d’autres n’y sont pas parvenus et quelques-uns les ont excédées.

Les recruteurs projettent, parient et usent de leur instinct pour dénicher la perle rare, mais le développement d’un hockeyeur n’offre aucune garantie.

S’il n’en tenait qu’à Lavoie, cependant, à peu près tous les patineurs de 16 ans évolueraient au sein du réseau midget AAA avant de faire le saut dans la LHJMQ à 17 ans. «Il ne devrait y avoir que cinq hockeyeurs de 16 ans dans la LHJMQ chaque année environ. Il ne faut pas aller trop vite. Les autres gagnent à revenir au niveau midget AAA pour camper un rôle important. Connaître une bonne saison et amasser des points, ce n’est jamais perdu», dit-il.

Il voit donc d’un bon œil le retour du Warwickois Cédric Desruisseaux avec les Estacades. Le choix de premier tour des Tigres a été retranché lors du camp d’entraînement afin de lui permettre de poursuivre son développement sous les ordres de Lavoie.

«Je suis convaincu que ce sera bénéfique pour lui. Il aura du temps de glace de qualité. Les gens ont tendance à croire trop rapidement qu’un patineur perd son temps au niveau midget AAA», a-t-il lancé.

Selon Lavoie, tous les patineurs, sauf les exceptionnels comme Maxime Comtois, gagneraient à évoluer dans la LHMAAAQ à 16 ans. Il se réjouit cependant du succès de ses protégés comme Shawn Element, qui a percé l’alignement du Drakkar de Baie-Comeau. «Je respecte la décision qui a été prise dans son cas. Shawn pourra facilement avoir un rôle avec l’équipe. Il n’aurait cependant pas perdu son temps avec nous. Un joueur comme Laurent Dauphin a évolué au niveau midget à 16 ans. Il a récemment joué quelques matchs dans la Ligue nationale de hockey. Maxime St-Cyr, qui avait terminé troisième meilleur pointeur de notre ligue à 15 ans, est revenu avec nous l’année suivante. Ça ne l’a pas freiné. Il a amassé bien des points dans la LHJMQ par la suite. À savoir s’il aurait eu le même succès s’il avait percé la LHJMQ à 16 ans, on ne peut pas le savoir…», a-t-il enchaîné.

Les exemples de patineurs ayant gradué trop vite dans la LHJMQ sont nombreux. Jouer à 16 ans au sein du circuit Courteau devrait être une exception, selon Lavoie.

«Certains ne jouent pas un rôle de premier plan au niveau AAA à 15 ans et percent quand même la LHJMQ l’année suivante. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas vécu des expériences importantes, que ce soit des fins de matchs serrés ou d’avoir campé un rôle important au sein des unités spéciales. Rendus au niveau junior à 16 ans, ils occupent encore un rôle secondaire en raison de la présence de vétérans. Ça ralentit forcément le développement», enchaîne-t-il.

Les Tigres réévalueront la situation de Cédric Desruisseaux lors de la pause des Fêtes. C’est à ce moment que les formations du circuit Courteau peuvent intégrer en permanence des joueurs affiliés à leur alignement pour le dernier droit. Lavoie estime que l’attaquant gagnerait sans doute à disputer la totalité de la saison avec les Estacades, où il est un véritable pilier.

«Il aura un rôle offensif très important ici. On travaillera également sa polyvalence en l’utilisant à l’aile à l’occasion. Lorsqu’il graduera dans la LHJMQ, il sera donc en mesure d’occuper plus d’un rôle», a-t-il conclu.