«J’ai dormi comme un bébé» – Antoine Bibeau

Antoine Bibeau n’a que 22 ans, mais il semble déjà posséder la sagesse d’un vieux routier de la Ligue nationale de hockey. Le gardien de but victoriavillois, une dizaine d’heures après avoir disputé son premier match en carrière au sein du circuit Bettman, était d’une zénitude déconcertante.

La veille, il a repoussé 26 des 28 lancers décochés par les porte-couleurs de l’Avalanche du Colorado. Les Maple Leafs se sont cependant inclinés 3 à 1 au Centre Air Canada.

«Le résultat a été décevant, quoique mon premier départ ait bien été. Nous avons décoché 52 tirs en direction du filet adverse, mais n’avons inscrit qu’un seul but. C’est rare qu’on voie ça. On méritait un meilleur sort», commente Bibeau, qui a mené les Foreurs de Val-d’Or à la conquête de la Coupe du Président en 2014.

Mike Babcock lui avait signalé qu’il serait le partant 24 heures auparavant. Bibeau a accueilli la nouvelle sans broncher. Les papillons ne lui ont pas visité l’estomac. «J’ai dormi comme un bébé la veille du match. J’étais confiant et convaincu que ça irait bien», lance le grand gaillard de 6’03 » et 210 livres.

Il n’a pas eu à chasser la nervosité durant cette soirée de grande première, enneigeant son demi-cercle durant la séance d’échauffement avec assurance. «Peut-être que le fait d’avoir secondé le travail du gardien numéro un 16 fois avant ce départ a aidé, mais je ne me suis pas senti nerveux. J’avais également déjà disputé plusieurs matchs hors-concours avec les Leafs, ce qui a sans doute contribué à chasser la nervosité», a-t-il poursuivi.

Bibeau a été droit comme un chêne au cours de ce premier départ, dimanche. Il a affiché un calme olympien entre ses poteaux. Mikko Rantanen et Nathan MacKinnon ont été les seuls à parvenir à le déjouer sous le regard de son père Yves, sa mère Maryse et son frère Étienne.

La frénésie à l’intérieur du Centre Air Canada était palpable tout au long de la soirée. Les quelque 18 875 spectateurs se sont montrés particulièrement bruyants en fin de match, alors que les locaux sont passés bien près de niveler les chances. Bibeau dit ne pas avoir été intimidé malgré la clameur de la foule. «C’était spécial. Je n’ai jamais joué devant une aussi grosse foule. De tous les matchs des Leafs auxquels j’ai pris part, je n’avais jamais vu les spectateurs aussi bruyants», a-t-il souligné.

Le cerbère dit se sentir comme chez lui dans l’entourage des Leafs, notamment en raison de la présence de nombreux anciens coéquipiers dans la Ligue américaine de hockey. «J’ai joué avec plusieurs d’entre eux au cours des dernières saisons avec les Marlies. Je ne suis pas trop dépaysé, d’autant plus que les Leafs et les Marlies partagent plusieurs de leurs installations», a-t-il ajouté.

Le statut du Victoriavillois avec les Leafs est encore incertain. Bibeau a temporairement pris la place du vétéran Jhonas Enroth, soumis au ballotage la semaine dernière et cédé au club-école de l’équipe dans la Ligue américaine. Bibeau n’avait pas vu venir le coup. Il ne peut que se réjouir de son sort actuellement. Il dit espérer obtenir le poste de second à temps plein chez les Leafs. Il compte bien tout mettre en oeuvre pour forcer la main de l’état-major. «Je ne sais pas ce qu’il adviendra. J’espère évidemment rester ici longtemps. Mon objectif n’est pas seulement de bien faire, mais surtout d’aider l’équipe à engranger des points», dit-il.

En attendant patiemment d’en savoir plus sur son avenir, Antoine Bibeau a pu profiter d’une rare journée en famille dans la Ville Reine lundi. Les joueurs des Leafs ont bénéficié d’une journée de congé. «C’est apprécié. Notre calendrier est chargé par les temps qui courent. L’équipe joue aux deux jours», conclut-il.

En 13 matchs cette saison dans la Ligue américaine, Bibeau a conservé une moyenne de buts alloués de 2,54 et un pourcentage d’arrêts de .907. Il a été un choix de sixième ronde des Leafs en 2013.