Jacques Hince carbure à la passion

Juin 2017 marquera la fin d’un important chapitre dans l’histoire du sport amateur régional. Grand travailleur de l’ombre, mais surtout éperdument passionné, Jacques Hince tirera sa révérence d’une longue carrière dans le milieu de l’enseignement. Il devrait céder, par la même occasion, la destinée de plusieurs athlètes à de nouveaux mentors.

«Je ne sais pas encore si je continuerai à entraîner des jeunes après ma retraite. On me pose cette question régulièrement dernièrement. Ça me chicote un peu, je dois l’admettre. Une chose est certaine, je ne laisserai pas ma place sans avoir l’assurance que le programme perdurera», souligne-t-il.

Il semble y avoir un brin d’égoïsme dans la munificence de Jacques Hince. De l’aveu même de l’enseignant en éducation physique à l’École secondaire Le boisé, il a toujours fait d’abord et avant tout ce qu’il aimait, sans compromis.

Passionné d’épreuves individuelles, il se fait surtout plaisir en partageant généreusement son culte sportif depuis plus 37 ans avec ardeur, enthousiasme et sans aucune réserve. «Je fais ce que j’aime et j’aime ce que je fais, tant mieux si les jeunes en profitent!», lance-t-il.

Au fil des années, il a endoctriné nombre de jeunes athlètes. Grâce à lui, plusieurs sont devenus des athlètes récréatifs actifs. Quelques-uns se sont aussi hissés parmi l’élite nationale. Il peut même se targuer d’avoir aidé un athlète à atteindre le sommet mondial.

Jacques Hince a favorisé l’éclosion de quelques purs-sangs, dont Dany Racine, qui a fait la pluie et le beau temps en cross-country, Jessy Lacourse, qui figure parmi l’élite canadienne au 3000 mètres steeple, et Guillaume Ouellet, qui a récemment goûté aux Jeux paralympiques de Rio.

C’est sans compter les nombreux fondeurs qu’il a pris sous son aile durant trois décennies. Jusqu’en 2010, il a aidé plusieurs d’entre eux à atteindre l’équipe québécoise et canadienne de ski de fond, et ce, jusqu’à la fin des activités du programme de développement de cette discipline dans la région.

Hince a toujours été à l’affut afin de dénicher le talent brut. Il a souvent trouvé la perle rare durant un cours régulier qu’il donnait, tentant par la suite de convaincre les athlètes aux mille promesses de joindre son dogme du sport. «Mais au-delà du talent, c’est surtout la passion qui fait la différence à mes yeux. Je n’ai jamais priorisé la performance, mais plutôt la rigueur et la progression», mentionne-t-il.

Du ski de fond à la course

Jacques Hince s’est d’abord attardé à l’enseignement du ski de fond dès 1979. Il s’agissait alors d’un deuxième coup de foudre sportif après avoir vibré au rythme du karaté durant quelques années durant ses études universitaires. Le Club de ski de fond des Bois-Francs vivait alors une croissance fulgurante, mettant au monde quelques champions et membres de l’équipe provinciale et nationale.

Durant la pause estivale, Hince s’est mis à la course à pied pour garder la forme. Il y a vu un immense potentiel pour les jeunes. Il s’est donc mis à l’entraînement de quelques athlètes dès 2002. Il a fait l’impossible pour remettre sur les rails un programme d’athlétisme et de cross-country dans la région. «Quoi de plus accessible pour les jeunes que la course à pied? Des espadrilles et on décolle!», lance-t-il avec son enthousiasme caractéristique.

L’enseignant a toujours largement dépassé le mandat que lui a confié la Commission scolaire des Bois-Francs. Au-delà des cours réguliers, des tests physiques et des bulletins, il a entraîné l’équipe de ski de fond, les équipes de cross-country des Vicas et des Vulkins ainsi que certains coureurs en athlétisme. Il a investi autant d’heures et d’énergie par passion pour le sport et pour les jeunes. «Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est d’aider les passionnés à progresser. Ce sont toujours eux qui ont fourni l’effort et qui ont réalisé leurs résultats. De savoir que j’y ai contribué, ça représente énormément pour moi», explique-t-il.

En entrevue au www.lanouvelle.net, Jacques Hince parle de tous ses protégés, même ses premiers durant les années 80, comme si c’était hier. Ses souvenirs sont précis. Ça reflète la passion avec laquelle il a vécu aux pas de course.

Dans quelques mois, lorsque la cloche de l’école secondaire sonnera pour marquer la fin des classes, Jacques Hince sera sans doute habité par le sentiment du devoir accompli. Qu’il demeure ou non engagé activement auprès des athlètes de la région, il se promet de suivre avec une grande fierté les réussites de ses anciens protégés.