Fermeture définitive du BMR à Tingwick : déception et colère chez la population

C’est avec désolation et colère que les citoyens de Tingwick vivent les dernières heures d’opération du BMR (Vivaco) de Tingwick qui fermera définitivement ses portes aujourd’hui (15 novembre). 

Leur coopérative agricole a vu le jour en 1943, portant au fil des ans les noms de Coop des produits laitiers de Tingwick, Coop Pré-Vert, Unimat et BMR. Elle desservait ses membres depuis 80 ans avec un service de quincaillerie actif depuis 50 ans. Et c’est aujourd’hui, cinq ans seulement après la fusion avec Vivaco, que cette institution se voit condamnée à disparaitre à tout jamais du paysage tingwickois. 

C’est toute une communauté qui est amputée d’un commerce emblématique pour lequel elle vouait un profond sentiment d’appartenance. Un service essentiel, de proximité, que les citoyens ont tenté de sauver par une importante mobilisation. 

Malheureusement, malgré tous les efforts déployés, malgré la pétition des 600 membres et clients, malgré la pression d’une quinzaine agriculteurs d’importantes fermes et des entrepreneurs locaux, malgré la mise sur pied d’un comité de survie des commerces de proximité, les dirigeants se sont montrés inébranlables dans leur décision. Une décision sans préavis qui s’est prise lors d’un CA, où les deux membres représentants Tingwick avaient été contraints de se retirer, et ce, pour une raison que les dirigeants n’ont pas voulu expliquer. 

Le motif invoqué pour justifier la fermeture est non pas la rentabilité, mais le manque de main-d’œuvre. Or, même l’offre du Groupe citoyen de recruter eux-mêmes deux autres employés a été réfutée sous prétexte qu’à ce moment-là, c’est la marge de bénéfices financiers qui en serait amoindrie. Cela laisse croire que malgré l’intéressant chiffre d’affaires de plus d’un million de dollars de la succursale de Tingwick, ce sont les marges de plus en plus élevées des profits attendus par les actionnaires qui pèsent dans les décisions. 

Les citoyens blâment sévèrement Vivaco de ne pas avoir consulté la communauté comme ce fut le cas, entre autres, à Saint-Isidore de Clifton et à Chesterville afin de leur laisser la chance de trouver des alternatives. Même le sursis de six mois, demandé par le conseil municipal pour mettre sur pied des solutions, a été refusé. Il faut savoir que l’empressement de Vivaco est relié à une importante offre d’achat du bâtiment, présentement sur la table, sans qu’aucune mise en vente publique n’ait été publiée au préalable. 

Pour que la transaction se concrétise, l’acheteur potentiel tient d’abord à obtenir un changement de zonage. Vivaco a dit vouloir le soutenir dans sa demande auprès des autorités pour retirer la vocation commerciale à ce lot. Le Groupe citoyen dénonce cette tactique qui semble ni plus ni moins une façon d’empêcher toute autre bannière de quincaillerie de s’installer dans le bâtiment. « Devant ce criant manque à l’éthique de « bon citoyen corporatif », Vivaco mérite-t-il toujours son appellation de coopérative? »  

Le Groupe citoyen laisse entendre qu’il ne faut pas se surprendre que plusieurs agriculteurs, entrepreneurs et autres clients aient déjà commencé à bouder la bannière BMR Vivaco en s’approvisionnant ailleurs.