Étienne Fallu quitte les Tigres pour les Patriotes

HOCKEY. Associé aux Tigres depuis 2008, à temps plein depuis 2013, le thérapeute du sport Étienne Fallu ne sera pas de retour cette saison. Son départ n’a cependant rien à voir avec la violente tempête qui a secoué l’organisation au cours de l’été. Il a plutôt obtenu une promotion, devenant thérapeute au sein du tout nouveau programme d’études en thérapie du sport de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Il s’agit du premier programme francophone au pays dans ce champ d’études. Au Québec, seule l’Université Concordia l’offre, mais dans la langue de Molière. Au Canada, on en dénombre seulement sept accrédités par l’Association canadienne des thérapeutes du sport.

Étienne Fallu sera le thérapeute désigné des Patriotes, dont celui de l’équipe de hockey. Il supervisera également les étudiants en stage.

«Dans notre domaine, les possibilités d’avancement sont rares, particulièrement en dehors des grands centres. C’était une occasion unique pour moi», a-t-il soulevé.

Le thérapeute du sport aura passé une quinzaine d’années au sein de la Ligue de hockey junior majeur du Québec avec le Titan d’Acadie-Bathurst, les Sea Dogs de Saint John et les Tigres.

Passionné par le sport et par son travail, il reconnaît que le rythme de vie qu’impose le hockey junior canadien n’est pas de tout repos. «Surtout lorsqu’on a une famille. C’est un milieu de passionnés, qui exige de nombreux sacrifices», a-t-il enchaîné. Il a également toujours aimé partager ses connaissances et sa passion. Ce nouveau défi à Trois-Rivières saura donc le combler.

Son séjour avec les Tigres n’aura pas été de tout repos. Au cours des trois dernières années, l’infirmerie a été engorgée. Il a aussi dû traiter plusieurs cas uniques. On n’a qu’à penser à la quadruple fracture du larynx subie par Brandon Whitney durant un entraînement. Le capitaine Tristan Pomerleau n’a pas été épargné. L’éclatement de son appendice avait mis sa vie en péril. On peut aussi ajouter à cette liste le cas de Mark Tremaine, victime d’une lésion à la rate et l’épineux dossier de Guillaume Beck, dont les commotions cérébrales répétées ont causé, sans jeu de mots, de sérieux maux de tête au thérapeute. «Disons que je n’ai pas manqué de travail. C’est dommage pour les jeunes de devoir vivre ce genre d’épreuves, mais ça m’a permis, à titre de thérapeute, d’en apprendre énormément», a-t-il partagé.

Durant son passage au sein de la LHJMQ, Étienne Fallu a été témoin de la médiatisation croissante des cas de blessures à la tête, notamment. Les conséquences des commotions cérébrales ont fait l’objet de sérieuses préoccupations, ce qui a forcé les autorités du circuit à rendre plus rigoureux les protocoles entourant le traitement de telles blessures. Le thérapeute du sport estime, d’ailleurs, qu’on se dirige dans la bonne voie à ce chapitre.

«Il n’y en a pas plus qu’avant. C’est plutôt lié au fait qu’on en parle davantage. Les commotions cérébrales sont certainement mieux reconnues de nos jours. Ce ne sont désormais plus seulement les thérapeutes qui voient les signes. Les amis, entraîneurs, parents et même les athlètes eux-mêmes sont en mesure de les détecter et les signaler. Ils possèdent plus d’information sur le sujet qu’auparavant», a-t-il souligné.

La médiatisation des cas de commotions cérébrales n’est d’ailleurs pas étrangère, selon lui, à l’essor de la profession de thérapeute du sport. Les organisations sportives sont désormais mieux sensibilisées à ce fléau et aux dommages irréparables qu’il peut causer. On embauche donc davantage de ces professionnels souvent appelés à tort des «soigneurs», un terme qu’Étienne Fallu, reconnu pour sa rigueur, s’est toujours fait un devoir de corriger. Ne devient plus thérapeute sportif qui veut dans la LHJMQ, d’ailleurs. On exige désormais des qualifications bien précises pour occuper cette fonction, dont la pratique est encadrée par une association reconnue.

Le camp d’entraînement des Tigres s’amorcera dans quelques jours, mais pour la première fois depuis belle lurette, Étienne Fallu n’a pas à s’y préparer. Il se promet plutôt d’assister à un match cette saison dans le confort d’un siège de l’Amphithéâtre Gilbert-Perreault, et ce, avec sa famille. C’est un luxe qu’il n’a pu s’offrir depuis belle lurette.