Des mesures extraordinaires pour remettre l’équipe sur les rails
HOCKEY. En politique, on parlerait d’un coup d’État ou d’un putsch. Dans le monde du hockey, il n’y a pas de mot ou d’expression consacré pour décrire ce qui s’est passé chez les Tigres, mardi.
Même aux yeux de la loi, la destitution d’un président d’un organisme sans but lucratif incorporé s’avère une mesure exceptionnelle. Le conseil d’administration bénéficie, dans sa constitution, des pleins pouvoirs. Lui seul peut forcer l’un de ses membres, dont le président, à se retirer. Or, les administrateurs des Tigres, en majorité, s’étaient rangés derrière Johnny Izzi. Celui-ci, après avoir subi de fortes pressions de la part d’un comité d’actionnaires, a cependant été contraint de quitter le navire, non sans regret ni sans amertume.
Dans les Bois-Francs, plus particulièrement, le milieu des affaires est généralement tissé serré. On évite, publiquement, de passer l’un de ses membres à tabac ou de le clouer au pilori. Jugeant la situation trop critique pour ne rien faire, c’est pourtant le sort que plusieurs actionnaires des Tigres, inquiets pour la pérennité de l’organisation, ont réservé, cette semaine, à Johnny Izzi.
Ça a inévitablement créé une onde de choc aux quatre coins de la planète LHJMQ. Les plus pessimistes sur les médias sociaux ont immédiatement suggéré la tutelle de l’équipe par les autorités du circuit Courteau. Les plus optimistes, comme le recruteur-chef des Félins Pierre Cholette ou le président du comité du 30e anniversaire de l’organisation Pascal Lévesque ont plutôt demandé aux gens de ne pas paniquer, qu’il n’y avait pas de match au calendrier demain et qu’il s’agissait d’une occasion de bâtir sur des bases plus stables. Certains se sont même amusés à rigoler du slogan de l’équipe «Marquons l’histoire», disant qu’il convenait parfaitement à la situation.
Dans l’histoire du circuit, il est rare qu’une situation aussi critique soit survenue à l’une des équipes. On se souvient, notamment, des Pioneers de Plattsburgh, qui n’ont disputé que 17 matchs – qu’ils ont tous perdu – avant de fermer boutique en 1984. L’an dernier, les Firebirds de Flint, dans la Ligue de hockey de l’Ontario, avaient été mis sous tutelle. Le congédiement du personnel d’entraîneurs, suivi d’une mutinerie des joueurs en avaient été à l’origine.
Au lendemain de cette bombe chez les Tigres, plusieurs actionnaires s’activaient, par ailleurs. L’ancien président Éric Bernier a partagé un déjeuner avec les employés administratifs de l’équipe. L’ancien gouverneur Alain Dumont, quant à lui, a été chargé de faire le lien entre l’organisation et les médias.
Officiellement, l’organisation a cependant été plongée dans un mutisme. On a notamment demandé aux médias de les «laisser travailler». Un comité formé d’actionnaires a été chargé d’amorcer le processus d’embauche d’un directeur général et d’un président.
Le conseil d’administration, de son côté, a réagi par l’entremise d’un communiqué, disant endosser les décisions du président démissionnaire au cours des deux dernières années. Les membres se sont dits solidaires à Johnny Izzi à bien des égards et ont témoigné leur soutien.