«C’est un peu notre Centre Bell»
Ils étaient dix, cinq de chaque côté, à tenter par tous les moyens possibles d’inscrire un but. Leur bâton à la main, ils criaient à leurs coéquipiers de leur faire une passe pour la mettre dedans. Il n’y a pas à dire, c’est bel et bien une partie de hockey. Mais, au lieu de se déplacer sur leurs jambes, ils étaient tous en fauteuil roulant.
Ça fait quelques années que la Ligue de hockey en fauteuil roulant existe et que ses adeptes se réunissent à l’école Pie-X. Mais cette année, les joueurs ont frappé le gros lot. Ils disputeront une dizaine de parties au pavillon Agri-sports.
Lorsqu’ils étaient dans le gymnase de l’école, les joueurs devaient coucher des bancs aux quatre coins de la salle pour éviter que la balle ne reste coincée. Derrière ces bancs, les quelques spectateurs présents avaient la frousse lorsqu’un des joueurs s’aventurait à toute vitesse avec son fauteuil. Cette fois-ci, ils ont des bandes.
«Taba… que c’est gros icitte», a lancé en reprenant son souffle l’un des joueurs qui était habitué de jouer dans le gymnase de l’école Pie-X aux dimensions plus petites.
«Pour eux, c’est un peu comme s’ils étaient au Centre Bell», était heureux de dire le président de la Clinique sportive jeunesse de Victoriaville qui chapeaute la ligue, Francis Ouellette. Ce dernier était également ravi que les joueurs aient un endroit plus approprié pour se changer et qu’ils puissent laisser leur fauteuil sur place une fois le match terminé.
Il faut savoir que les fauteuils qu’ils utilisent sont légèrement différents de ceux avec lesquels ils se déplacent quotidiennement. Par exemple, les roues sont inclinées au lieu d’être à 90 degrés. Cela aide aux déplacements et à aller plus vite.
Des matchs contre d’autres villes
La ligue existe depuis près de sept ans et maintenant qu’elle a l’équipement nécessaire, l’organisation commence à rêver. «On ne fera pas un circuit, mais on aimerait faire des échanges avec d’autres villes; Sherbrooke par exemple», a souhaité M. Ouellette. Ne croyant pas que cela puisse se faire à court terme, il espère tout de même que ça finisse par se réaliser. Un jour qui ne serait pas très lointain.
Un sport exigeant
Parmi les joueurs présents lors de notre passage, il y avait Vanessa Lafleur, qui en était à sa première présence au sein de la ligue. Vanessa a déjà fait parler d’elle dans la région alors qu’elle avait participé au Grand Défi de Victoriaville malgré qu’elle ait perdu l’usage de ses deux jambes.
«C’est un sport plus le fun que le curling en fauteuil roulant», a-t-elle lancé.
Une fois la partie terminée, elle avait légèrement mal aux épaules et aux bras à force de faire aller ses roues, mais elle avait également certaines douleurs aux abdos. Elle avait trop ri durant la partie!
Miguel Comeau-Lebeau, un ami de Vanessa, en était lui aussi à sa première présence. «C’est essoufflant, mais il faut dire que je ne suis pas trop en forme, souligne-t-il, sourire en coin. Ça tourne pas mal plus vite avec ce fauteuil-là.»
La Ligue de hockey en fauteuil regroupe principalement des personnes handicapées mentales ou physiques, mais il n’est pas rare que des gens sans handicap s’y greffent. Avant qu’il ne devienne maire de Victoriaville, André Bellavance avait lui aussi disputé un match. «J’étais très raqué le lendemain», se souvient-il. Lorsqu’il a inscrit son seul et unique but de la partie, il a jubilé comme s’il venait de remporter la coupe Stanley, visiblement heureux de son filet après tous ses efforts titanesques.