Avant de perdre la tête…

Matthew Lombardi file le parfait bonheur. Retraité du hockey, il jouit d’une totale liberté depuis quelques mois déjà. L’ancien attaquant des Tigres est conscient de la chance qu’il a, particulièrement celle d’avoir encore toute sa tête. Parce que le Montréalais n’a pas été épargné par les blessures durant sa carrière. On lui a diagnostiqué au moins trois graves commotions cérébrales au cours des 12 dernières années.

Sévères au point d’en rater deux saisons complètes. Les Lombardi ont vécu des moments très inquiétants. Le premier choc à la tête a eu lieu en 2004, le second en 2011 et le troisième en 2014. Chaque fois, il lui a fallu plusieurs mois de repos.

«Ce n’était pas des commotions de deux semaines, mais plutôt d’une saison et même de 10 à 11 mois. La dernière que j’ai eue en Suisse m’a affecté pendant plus de six mois. C’est très difficile de vivre ça. C’est aussi très difficile de revenir au jeu après avoir subi une telle blessure. Chaque fois, je n’étais pas tout à fait le même joueur à mon retour. Ça affecte beaucoup la confiance», raconte-t-il.

Lombardi a dû composer avec les plus sévères symptômes liés aux commotions cérébrales pendant des mois. Chaque fois, il se savait fragilisé et plus vulnérable. Il se compte chanceux de n’en ressentir aucune séquelle aujourd’hui.

«Je suis content d’être en santé en ce moment. J’espère que ça restera comme ça. J’ai vécu des moments où je ne voyais plus la fin… C’est maintenant derrière moi. J’ai maintenant une belle qualité de vie», confie-t-il.

Lombardi se réjouit de voir les progrès médicaux en la matière au cours de la dernière décennie. Les recherches ont permis de faire évoluer les traitements et les protocoles en la matière. On comprend mieux les impacts liés aux traumatismes répétés au cerveau et les risques accrus à long terme d’encéphalopathie traumatique chronique, qui ne peut être diagnostiquée que lors d’une autopsie. Il suit avec intérêt le dossier, notamment celui de la Ligue nationale de football, où les commotions cérébrales sont au cœur d’un grand débat. Des poursuites judiciaires ont même été intentées.

«Le progrès médical est une bonne chose. On en sait maintenant plus sur les commotions, mais on n’en sait pas encore suffisamment. J’espère qu’on n’arrêtera pas les recherches. En 2004, quand j’ai eu ma première commotion, le protocole était bien différent. J’avais terminé le match. Ce sont des choses que l’on ne voit plus de nos jours. On protège mieux les joueurs. On ne pourra jamais éliminer tous les risques, mais il faut continuer à réduire ce genre de blessure», a-t-il conclu.