Malgré les paris sportifs, les joueurs ne sont pas prêts à dévoiler leurs blessures

Leon Draisaitl avait mal — très mal. Et c’était évident pour tout le monde.

Le centre étoile était visiblement aux prises avec une blessure à une cheville pendant le parcours des Oilers d’Edmonton en séries éliminatoires le printemps dernier.

Mais comme c’est la tradition en séries — et même souvent durant la saison régulière — l’équipe affirmait seulement que Draisaitl était blessé au «bas du corps» et demeurait disponible pour jouer.

Malgré cette tentative de diversion, les adversaires savaient très bien la nature de la blessure de l’Allemand, qui a dû endurer quelques coups dans la zone sensible.

Ce n’est qu’une fois les Oilers éliminés que la gravité de la blessure a été confirmée — une entorse à la cheville.

À l’ère des réseaux sociaux et des reprises sous tous les angles, il est difficile de garder les informations secrètes. De plus, alors que les paris sportifs sont de plus en plus populaires, pourquoi la LNH traine-t-elle de la patte en matière de dévoilement des blessures par rapport à la NFL, la NBA et la MLB?

«Il y a clairement un équilibre, a affirmé le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly, avant le début de la saison. Il y a un équilibre entre être plus transparent au sujet de l’état de santé d’un joueur et mettre sa santé à risque. Cet équilibre a été établi il y a 15 ou 20 ans en faveur de la protection de la santé des joueurs.

«C’est là où nous en sommes.»

Et si Daly a ajouté que les partenaires du circuit en matière de paris sportifs n’ont pas demandé de changements au sujet du dévoilement des blessures afin d’offrir aux parieurs le plus d’informations possible, les joueurs savent que le jour où les partisans seront au courant de chaque élongation, entorse ou ecchymose n’est pas nécessairement très loin.

«Si la décision me revenait, je ne crois même pas que les gens sauraient nos salaires, a dit le centre des Blackhawks de Chicago Max Domi. C’est bien de pouvoir passer sous le radar. Mais je comprends que c’est la réalité du monde d’aujourd’hui.»

Les ententes entre la ligue et les sites de paris sportifs font partie des revenus liés au hockey — le montant d’environ 5,2 milliards $ US que se partagent 50/50 les propriétaires et les joueurs, selon la convention collective.

D’autres contrats avec des casinos ou d’autres sites de paris sportifs ne vont qu’augmenter ce chiffre, mais les joueurs sont inquiets à l’idée de devoir dévoiler chaque blessure.

«Peut-être que nous n’aurons plus le choix en raison des paris sportifs, s’est résigné le capitaine des Oilers Connor McDavid. Mais on l’a certainement vu lors des séries avec la cheville de Leon. Elle a été visée.

«C’est quelque chose d’inquiétant.»

Le gardien des Capitals de Washington Darcy Kuemper a reconnu que les joueurs devront probablement accepter d’être «un peu plus transparents» au sujet de leurs maux.

«Ça va affecter les décisions des parieurs, a-t-il noté. Il va falloir vivre avec ça et espérer que les joueurs auront assez de respect les uns pour les autres pour ne pas viser certaines régions.»

Le défenseur des Blue Jackets de Columbus Zach Werenski a cependant rappelé qu’un rival va toujours chercher à exploiter un avantage.

«Vous l’avez vu avec Draisaitl, a-t-il dit. Vous pouvez vous dire que ce serait bien de le faire pour augmenter les revenus du circuit, mais il y a vraiment deux côtés à la médaille. Je pencherais certainement du côté de la prudence.»

Werenski a ajouté qu’il n’y a rien de mal à viser un joueur blessé, en autant que ce soit fait par un moyen légal pendant le jeu.

«Vous préférez presque ne rien savoir pour jouer de manière dure, mais juste contre le joueur», a affirmé Werenski.

Cependant, l’attaquant des Flyers de Philadelphie Cam Atkinson a ajouté que l’époque où les informations ne sortaient jamais est essentiellement révolue.

«Il n’y a plus de secrets, a-t-il dit. Même si vous êtes le meilleur ami d’un joueur dans une autre équipe, qu’il vous dévoile une information ou non, la rumeur va vite se répandre.

«C’est la réalité du monde de nos jours.»