Non aux éoliennes, clament de nombreux producteurs agricoles

Ils étaient une quinzaine de producteurs réunis chez l’un d’entre eux, lundi après-midi, à Sainte-Élizabeth-de-Warwick. Une quinzaine de producteurs de la municipalité, mais aussi de Warwick et de Saint-Albert. Des producteurs de lait, de porcs, des producteurs céréaliers et de grandes cultures qui, d’une même voix, s’opposent au projet de Boralex visant l’implantation d’éoliennes dans leur milieu.

Ils étaient 15, lundi après-midi, mais ils sont plus nombreux encore à ne pas vouloir de ces éoliennes qui feraient 650 pieds en hauteur, 200 de plus que les éoliennes dans la MRC de L’Érable et six fois la hauteur du clocher de l’église de Sainte-Élizabeth-de-Warwick.

Pas moins de 80 producteurs de Sainte-Élizabeth ont signé pour la tenue d’un référendum dans l’espoir d’empêcher la Municipalité de modifier son règlement pour permettre les projets éoliens.

L’un des signataires, Jean Morin de la Fromagerie du Presbytère, déplore la complexité du processus et des zones déterminées. « De la façon que c’est fait, il devient presque impossible d’aller en référendum. Tout a été fait légalement, mais c’est à peu près inaccessible pour nous de dire non. On n’est pas contre les éoliennes. Mais, comme agriculteurs, on n’en veut pas sur des terres agricoles, sur des terres cultivables », a-t-il soutenu.

« Ce qu’on veut, c’est protéger nos terres agricoles. Il y a des limites à l’étalement urbain, et maintenant, des éoliennes en campagne sur des terres habitées, ça commence à faire », a renchéri le producteur warwickois, Denis Dumas, celui-là même qui s’est adressé au Conseil de la MRC d’Arthabaska le mois dernier et qui attend toujours une réponse à sa question.

Il se dit d’avis que ce projet est purement économique. « Ceux qui veulent une éolienne, c’est pour une question d’argent et non une question d’écologie ou quoi que ce soit », a-t-il affirmé.

Il faut savoir, toutefois, a confié l’un des participants, que le revenu d’une éolienne passe sous la loupe de l’impôt. « Pour ceux qui seraient en faveur, le revenu d’une éolienne est imposable, non pas au taux agricole, mais au taux passif, à 50%. Ce n’est pas 30 000 $ que tu reçois, mais 15 000 $. »

Un autre producteur a observé qu’il manque de terre aussi pour le nombre actuel de producteurs. « Alors, si on en enlève encore… »

« Avec les acres de terre qui se perdent avec l’implantation des éoliennes, tu le prends où ton foin?  Y en a-t-il qui sont prêts à perdre cinq acres par éolienne, par exemple? Qui serait prêt à sacrifier trois vaches?, a questionné un autre.

Différents éléments ont été évoqués au cours des échanges, notamment la question de la qualité de vie, les effets sur la santé humaine, sur celle des animaux, les désagréments du bruit des éoliennes, l’impact sur le paysage et la division qu’un tel projet peut générer dans le milieu, comme cela s’est vu dans la MRC de L’Érable. « Celui qui ne veut pas d’éoliennes n’a aucun impact sur celui qui en veut, mais celui qui en veut a un impact sur toute la communauté », a fait valoir un des participants.

Les producteurs déplorent l’attitude des élus de Sainte-Élizabeth-de-Warwick. « La mairesse est catégorique, a dit Jean Morin. Elle souhaite, en amenant de l’argent, protéger et sauver le patrimoine bâti. On n’en a que pour l’argent. Mais quand on arrive au patrimoine agricole, il n’y a plus aucune reconnaissance pour ces terres que nos arrière-grands-pères ont défrichées. C’est précieux, c’est ce qu’on défend. »

« On ne se sent pas écoutés, a ajouté Rémi Barmettler. Le plus bel exemple, ce sont les signatures qu’on a amassées. Mais ça n’a pas été respecté. »

Les producteurs se disent inquiets, ne sachant plus sur quelle ficelle tirer. « On est un petit village. On n’en veut pas d’éoliennes, on n’en veut pas chez nous et on n’est pas capable de rien faire. C’est un projet déchirant qui déchire les familles. On dénonce le non-respect de l’agriculture », a plaidé Jean Morin.

Il se réjouit tout de même de l’appui de l’Union des producteurs agricoles (UPA).

« L’UPA pousse en ce sens, c’est une bonne nouvelle.  Mais seront-ils capables, se questionne-t-il, de mettre un frein ou du moins de faire dévier les éoliennes vers des terres moins habitées, des terrains propices et qui ne dérangeront pas l’agriculture, par exemple le tas de roches (l’ancienne mine) à Saint-Rémi-de-Tingwick? »

Chose certaine, les opposants n’entendent pas baisser les bras. Ce dossier continuera d’alimenter les discussions pour un bon moment encore.