Urgence en matière d’immigration

Les locuteurs francophones en Amérique du Nord, qu’ils soient du Québec, d’une autre province canadienne ou des États-Unis, ne représentent que 3% de la population totale. Le faible taux de reproduction de la population canadienne dans son ensemble incite les gouvernements à se tourner vers l’immigration pour le renouvellement de celle-ci. Ainsi, le Canada voudrait, d’ici les 80 prochaines années, faire passer le nombre d’habitants de 38 millions (en 2020) à 100 millions (en 2100). 

Si ce projet était conduit à terme, et étant donné que le Québec peine actuellement à accueillir et franciser les quelque 50 000 nouveaux immigrants qu’il reçoit chaque année, sa proportion dans l’ensemble canadien (23% en 2020) chuterait à 10% en 2100, lui conférant ainsi encore moins d’importance démographique, politique, linguistique et culturelle à l’intérieur même du Canada.

Voilà pourquoi je tiens à saluer la volonté du nouveau ministre de l’Immigration du Québec, Jean Boulet, et de la Coalition avenir Québec d’exercer l’entier contrôle sur notre immigration en terre québécoise, par la renégociation de la dernière entente Canada-Québec, signée en 1991.

Si cette entente de 1991 accordait plus de pouvoir au gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada avait tout de même son mot à dire et il appose aujourd’hui encore son sceau sur tous les dossiers des nouveaux arrivants. D’où des délais de traitement souvent trois fois plus élevés que dans le reste du Canada et, en matière d’accueil des étudiants étrangers, des refus trop souvent basés sur la langue française, parlée par ceux-ci.

Fasse le ciel que cette ouverture du ministre Boulet, et de la Coalition avenir Québec, ne soit pas qu’un ballon électoral, et que des négociations en vue d’une nouvelle entente débouchent sur le plein contrôle, par le gouvernement du Québec, de l’immigration sur notre territoire national.

Jacques Jodoin