L’union fait la force! Mais la force sert à qui?

Le fleuron québécois de l’épargne, qu’est le Mouvement Desjardins avec ses 7 millions de sociétaires et ses 400 milliards $ d’actifs (c’est plus de la moitié de la dette du Canada avant la pandémie), qui a été fondé en 1900, avait une mission uniquement sociale : épargne, accessibilité au crédit, amélioration des connaissances financières et de la richesse collective. Bravo à tous ses administrateurs, employés et surtout ses sociétaires qui ont contribué à cette réussite extraordinaire.

Aujourd’hui, à sa mission largement modifiée, elle devrait dans son champ d’action ajouter, en priorité, la redistribution de cette richesse collective de manière plus agressive afin que chaque sociétaire puisse réellement se sentir propriétaire de sa coopérative. Utilisateurs/récompensés.

Desjardins possède une clientèle captive et opère en grande dominance sur un territoire précis qui cadre très bien avec sa mission dans des domaines d’activités diversifiés et nécessaires à la vie d’une saine société.

La concurrence provient de quatre facteurs : le produit, le prix, le service et j’oserais dire l’esprit d’appartenance (iriez-vous acheter un frigo chez votre voisin compétiteur quand vous en vendez vous-mêmes?). Donc, théoriquement, la compétition ne devrait pas exister ou très peu. Cependant elle est bien là actuellement, pourquoi? Parce que, inconsciemment ou volontairement, c’est Desjardins qui se met elle-même en position de concurrence avec les banques, les assureurs, les gestionnaires de fonds, etc. sans en être vraiment obligée. En effet, elle possède un marché captif, de bons produits, une saine gestion et par-dessus tout elle appartient à ses clients/actionnaires. La seule raison véritable que je vois, c’est l’obsession de croissance à tout prix. C’est là l’erreur fondamentale. 

Devrions-nous continuer à contribuer à la croissance de Desjardins? Nous devrions plutôt soulager et récompenser ses millions de sociétaires qui ont adhéré au mouvement coopératif sans réellement bénéficier de l’extraordinaire actif accumulé surtout en ces temps extrêmes. Croissance et récompense sont des options qui doivent toutes deux être recherchées, mais pas au détriment l’une de l’autre. Distribuer une infime partie des surplus en ristournes, en subventions à quelques organisations de bienfaisance et en tirages au sort lors des assemblées annuelles, c’est bien, mais c’est plutôt une pure opération de marketing par rapport aux énormes surplus engrangés. D’autant plus que cet argent provient des sociétaires, versé sous forme de frais de service élevés, de taux hypothécaires souvent supérieurs aux banques et de rendements inférieurs sur les placements. 

Comment faire profiter cette richesse collective aux sociétaires et à l’ensemble des Québécois?

Tenant compte de tout le personnel compétent et diversifié qui est à l’emploi de Desjardins, il serait prétentieux de ma part de suggérer les meilleures avenues pour rentabiliser cette richesse tout en la redistribuant. Cependant, il serait essentiel de tenir compte des quatre priorités suivantes :

-Récompenser les utilisateurs par des réductions de frais, taux ou primes

-Favoriser les placements financiers dans une économie verte au Québec et mandater la Caisse de dépôt et placement pour ceux hors province ou Canada

-Participer financièrement aux projets majeurs initiés par le gouvernement, Hydro-Québec, filière de composantes d’auto électrique ou autres compagnies à projets majeures d’ici.

-Participer au propre financement de notre province comme le font déjà les quelques 172 000 clients d’Épargne Placements Québec pour un total d’investissement d’environ 12 milliards $. 

Ce n’est que ma vision, sûrement imparfaite, mais je crois qu’elle vaut la peine d’être analysée et peaufinée. À vous d’en juger! Nous avons le talent et les moyens de participer à la survie de notre planète.

Aux législateurs: ne serait-il pas le temps de réviser les lois qui régissent les coopératives qu’elles soient financières ou autres. À nous sociétaires/propriétaires de convaincre les décideurs de nos avoirs d’y réfléchir très sérieusement.

Merci de m’avoir lu, en espérant qu’il y aura des retombées positives pour tous. 

Laury Harvey

Plessisville