Le 1er mai dans les Bois-Francs (petite histoire)

Comme on le sait le premier mai est fête des travailleuses et des travailleurs. Cette journée commémore la lutte des ouvriers et des ouvrières dans le monde, vers la fin du 19 e siècle, pour l’instauration de la journée de huit heures (semaine de six jours).

Au Québec, c’est surtout au début des années 1970 qu’on a commencé à célébrer cette fête. Dans les Bois-Francs, à cette époque, sous la responsabilité du «Regroupement des travailleurs des Bois-Francs», on l’a aussi soulignée avec vigueur, entre 1973 et 1976. J’étais là comme un des animateurs du groupe.

Voici quelques faits de cette époque

En 1973, nous étions simplement allés à Québec en autobus, où j’accompagnais les travailleurs et travailleuses de l’abattoir avicole, aux prises avec un conflit de travail qui perdurait. On revendiquait alors la libération des trois chefs syndicaux (Pépin CSN, Laberge FTQ et Charbonneau CEQ). Pour la petite histoire, la principale revendication ayant conduit à ces emprisonnements était celle pour la fonction publique de 100 $ minimum par semaine.

En 1974, nous avions été modestes en défilant dans les rues de Victoriaville en automobile. C’était aussi la première année du journal «Le travailleur des Bois-Francs», un journal écrit par et pour les travailleurs, avec ou sans emploi,  et distribué dans les milieux de travail, syndiqués ou pas,  et les groupes coopératifs et populaires,  à 1500 exemplaires, environ.

En 1975, ce fut notre grosse année pour la célébration du 1er mai à Victoriaville. Pour le rassemblement, nous devions être entre 500 et 700 à avoir défilé sur la Grande rue de Victoriaville. Il faisait beau et le rassemblement prévu au sous-sol de l’église Saints-Martyrs s’était fait en partie sur les marches de l’église, vu un plus grand nombre de personnes que prévu.

Cette année là, des personnes des quatre centrales syndicales (CSD, CSN, CEQ, FTQ) avaient participé, en plus de ceux des groupes populaires-communautaires (sous la responsabilité de l’abbé Raymond Roy) , des nationalistes engagés de l’époque, puis des  étudiants du Cégep et des agriculteurs (regroupés par Jacques Baril, futur député). Notons aussi que c’est l’année où l’ONU avait décrété 1975, l’année internationale de la femme.

En 1976, nous avions encore regroupé environ 500 personnes. Ce fut une année où il y a eu beaucoup de conflits de travail, et pour cause (grève du meuble, de Vic Métal….). Les prix ne cessaient d’augmenter (parfois de 10% par année)  et on luttait pour l’indexation des salaires. Les groupes populaires étaient eux axés sur l’alternative, alors qu’on multipliait le nombre de coops alimentaires et de viande. Notre exploit de 1975 et 1976 fut d’occuper «symboliquement» le poste de radio, avec l’accord du propriétaire d’alors et d’exprimer nos revendications sur les ondes. Nous avions alors publié aussi un quatre pages d’information dans le journal local «l’Union des Cantons de l’Est».

En 1977 et après, il y eut encore des célébrations chez nous, mais de moindres envergures. Le rassemblement créé par le Regroupement des travailleurs des Bois-Francs n’existait plus. Le journal s’était dissout, infiltré par des intellectuels universitaires de l’extérieur de la région. Ce qui a suivi fut davantage une approche de division que de rassemblement. Dommage!

Moi c’est ce que je retiens, c’est cette approche de rassemblement que j’ai toujours eu à cœur y compris dans les années 80 où j’ai contribué à développer l’ACEF des Bois-Francs. Bien qu’on en parle moins aujourd’hui, le 1er mai demeurera toujours la fête de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs, peu importe leur milieu, leur origine, leur sexe, avec ou sans emploi. Et une fête aussi pour faire valoir  leur place individuelle et surtout collective, dans la société. Bravo à nous toutes et tous qui osons faire cela dans la sérénité ! OSONS! comme on le disait à l’ACEF, cela porte fruit!

Henri-Paul Labonté, retraité du communautaire