L’art de ne pas dramatiser, tout en étant sensible

Je suis l’actualité tous les jours. Je l’ai toujours fait. Souvent, de ce temps-ci (ce fut aussi le cas dans le passé), je trouve qu’on dramatise beaucoup. Aujourd’hui : les repas dans les CHSLD, la fillette de Granby, les CHSLD au début de la pandémie.

Je ne pense pas qu’on doit être insensible (il faut être sensible à tout ce qui porte atteinte à l’épanouissement de la vie humaine). Mais on doit éviter de généraliser, (ce qu’on ne fait pas). Par exemple, il ne me semble pas que les CHSLD du Centre-du-Québec aient vécu, au début de la COVID-19, ce qui s’est passé au CHSLD Héron. La bouffe est loin d’être excellente dans les CHSLD de ma région. Mais, je dirai-je, on bouffe facilement la « mal-bouffe »  « volontairement » et probablement davantage, depuis le début de la pandémie. Les gens en situation de pauvreté ne meurent pas de faim non plus.

Mais on doit être sensible, individuellement et collectivement. Bien sûr, une personne morte par manque de soins en est une de trop. Un enfant maltraité ou une femme agressée aussi. Je suis en contact avec des jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie, d’alcoolisme. Je me sens sensible à leur vécu.

ÊTRE SENSIBLE, on doit l’être par le partage (et pas juste avec les surplus de notre table), mais par des gestes d’aide et de soutien aussi. « Je partage ma santé avec ceux qui n’en n’ont pas », m’a dit un jour une personne en bonne santé qui aidait sa voisine  handicapée (lui pelleter son entrée enneigée dans ce cas-ci).

ÊTRE SENSIBLE, on peut aussi l’être par des gestes collectifs. Personnellement, j’ai fait partie de ceux qui ont œuvré à mettre sur pied la Sécurité alimentaire à Victoriaville, « dans un esprit de ne pas juger les gens qui en avaient besoin ». Parce que j’étais sensible à celles et ceux qui vivaient trop de problèmes en même temps dans leur vie (problèmes permanents ou temporaires).

ÊTRE SENSIBLE, on doit l’être aussi, en pensant et en soutenant des solutions d’amélioration. Il y a encore beaucoup à faire pour la réinsertion sociale, y compris au travail, des jeunes travailleurs en difficulté. Moi, personnellement, à Victo, je soutiens de tout coeur les organismes qui font patiemment de la réinsertion au travail. D’un autre côté, ces dernières années, j’ai vu pousser les résidences pour aînés (les gens, en particulier les personnes seules, les choisissent particulièment pour deux choses : la sécurité au niveau de leur santé et la sociabilité et ne plus se sentir seul). Je vois construire la première maison des aînés sur l’ancien terrain de l’IGA..on parle de plus de soins à domicile..Toutes des solutions!

Oui! Personnellement, je n’ai pas le temps pour dramatiser. Mais je suis sensible. Je bouge dans ce que je peux. (À 77 ans je peux encore…) Par exemple, je fais bien des choses en concordance avec la nature  dont celle qui reste à tout le monde : la marche. Ben oui! Je fais du soutien concret aussi. Et je jette quand même un bon regard sur ce qui peut être fait pour améliorer les choses.

Henri-Paul Labonté 

Victoriaville