Un journal étudiant abandonne le nom «McGill» en raison de l’esclavage

MONTRÉAL — Un journal étudiant de l’Université McGill a retiré le mot «McGill» de son nom, parce que le fondateur de l’établissement possédait des esclaves.

Madison Edward-Wright, directrice de la rédaction du journal étudiant qui s’appelait «The McGill Tribune», espère aussi que l’université montréalaise changera aussi son nom.

Mme Edward-Wright a indiqué vendredi que le comité de rédaction du journal étudiant avait pris la décision de s’appeler désormais «The Tribune» parce qu’il ne voulait pas continuer à honorer quelqu’un qui a réduit en esclavage des Noirs et des Autochtones.

«Ce n’est pas quelque chose qui correspond à nos valeurs en tant que journalistes et en tant qu’institution qui s’efforce d’exprimer les préoccupations des étudiants», a-t-elle expliqué en entrevue vendredi.

Le retrait de l’identifiant «McGill» du nom du journal contribuera également à créer une atmosphère accueillante pour les étudiants noirs, autochtones et d’autres groupes racisés, selon Mme Edward-Wright. «Il s’agit (aussi) d’encourager l’université à changer.»

Les appels lancés sur le campus pour que l’université change son nom n’ont pas eu beaucoup de succès, mais Mme Edward-Wright a déclaré que la récente transformation de l’université Ryerson en «Université métropolitaine de Toronto», en raison des liens de son homonyme avec le système des pensionnats pour Autochtones, montre qu’un changement est possible.

Elle a ajouté que le journal étudiant souhaite encourager l’université montréalaise à réfléchir au message qu’elle envoie en continuant à utiliser le nom de McGill, ajoutant qu’un changement de nom démontrerait l’engagement de l’école dans sa lutte contre le racisme.

Sur son site internet, l’université McGill reconnaît que son fondateur James McGill a été le propriétaire d’au moins cinq personnes noires et autochtones, dont deux enfants qui sont tous deux décédés vers l’âge de 10 ans. Ce riche marchand écossais faisait également le commerce de marchandises produites par des personnes réduites en esclavage. 

Mme Edward-Wright affirme qu’elle ne pense pas qu’un changement de nom effacerait la solide réputation internationale de McGill, fondée en 1821, en matière de recherche et d’enseignement supérieur.

À sa mort en 1813, James McGill a laissé une somme d’argent et 46 acres de terrain, au pied du mont Royal, pour la création d’un collège portant son nom, qui est devenu le campus principal de l’Université McGill, dans ce qui est aujourd’hui le centre-ville de Montréal.

L’université, qui n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire, avait retiré en 2021 une statue de McGill de son campus, après qu’elle a été vandalisée. Le retrait de cette statue avait déjà fait l’objet d’une pétition et de manifestations.

Mme Edward-Wright ne croit pas qu’un changement de nom de l’université affecterait la solide réputation internationale de McGill en matière de recherche et d’enseignement supérieur.

«Nous n’avons rien contre l’université elle-même, nous sommes très fiers des chercheurs et de tous ceux qui composent la communauté, car c’est bien de cela qu’il s’agit: une communauté», a-t-elle déclaré. Cette communauté existerait toujours si le nom de l’université était modifié, croit-elle. 

«Ce serait peut-être sous une autre étiquette, mais le travail, l’éthique du travail, le dévouement, tout cela resterait le même, parce que nous parlons toujours des mêmes personnes.»

Le journal étudiant «The Tribune» est juridiquement indépendant de l’Université McGill et ne reçoit aucun financement de l’établissement. 

Il est financé par des cotisations prélevées sur les frais de scolarité, qui doivent être approuvées par les étudiants lors d’un référendum tous les cinq ans. Le dernier référendum a eu lieu cette année, a précisé la rédactrice en chef.