Soulagement et tristesse dans un retour partiel après les feux à Halifax

HALIFAX — Des résidants dont les maisons ont survécu à l’incendie de forêt dans la région de Halifax disent que leurs émotions vont du soulagement d’avoir été épargné à la tristesse pour les voisins qui doivent reconstruire à partir de zéro.

Lindsay Lee a indiqué que lorsqu’elle est rentrée chez elle dimanche, son niveau d’anxiété a diminué, car elle a constaté que sa maison était en bon état, et qu’il y avait seulement de la nourriture réfrigérée qui avait dépéri.

Cependant, la militante écologiste de 32 ans a déclaré qu’elle était au fait d’habitants du secteur ayant perdu leurs maisons et leurs animaux de compagnie, et elle a affirmé que l’incendie de forêt l’avait convaincue de «redoubler» d’efforts pour faire pression en faveur de politiques visant à contenir le réchauffement climatique.

«Ce fut certainement une journée empreinte d’émotion. Nous sommes très soulagés que notre maison soit là, mais le cœur brisé pour les gens qui n’ont pas eu autant de chance, a-t-elle déclaré lors d’une entrevue lundi. Ça a été une semaine d’anxiété et de chagrin.»

Mme Lee, qui travaille à temps partiel avec le Sierra Club et est bénévole pour plusieurs autres groupes environnementaux, a soutenu que les conditions météorologiques dans la région devenaient beaucoup plus sèches, créant des conditions «hors normes» qui permettent aux incendies de se propager plus rapidement.

Alors qu’elle se réinstalle dans sa communauté, elle «se sent frustrée par le manque d’action réelle contre le changement climatique» et craint que la dépendance continue aux combustibles fossiles n’entraîne un réchauffement des températures et davantage d’incendies de forêt à l’avenir.

Des «jours difficiles à venir», dit Tim Houston

Le premier ministre Tim Houston a affirmé que la province se concentrait sur le retour des personnes évacuées chez elles le plus rapidement possible.

«Il y a de nombreux jours difficiles à venir, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. L’objectif est de vous ramener dans vos maisons. (Et) la météo nous a aidés à coup sûr.»

M. Houston a déclaré que le temps humide a permis à la province de libérer des bombardiers d’eau à envoyer au Québec. Et il a annoncé que la province et Ottawa égaleraient chacun les fonds de secours recueillis par la Croix-Rouge, un montant qui avait atteint 1,7 million $ lundi.

Stephen Hoskins a indiqué que sa maison était intacte, mais il attend avec impatience la permission de s’y rendre et d’évaluer si l’eau de son puits sera affectée.

L’homme de 46 ans a affirmé lundi qu’il connaissait deux résidants de sa rue qui avaient tout perdu, et il a déclaré que «cela frappera plus fort» lorsqu’il verra les décombres laissés dans son lotissement de Highland Park.

«Nous restons toujours chez des amis et ils ont été absolument merveilleux. Mais nous devenons un peu frustrés, impatients de revenir», a-t-il confié lors d’un entretien téléphonique.

Au plus fort des évacuations, plus de 16 000 personnes ont été forcées de quitter leur domicile au nord-ouest de Halifax, et la Ville a déclaré qu’environ 4886 personnes étaient toujours déplacées lundi. La Ville a indiqué qu’environ 151 maisons avaient été détruites dans l’incendie, mais n’a rapporté aucun mort ou blessé.

L’incendie dans la région de Halifax est maintenant contenu, avec une superficie estimée à 950 hectares, et la Ville de Halifax a déclaré qu’elle entre dans une phase de rétablissement, qui comprend des tests de qualité du sol et de l’air.

Pendant ce temps, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, l’incendie massif de Barrington Lake a continué de brûler de manière incontrôlable lundi, bien que de fortes pluies le week-end aient aidé à arrêter sa progression.

«Cela a été une semaine difficile et épuisante pour notre communauté», a déclaré lundi le bureau de gestion des urgences du comté de Shelburne East dans un communiqué, tout en soulignant la solidarité entre les résidants.

La région a reçu 77 millimètres de pluie au cours du week-end.

À l’aréna de Shelburne, des lits ont été installés pour les pompiers qui ont convergé vers la région depuis les États-Unis et Terre-Neuve-et-Labrador.

Dans la région du comté de Shelburne, on dit aux résidants qui retournent dans des zones précédemment évacuées de ne boire que de l’eau en bouteille jusqu’à ce qu’ils puissent vider leurs puits.

Les responsables des urgences ont déclaré que si l’eau avait une odeur inhabituelle, elle pourrait être contaminée par des produits chimiques de lutte contre les incendies ou des mazouts provenant de réservoirs endommagés.

Jackie Norrie, une résidante de Hammonds Plains âgée de 55 ans qui a dû évacuer les lieux la semaine dernière, a affirmé qu’elle comprenait que les contrôles de la contamination potentielle et les réparations des infrastructures puissent créer des retards.

Elle a dit qu’elle faisait maintenant partie du «groupe intermédiaire» de personnes qui n’ont pas perdu leur maison, mais qui ne peuvent pas encore revenir.

Pourtant, elle aspire à voir par elle-même que tout va bien. «J’ai juste hâte de voir ma maison de plus près pour voir s’il y a des dégâts. J’aimerais savoir si ça va», a-t-elle confié.

Un service de garde rasé par les flammes

La propriétaire d’une garderie en Nouvelle-Écosse détruite par les récents incendies de forêt regrette que les flammes aient consommé à la fois son gagne-pain et un morceau physique de l’histoire du XXe siècle.

Parmi les nombreux souvenirs et précieux objets de famille perdus dans l’incendie qui a ravagé la banlieue de Halifax, il y avait un morceau du mur de Berlin appartenant à Terri et Lutz Kottwitz. La plupart des biens du couple ont été détruits lorsque des incendies de forêt ont rasé leur maison à Hammonds Plains, ainsi que la garderie voisine ForestKids Early Learning Center appartenant à Terri Kottwitz.

L’incendie a également consumé d’autres souvenirs plus personnels de la patrie de son mari, l’Allemagne: du cristal ayant appartenu à sa mère, des objets de famille conservés du conflit Est-Ouest qui divisait autrefois le pays, des biens de l’enfance du couple et des souvenirs de l’enfance de leurs propres enfants.

Lorsque l’incendie a éclaté le 28 mai, Terri Kottwitz se trouvait dans son épicerie locale, à environ quatre kilomètres de chez elle, lorsqu’elle a vu de la fumée se répandre dans son quartier.

Elle a appelé son mari, qui est sorti pour jeter un coup d’œil et a d’abord pensé que la fumée provenait d’un incendie. Mais il a pris conscience rapidement de la véritable ampleur du brasier.

Au magasin, elle a rencontré une femme qui lui a raconté qu’elle avait dû fuir son secteur sans pouvoir récupérer des vêtements pour son enfant.

Dans l’heure qu’il a fallu pour rentrer chez elle, Mme Kottwitz a appris qu’elle devait aussi évacuer.

«Ce feu s’est déplacé rapidement. […] Il y avait tellement de vent ce jour-là», a-t-elle relaté.

Elle a attrapé son passeport, son certificat de naissance et quelques documents importants et a couru vers sa voiture avec ses quatre chiens.

Les Kottwitz séjournent actuellement dans un appartement auquel ils peuvent accéder jusqu’à vendredi et prévoient déménager dans un hôtel jusqu’à ce qu’ils puissent retourner dans une maison plus petite et plus proche de leur propriété. Terri Kottwitz s’est dite impressionnée du caractère apparemment aléatoire de la destruction, qui était généralisée, mais a laissé intacts certains bâtiments clés.

«[Le feu] a pris notre maison [principale], mais pas notre petite maison avec le grand garage de mon mari, a-t-elle indiqué. Il a pris le centre [de la garderie], mais pas les deux autres bâtiments qui étaient juste à côté du centre.»

Les hamacs, sacs de couchage et autres effets personnels des enfants ont également survécu à l’incendie. Les canetons, poulets et abeilles de la famille ont également été épargnés.

«Nous allons commencer à construire une nouvelle garderie dès que possible, bien que nous ayons un emplacement temporaire en ce moment», a dit Mme Kottwitz.

Avec des informations de Morgan Lowrie et Hina Alam