Réduire les taxes sur l’essence est une «mauvaise idée», assure Eric Girard

QUÉBEC — Réduire les taxes sur l’essence comme le demande le Parti conservateur d’Éric Duhaime est une «mauvaise idée», a déclaré le ministre des Finances, Eric Girard, vendredi.

Cette hausse du prix des carburants pourrait même aider le Québec dans sa transition énergétique, a-t-il laissé entendre. 

L’ancien ministre des Finances Carlos Leitao a évalué à entre 8 et 10 milliards $ supplémentaires l’augmentation des revenus du Trésor québécois, en taxes diverses et impôts, par rapport à ce qui était prévu l’an dernier. 

M. Duhaime a demandé au gouvernement de donner un répit en taxes aux automobilistes qui sont frappés durement par la hausse draconienne du prix de l’essence à la pompe.

À entendre Eric Girard vendredi matin à l’Assemblée nationale, on a vite compris que ce ne serait pas dans son budget qui sera déposé mardi prochain. 

«Mon Dieu! Quelle mauvaise idée!» a-t-il dit au cours d’un débat au Salon bleu, à propos de l’idée «d’un parti d’opposition» en prenant soin de ne pas le nommer. 

Il a laissé entendre que le prix élevé des carburants pourrait être positif: cela forcerait les consommateurs à changer leurs habitudes, ainsi le Québec pourrait réduire sa dépendance au pétrole et diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES), conformément à ses engagements internationaux.  

En outre, même si le Québec réduisait la TVQ ou la Taxe sur les carburants, cela ne se traduirait peut-être même pas par une baisse des prix à la pompe. 

«Les marges (bénéficiaires) des pétrolières pourraient augmenter», a argué le ministre. 

Le PQ propose une allocation

Le Parti québécois (PQ) craint également que les pétrolières maintiennent les prix actuels même avec une réduction de taxes, en encaissant la différence.    

«On est convaincu que les pétrolières vont seulement combler l’espace», a dit le député péquiste Martin Ouellet. 

Pour aider les ménages à faire face à la hausse du coût de l’essence et du coût de la vie en général, le PQ a plutôt proposé, vendredi matin, une allocation spéciale variable selon le revenu: 500 $ pour les personnes seules gagnant moins de 25 000 $ par an; 350 $ pour les personnes seules gagnant moins de 50 000 $; et 200 $ pour ceux qui gagnent moins de 70 000 $. 

QS 

À l’instar de la CAQ, Québec solidaire a aussi soutenu que c’était une «très, très mauvaise idée» de réduire les taxes sur l’essence. 

En conférence de presse en matinée, la députée Ruba Ghazal reconnaît que «ça coûte une fortune aux gens qui mettent de l’essence dans leur voiture», mais plaide plutôt pour qu’on «arrête d’en consommer» en électrifiant les transports.

8 à 10 milliards $

Le gouvernement engrange actuellement des revenus supplémentaires grâce à la hausse des cours du pétrole. 

«On va tous voir mardi, dans les documents du budget, que les revenus de l’État sont beaucoup plus élevés que ce qui avait été prévu en mars 2021», a affirmé le député libéral Carlos Leitao, un ancien ministre des Finances. 

«On est à peu près à entre 8 à 10 milliards $ de revenus non budgétés.»

En effet, chaque augmentation du prix du litre d’essence raffinée entraîne automatiquement une hausse des revenus de la TVQ, puisque la taxe correspond à 9,975 % du prix du litre, soit le même taux que pour les autres biens et services.  

«Ce serait un peu indécent que le gouvernement augmente ses revenus et profite de cette hausse (du prix des carburants)», avait affirmé Éric Duhaime la semaine dernière.

Il demandait au gouvernement caquiste d’imiter le gouvernement albertain de Jason Kenney qui a suspendu temporairement il y a près de deux semaines la taxe provinciale sur l’essence. 

Le PCQ veut que les consommateurs québécois n’aient plus à payer la TVQ sur le litre d’essence. Cela correspondrait à une baisse d’environ 20 cents le litre, selon lui.

Le Québec perçoit aussi une Taxe sur les carburants, un montant fixe de 19,2 cents, mais qui est réduite près des zones frontalières. Dans la région métropolitaine, une autre Taxe sur l’essence, établie à 3 cents, s’applique pour financer le transport en commun.