Québec annonce une première hausse de taxe sur le tabac en près de dix ans

MONTRÉAL — Les fumeurs paieront plus cher leurs cigarettes au Québec dès jeudi. Pour la première fois depuis 2014, Québec annonce une hausse de la taxe spécifique sur les produits du tabac. La décision a été publiée dans un bulletin d’information du ministère des Finances.

D’après le document émis mercredi par le ministère, la hausse s’élève à 8 $ pour une cartouche de 200 cigarettes. De manière plus détaillée, la taxe spécifique sur les cigarettes passe de 14,9 cents à 18,9 cents. Ce même prix s’applique aussi à la vente d’un gramme de tabac en vrac ou en feuille. Seule la taxe de 80 % sur la valeur des cigares demeure inchangée.

Le gouvernement dit agir ainsi «afin d’appuyer la Stratégie pour un Québec sans tabac 2020-2025» dont l’objectif est de réduire le taux de tabagisme à moins de 10 % d’ici 2025. Selon l’Institut de la statistique du Québec, 12 % des personnes âgées de 15 ans et plus dans la province fumaient la cigarette en 2020.

La Société canadienne du cancer (SCC) a salué le geste en parlant d’«un pas dans la bonne direction». L’organisme lutte activement contre le tabagisme puisqu’il est responsable de la moitié des cas de cancers évitables et de 30 % des décès par cancer.

Toutefois, le gestionnaire de l’équipe de la défense de l’intérêt public à la SCC, David Raynaud, souligne que le Québec reste la province canadienne qui impose le plus faible taux de taxation sur le tabac. La hausse de 8 $ couvre à peine un peu plus que l’inflation accumulée en neuf ans.

Avec cette augmentation, le Québec devrait récolter environ 37 $ par cartouche de cigarettes alors que l’Ontario réclame 45 $ et que la moyenne canadienne s’élève à 62 $. 

«C’est sûr qu’il va y avoir des gains. Toute augmentation de taxe sur le tabac dissuade des gens de se procurer des produits de tabac, prévoit M. Raynaud. Mais si on veut un impact plus fort, il faut se donner plus de moyens que ça et augmenter de manière plus significative la taxe.»

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac s’est montrée plus enthousiaste en disant applaudir une décision qui «va sauver d’innombrables vies». La porte-parole de la coalition, Flory Doucas, a soutenu par voie de communiqué qu’«il n’existe pas de mesure plus efficace que la taxation pour réduire le tabagisme».

Elle s’attend à ce que la hausse de prix crée un choc chez les consommateurs et favorise l’abandon du tabagisme en plus de décourager les plus jeunes de s’initier à la cigarette.

Dans un communiqué accompagnant son annonce, le gouvernement rappelle que 13 000 Québécois meurent chaque année des conséquences du tabac. On mentionne aussi que «les coûts de santé liés au tabagisme sont estimés à 3,8 milliards $ par année».

D’après une citation attribuée au ministre des Finances, Eric Girard, la hausse de la taxe spécifique devrait contribuer à la lutte contre le tabagisme «tout en minimisant l’impact sur les activités de contrebande».

De son côté, le ministre de la Santé, Christian Dubé, reconnaît que le tabagisme «demeure un important problème de santé publique» et que la taxation constitue l’une des mesures de prévention les plus efficaces.

L’Organisation mondiale de la santé soutient qu’une majoration de 10 % du prix des produits du tabac peut mener à une réduction du tabagisme de 4 % dans les pays à revenu élevé.

Dans un mémoire de la Société canadienne du cancer déposé lors des consultations prébudgétaires du ministre Girard, le mois dernier, l’organisme recommande une augmentation de la taxe spécifique sur le tabac suffisante pour rejoindre le niveau de l’Ontario.

L’organisme invite aussi le gouvernement à «instaurer le plus rapidement possible une taxe spécifique sur les produits de vapotage» en plus d’imposer un permis de vente pour les produits de tabac et de vapotage au coût de 365 $ par année. On recommande également d’exiger des «frais de recouvrement des coûts» de 30 millions $ aux compagnies de tabac pour compenser les dépenses liées à la stratégie de lutte contre le tabagisme.

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