«On va être obligé de laisser brûler Clova», dit François Legault

QUÉBEC — Les incendies de forêt continuent de faire rage dans plusieurs régions du Québec et la situation préoccupe le premier ministre François Legault. Le village de Clova, en Mauricie, ne pourra vraisemblablement pas être sauvé des flammes, a laissé tomber M. Legault lors d’un breffage technique avec les autorités de la sécurité publique et de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). 

«Malheureusement, on a perdu le contrôle. On va être obligé de laisser brûler Clova», a-t-il indiqué. 

Les 36 résidants du hameau situé dans la municipalité de La Tuque ont été évacués. 

«C’est une situation qui est plus que compliquée dans le coin de Clova», a ajouté le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel. 

Le premier ministre a fait le point sur les incendies de forêt lundi après-midi. 

Peu de temps après son point de presse, la SOPFEU a écrit sur sa page Facebook que «la dernière évaluation de la situation de Clova, où l’intensité du feu a dépassé la capacité de combat des avions-citernes, a permis de constater qu’aucune résidence du village n’a encore été détruite par le feu. Certains chalets pourraient cependant avoir été brûlés».

«Même si le combat des avions-citernes a été abandonné, la SOPFEU tente présentement de protéger le village par du travail au sol et de l’arrosage héliporté. Cependant, la situation est critique et la SOPFEU pourrait éventuellement être obligée de retirer ses équipes pour leur sécurité», poursuit-on. 

Daniel Lanthier, qui travaille à la Pourvoirie du Lac Tessier, située à Clova, était sur place dimanche soir. Il est régulièrement en contact avec les sept personnes qui sont toujours à la pourvoirie pour empêcher que le feu n’atteigne les bâtiments. 

«La mauvaise nouvelle dans tout cela, c’est que la SOPFEU a décidé que c’était la dernière journée où ils pouvaient faire quelque chose parce que le feu a trop gagné en intensité. C’est devenu trop dangereux pour les pompiers», a-t-il déclaré en entrevue. 

M. Lanthier a dit comprendre leur décision. «Mais s’ils abandonnent ce feu en pensant qu’il est trop dense et trop dangereux pour leurs pompiers, si les vents se lèvent et que ça se met à tourner de notre côté, c’est nous qui allons écoper, malheureusement.»

Au courant de la fin de semaine, M. Lanthier a constaté que la situation a empiré. Il a expliqué que l’incendie était d’abord sur la route 91 du côté est, mais qu’il se dirigeait vers Clova. Selon ses contacts sur place, le village n’est pas encore la proie des flammes. 

«Quand je suis parti dimanche soir, il y avait deux équipes de la SOPFEU, une équipe qui s’occupait de la ligne électrique qui passe tout près de la pourvoirie, et une équipe qui surveillait Clova», a-t-il raconté. 

La SOPFEU a prêté du matériel à la pourvoirie, notamment des pompes pour puiser de l’eau du lac. «Malheureusement, comme la SOPFEU m’a dit, ils manquent de matériel, car ils sont allés donner un coup de main en Alberta. Les avions sont revenus, mais pas tout le matériel», indique-t-il. 

Les propriétaires ne veulent pas quitter les lieux tout de suite. Ils ont fait un coupe-feu eux-mêmes pour protéger le domaine et arrosent régulièrement les bâtiments. M. Lanthier a dit que les gens à la pourvoirie travaillent souvent jusqu’à 3h du matin pour protéger les lieux. «On continue de se battre. Le moral est bon, on essaie de sauver les meubles.» 

10 000 personnes évacuées

La situation des incendies continue d’être préoccupante particulièrement en Abitibi, car il n’y aura pas de pluie pour les cinq prochains jours. Également, plusieurs feux continuent de faire rage sur la Côte-Nord. On surveille particulièrement les villes de Lebel-sur-Quévillon et de Sept-Îles.

«Il y a à peu près 10 000 personnes qui ont été évacuées sur la Côte-Nord et en Abitibi», a affirmé M. Legault. 

Le premier ministre a dit que la situation était «vraiment exceptionnelle» et qu’on pouvait sûrement faire un lien avec les changements climatiques. 

«On en a pour l’été»

«Si on veut s’assurer que tout soit éteint et qu’éventuellement la forêt cesse de brûler partout, on en a pour l’été», a expliqué M. Legault. 

Une centaine de pompiers des États-Unis et un nombre similaire en provenance de la France doivent venir porter main-forte au Québec prochainement. Des renforts pourraient aussi venir d’ailleurs. «On parle avec le Costa Rica, le Portugal, le Chili et d’autres pays», a indiqué le premier ministre. 

«Malheureusement, on ne peut pas compter sur l’Ontario, l’Alberta ou la Colombie-Britannique qui ont leurs propres problèmes.»

Plus de 160 incendies sont actifs sur le territoire du Québec, mais ce nombre fluctue beaucoup et rapidement.

En ce moment, Québec n’a pas les ressources pour combattre plus de 30 feux en même temps. 

Les examens du ministère seront reportés dans les écoles fermées en raison des incendies.Également, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dit que cela pourrait être nécessaire dans d’autres écoles. «Dans le cas de Lebel-sur-Quévillon, on est en train d’évaluer la forte possibilité que les examens du ministère soient repris», a-t-il dit.