Mort de deux Autochtones en cellule: des images vidéo à l’enquête du coroner

Sur des images prises dans l’unité des cellules du poste de police de Thunder Bay, les heures précédant la mort d’un Autochtone, on voit le détenu tendre la main pour demander à boire, allongé et bougeant avec peine.

L’enquête du coroner a permis de visionner mercredi les images de Donald Mamakwa, 44 ans, seul dans une cellule du quartier général du Service de police de Thunder Bay, en 2014, peu de temps avant sa mort de complications du diabète et de septicémie. Une cause de décès, selon le procureur de l’enquête, qui était probablement évitable s’il avait été transporté à l’hôpital.

Sur ces images, muettes, on voit M. Mamakwa tendre son bras entre les barreaux de la cellule, tenant une boîte de jus. Selon le procureur, cette séquence corrobore le témoignage d’un autre homme qui était détenu ce soir-là. Il a déjà déclaré aux enquêteurs que M. Mamakwa lui avait demandé à boire, mais qu’il n’avait pas pu l’aider.

L’enquête conjointe du coroner porte sur la mort de M. Mamakwa, mais aussi sur celle de son oncle Roland McKay, âgé de 50 ans, décédé trois ans plus tard, en 2017. Les deux Autochtones sont morts de problèmes de santé alors qu’ils étaient sous la garde de la police de Thunder Bay sans avoir été évalués par des médecins. Ils étaient en cellule pour ivresse publique présumée.

Dans une autre séquence, on voit un constable du poste de police déposer par terre une boîte de jus pendant que M. Mamakwa est allongé sur le lit. L’agent pousse le contenant avec son pied gauche vers le détenu, qui semble ensuite boire le jus en position allongée.

De nombreuses séquences montrent le détenu couché. Dans d’autres, il est assis et se balance d’avant en arrière, semblant respirer fortement, se tenant la poitrine et luttant pour se tenir debout, peu de temps avant de mourir, dans la nuit du 3 août 2014.

Dans une autre séquence, on voit un policier venir constater son état, après sa mort, puis d’autres personnes en uniforme entrer dans la cellule.

Au premier jour des audiences, mardi, le procureur avait indiqué aux jurés que les deux hommes auraient peut-être pu survivre s’ils avaient été transportés à l’hôpital. Il a indiqué que l’enquête permettra de conclure que M. Mamakwa aurait eu 97 % de chances de survivre s’il avait été transporté à l’hôpital cette nuit-là.

Les familles des deux hommes ont témoigné mardi de leur douleur, sachant qu’ils n’avaient pas été transportés à l’hôpital pour se faire soigner.

L’enquête examine également comment le racisme et les préjugés peuvent avoir affecté les interactions des premiers intervenants avec les deux hommes.

Un expert médical a commencé à témoigner mercredi sur le racisme subi par les Autochtones et les interactions difficiles avec le système de santé.