Les conservateurs veulent faire «chop, chop, chop», illustrent les libéraux

OTTAWA — Les libéraux ont peut-être trouvé leur formule accrocheuse pour faire contrepoids à celle des conservateurs qui les accusent à chaque période des questions depuis l’élection de leur chef, Pierre Poilievre, il y a un mois, de vouloir «tripler, tripler, tripler» la taxe sur le carbone.

«Les conservateurs ont eu dix ans et qu’est-ce qu’ils ont fait, monsieur le président? Ils ont fait « chop, chop, chop » à tous les appuis pour tous les Canadiens», a envoyé lundi le ministre du Tourisme et ministre associé des Finances, Randy Boissonnault, au lieutenant conservateur pour le Québec, Pierre Paul-Hus.

La réplique a provoqué des rires dans les banquettes du gouvernement. «Chop, chop, chop, I’ll remember that» (je vais m’en souvenir), a immédiatement signalé le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui réagissait en anglais aux propos de son collègue assis à sa gauche.

Dès sa question initiale, Pierre Paul-Hus réclamait que le gouvernement Trudeau admette que de «tripler la taxe sur le carbone» est une mauvaise idée et que cela augmente le coût de la vie.

Le ministre lui a alors répondu que le budget fédéral envoie aux Canadiens le message qu’ils peuvent compter sur le gouvernement libéral pour gérer leur argent de façon responsable.

«Il est malheureux que les conservateurs veuillent couper notre pension de vieillesse et veuillent couper tous nos supports pour les aînés, a poursuivi M. Boissonnault. Ils veulent couper les supports pour les soins dentaires. Ils veulent couper les supports pour le logement.»

M. Paul-Hus lui a alors dit être «absolument d’accord (…) parce que les conservateurs veulent couper la taxe sur le carbone» et éviter une augmentation des taxes et impôts l’an prochain.

Les conservateurs reprochent aux libéraux de vouloir «tripler, tripler, tripler» le prix du carbone, ce qui touche, énumèrent-ils, l’essence, l’épicerie et le chauffage, ce qui ferait mal aux ménages qui luttent déjà contre l’inflation – ou la «Justinflation», comme ils disent.

Le gouvernement répond que les conservateurs savent bien que Justin Trudeau n’a pas provoqué l’inflation mondiale et qu’ils ont inventé le «narratif» que les libéraux triplent le prix du carbone pour des «clics».

Le coût de l’inaction face aux changements climatiques est énorme, a indiqué le bureau du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, ajoutant que le prix du carbone ne touche pas la nourriture.

Les conservateurs affirment également que les hausses annuelles des taux de cotisation au régime de pension du Canada et à l’assurance-emploi constituent des augmentations de taxes et d’impôts.

Les Canadiens qui paient le prix fédéral sur le carbone reçoivent un paiement annuel «d’incitation à l’action climatique». Les montants varient selon la province en fonction de la taxe sur le carbone estimée que les consommateurs paieront cette année. Les paiements annuels pour une famille de quatre peuvent atteindre 745 $ en Ontario, 832 $ au Manitoba, 1079 $ en Alberta et 1101 $ en Saskatchewan.

La taxe sur le carbone s’applique aux combustibles fossiles, mais pas aux sources d’énergie à faible émission ou sans émission. Les remboursements couvrent plus que le coût supplémentaire de la taxe pour environ huit familles canadiennes sur dix, selon le gouvernement.

Le prix du carbone est maintenant de 50 $ par tonne d’émissions produites, ce qui ajoute 0,11 $ au litre d’essence, 0,13 $ au litre de diesel et 0,10 $ au mètre cube de gaz naturel. La redevance augmentera de 15 $ la tonne chaque année jusqu’en 2030, ajoutant 3,3 cents supplémentaires au litre d’essence par an.

Le Québec, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, les Territoires du Nord-Ouest, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick ont chacun leur propre système de tarification du carbone et sont exemptés du programme fédéral.