Le mouvement des membres supérieurs a été rétabli après un AVC

MONTRÉAL — Des médecins américains ont réussi à rétablir le mouvement des membres supérieurs de deux patients laissés lourdement handicapés par un accident vasculaire cérébral, lors de ce qui est présenté comme la première expérience en son genre.

Sous la lésion, écrivent les chercheurs des universités de Pittsburgh et Carnegie Mellon dans Nature Medicine, «les circuits spinaux qui contrôlent le mouvement restent intacts et pourraient être ciblés par les neurotechnologies pour restaurer le mouvement».

Les chercheurs ont eu recours à des implants déjà utilisés dans le traitement de la douleur chronique. Des électrodes placées à la surface de la moelle épinière envoient des impulsions électriques aux nerfs responsables du contrôle du bras et de la main. Cela a pour effet d’amplifier les signaux qui proviennent du cerveau, mais qui sont maintenant devenus trop faibles pour être efficaces.

«La grande première, c’est vraiment d’utiliser ces stimulations pour des accidents vasculaires cérébraux», a dit Marina Martinez, qui est chercheuse régulière à l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal et professeure au département de neurosciences de l’Université de Montréal.

«En réalité, on simule la moelle épinière pour des blessures qui ont lieu dans des structures distantes, notamment le cerveau. Donc c’est là où c’est vraiment quelque chose d’assez nouveau.»

Au bout de quatre semaines, des améliorations avaient été constatées en ce qui concerne la force musculaire, la dextérité et l’amplitude des mouvements. Une patiente traitée était par exemple en mesure d’accomplir des tâches aussi fines que tourner une clé dans une serrure ou couper sa nourriture avec une main qui était auparavant inutilisable.

On entend habituellement parler de tels progrès quand vient le temps de rétablir le mouvement des membres inférieurs de patients qui ont subi une blessure à la colonne vertébrale. Réussir le même exploit après un AVC en ciblant les membres supérieurs est une tâche nettement plus complexe, notamment en raison du nombre de nerfs qui doivent être stimulés pour provoquer un mouvement.

«Certains mécanismes sont assez similaires aux blessures de la moelle épinière, mais d’autres ne le sont pas», a commenté Mme Martinez, qui dirige également son propre laboratoire spécialisé dans la compréhension des bases neuronales de la récupération sensorimotrice dans des modèles animaux d’atteintes médullaires.

Au lieu d’une lésion médullaire qui interrompt les signaux entre le cerveau et le corps, a-t-elle précisé, on parle ici d’une lésion survenue directement au cerveau.

L’effet des implants est toutefois temporaire et cesse dès qu’ils sont retirés, même si les chercheurs rapportent dans leur étude que les patients ont conservé «certaines améliorations même sans stimulation».

Il s’agit pour le moment d’une piste très intéressante à explorer dans le cadre de la réadaptation de ces patients, estime Mme Martinez.

L’idée, a-t-elle dit, n’est pas de les «laisser sous stimulation à vie». On cherche plutôt à obtenir des effets bénéfiques à long terme «sur les mécanismes qui permettent la compensation motrice» quand on met fin à la stimulation.

Lorsque le patient a subi une blessure incomplète et que des voies résiduelles persistent entre le cerveau et la moelle épinière, a précisé la chercheuse, ces stimulations peuvent permettre de «recruter ces voies-là pour permettre (au patient) de se réorganiser sur du long terme».

Elle considère que la même stratégie pourrait un jour être utilisée dans le traitement d’autres traumatismes neurologiques, comme les commotions cérébrales.

«Je pense que c’est une avenue très prometteuse pour essayer d’aller cibler ces mécanismes de récupération là», a conclu Mme Martinez.