Le chef néo-démocrate veut un retour au Parlement durant le sursis sur les tarifs

MONTRÉAL — Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) demande une fois de plus au gouvernement Trudeau de rappeler le Parlement fédéral afin d’adopter rapidement des mesures d’aide pour les travailleurs qui subiraient les contrecoups d’une guerre commerciale avec les États-Unis.

Lundi, le président américain Donald Trump a décidé de repousser au moins jusqu’au 4 mars l’application de ses tarifs de 25 % sur les importations canadiennes, après avoir conclu un accord avec le premier ministre Justin Trudeau lors de deux appels téléphoniques.

Selon Jagmeet Singh, Ottawa doit profiter de ce sursis pour préparer sa défense et sa riposte.

«Avec la pause, je veux qu’on rappelle que la bataille n’est pas finie. On doit prendre ce temps pour se préparer parce qu’on ne sait pas ce qui va arriver après les 30 jours», a-t-il dit mardi midi, lors d’un point de presse à Montréal.

Cette préparation passe notamment par la fin de la prorogation du Parlement afin de «mettre en oeuvre un ensemble de mesures pour aider les travailleurs» qui seraient potentiellement touchés par les tarifs, a soutenu le chef néo-démocrate.

«On doit mettre en place des protections dès maintenant, au cas où Donald Trump va de l’avant avec des tarifs», a-t-il expliqué.

M. Singh a ainsi réitéré sa demande de la semaine dernière. Il a dit alors être prêt à maintenir sa confiance dans le gouvernement jusqu’à la fin mars si ce dernier présentait un projet de loi pour appuyer les travailleurs.

Rappelons que Justin Trudeau a prorogé en début d’année le Parlement jusqu’au 24 mars. Cette pause parlementaire a pour but de permettre au Parti libéral du Canada de choisir son prochain chef le 9 mars et de s’assurer que le gouvernement minoritaire ne soit pas renversé avant cette date.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a aussi réclamé aux libéraux de rappeler dès maintenant le Parlement afin d’adopter un plan mettant «le Canada d »abord».

«Ce n’est pas le moment de rester les bras croisés. Nous devons travailler d’urgence pour renforcer l’économie du Canada et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que ces tarifs ne soient jamais appliqués», a-t-il écrit sur le réseau social X lundi.

Montrer la force

Tenant son point de presse dans une épicerie locale du sud-ouest de Montréal, M. Singh a encouragé la population à acheter les produits québécois et canadiens, et à boycotter les produits américains. Il a également appelé le fédéral à revoir ses règles d’achats pour favoriser les entreprises canadiennes où les travailleurs sont syndiqués et bien rémunérés.

Le chef néo-démocrate se montre peu enclin à l’idée d’offrir de nouvelles concessions au locataire de la Maison-Blanche afin d’éviter des barrières douanières supplémentaires. Il estime que le Canada doit user de la force.

«Donald Trump est un intimidateur. Et la seule chose qui fonctionne avec les intimidateurs, c’est la force. On doit montrer qu’on est prêt à se battre contre les tarifs, qu’on est prêt à défendre notre pays», a déclaré M. Singh.

D’après lui, l’approche qui fonctionnera pour faire reculer le républicain, comme dans le passé, est l’application de tarifs de rétorsion ou de cibler certains de ses alliés comme Elon Musk et ses entreprises.

M. Singh estime «qu’il n’y a pas de concessions à faire avec la frontière» pour répondre à une fausse affirmation de M. Trump concernant la quantité de fentanyl qui circule du Canada vers les États-Unis.

Moins de 1 % du fentanyl entrant aux États-Unis provient du Canada, selon des données avancées par le ministre fédéral de la Sécurité publique, David McGuinty.

M. Trudeau a annoncé lundi avoir présenté à M. Trump le plan du gouvernement fédéral visant à sécuriser la frontière et à lutter contre la production et le trafic de cette drogue de synthèse. De nombreux éléments de ce plan ont été annoncés en décembre et certains aspects nécessiteront des modifications législatives adoptées par le Parlement.

— Avec des informations de Sarah Ritchie