Le 107e congrès mondial d’espéranto met en vedette les langues autochtones

MONTRÉAL — «Saluton Montrealo!»

Le 107e congrès mondial d’espéranto a ouvert ses portes samedi à Montréal, une première pour la métropole ― et pour le Québec.

L’espéranto, créé au 19e siècle et inspiré d’une multitude de langues, se veut un moyen de communication mondial. Ses adeptes soutiennent que l’espéranto est politiquement et culturellement neutre, comme il n’est la langue nationale d’aucun pays. Sa construction artificielle, sa régularité et la racine souvent reconnaissable de ses mots le rendent aussi relativement facile à apprendre.

Avec le thème de cette année, «Langue, vie, terre: la Décennie des langues autochtones», plusieurs conférenciers experts de la conservation et de la revitalisation de ces langages sont attendus au congrès organisé par l’Association mondiale d’espéranto (AME), et qui se déroule dans un pavillon de l’Université du Québec à Montréal.

Le mouvement espérantiste «a une sensibilité particulière pour tout ce qui est droits linguistiques et culturels» des minorités, a expliqué le vice-président du comité organisateur local, Nicolas Viau, en entrevue téléphonique. Il porte un message «de tolérance, d’égalité entre les langues et les cultures».

Pour souligner la reconnaissance des cultures autochtones, l’AME a annoncé le parrainage symbolique de Georges Sioui, historien et philosophe wendat et professeur à l’Université d’Ottawa.

Les participants pourront aussi, au cours de la semaine, participer à une multitude d’activités, comme assister à des conférences sur d’autres sujets, à une pièce de théâtre originale et à une remise de prix littéraires. Ils auront de plus l’occasion d’acheter des livres en espéranto et de s’entretenir avec des gens provenant «de dizaines de pays».

En tout, «plus de 800» personnes se sont inscrites, a indiqué M. Viau, mais plusieurs risquent de ne pas pouvoir poser le pied au Canada à cause de retards dans l’approbation des visas provenant du gouvernement fédéral.

Un rêve international

L’espéranto a été inventé par Louis-Lazare Zamenhof en 1887, dans une région de l’empire russe qui deviendra plus tard la Pologne.

«Il vivait dans un monde qui était assez fractionné culturellement» où les différents groupes ― russes, polonais, juifs, etc. ― «communiquaient peu ou mal», a expliqué M. Viau. Mais avec cette langue, «tout le monde est sur un pied d’égalité».

Sur son site internet, l’AME dit avoir «des associations nationales dans 70 pays et des membres individuels dans 120 pays». Le nombre réel d’espérantophones est plus difficile à évaluer, comme beaucoup de gens l’apprennent directement via internet.

Malgré que seulement une minorité des habitants de la terre connaissent la langue, le fait qu’ils soient dispersés un peu partout crée «vraiment une expérience internationale différente», surtout lorsque l’on voyage et que l’on contacte les chapitres locaux, a souligné M. Viau.

«L’espéranto a construit sa propre culture originale avec le temps», avec des œuvres littéraires, musicales et cinématographiques, a-t-il souligné.