L’astronaute Jeremy Hansen répond aux enfants, à 100 jours du lancement d’Artemis II

LONGUEUIL — L’astronaute canadien Jeremy Hansen s’apprête à se lancer dans une mission spatiale historique et lointaine vers la Lune. Il a avoué à des élèves curieux que, même si l’inconnu est une perspective effrayante, certains risques en valent la peine.

L’astronaute a été interrogé sur ses craintes par des élèves de 5e et 6e année de l’école primaire Saint Jude, sur la Rive-Sud de Montréal, au sujet de la mission Artemis II autour de la Lune.

«Ce qui m’aide, c’est que j’ai appris à me faire confiance et à faire confiance aux autres», a déclaré M. Hansen, 49 ans, originaire de London, en Ontario, au siège de l’Agence spatiale canadienne à Longueuil.

«Je n’ai aucune garantie quant au résultat: on peut mourir dans l’espace comme on peut mourir ici sur Terre, mais je crois que nous avons été très intelligents dans notre approche», a-t-il ajouté. Le Canadien et ses coéquipiers astronautes de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) pourraient effectuer leur voyage aller-retour autour de la Lune d’environ dix jours dès le mois de février 2026.

La première mission habitée du programme Artemis est également la première mission lunaire d’astronautes depuis la dernière mission Apollo en 1972, et la toute première mission spatiale de Jeremy Hansen.

M. Hansen deviendrait le premier non-Américain à voyager au-delà de l’orbite terrestre basse.

L’équipe, composée des astronautes chevronnés de la NASA Reid Wiseman, Victor Glover et Christina Koch, s’entraîne depuis plus de deux ans et voyagera à bord du vaisseau spatial Orion qu’ils ont baptisé «Integrity».

Des plans, des solutions de secours et des mesures d’urgence sont en place, a expliqué M. Hansen aux étudiants. L’issue la plus probable sera un amerrissage dans l’océan Pacifique.

«Mais nous savons aussi qu’il existe un risque, a souligné M. Hansen. Il ne faut pas oublier que, si vous prenez des risques dans la vie, il faut qu’ils soient justifiés, et nous pensons que ce risque l’est.

«Nous pensons que cela fait avancer l’humanité et que nous devrions donc le prendre», a affirmé l’astronaute.

La mission Artemis II est «un véritable tremplin vers de futures missions», a déclaré M. Hansen. Artemis III vise à faire atterrir des astronautes sur la Lune pour la première fois depuis plus de 50 ans, cette fois au pôle Sud.

La NASA prévoit également une mission Artemis IIII pour commencer l’assemblage de la station spatiale lunaire Gateway, un petit avant-poste qui orbiterait autour de la Lune et serait équipé du bras robotique Canadarm 3.

Jeremy Hansen a souligné que le Canada a mérité sa place grâce à son ambition et à sa vision. Diverses contributions robotiques, comme le bras robotique Canadarm, ont ouvert la voie à la participation d’astronautes canadiens à des missions.

M. Hansen a dit que la Station spatiale internationale (ISS) célèbre une étape importante cette année: 25 ans de présence humaine continue à bord de la station orbitale, située à environ 400 kilomètres au-dessus de la Terre.

La Lune représente un autre défi en matière de ravitaillement. La mission de Jeremy Hansen à bord d’un vaisseau spatial de la taille d’une autocaravane implique que les fournitures doivent tenir dans des espaces restreints.

«Si l’objectif est d’aller sur la Lune et d’y rester, d’y établir une colonie permanente ou des stations spatiales autour de la Lune, la distance est mille fois plus grande que celle de la Station spatiale internationale», a expliqué M. Hansen.

«Si l’humanité vise Mars, cette distance est mille fois plus grande que celle de la Lune», a-t-il ajouté.

Quant à une question d’un étudiant sur les denrées alimentaires: «Si nous allons dans l’espace et que la nourriture n’est pas chargée, ce sera une grave erreur et nous aurons de gros problèmes», a plaisanté l’astronaute canadien.

M. Hansen était accompagné de la ministre fédérale de l’Industrie, Mélanie Joly, qui effectuait sa première visite à l’agence depuis sa nomination à la tête du ministère.

Mme Joly a assuré qu’il s’agissait d’un moment clé pour l’agence spatiale, car le Canada prévoit d’augmenter ses dépenses de défense au cours de la prochaine décennie.

Il s’agit notamment de faire face aux menaces qui pèsent sur le pays, mais aussi aux menaces sanitaires, aux pandémies, aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, comme des incendies de forêt, a-t-elle dit.