La victoire de Poilievre peut être une source de motivation pour le PCQ

MONTRÉAL — La récente victoire de Pierre Poilievre lors de la course à la direction du Parti conservateur du Canada peut être une source de motivation pour les militants du Parti conservateur du Québec et son chef Éric Duhaime.

Par exemple, Sylvie Trottier reconnaît avoir sauté de joie lorsqu’elle a appris que M. Poilievre était devenu chef du PCC en obtenant 68 % des points dès le premier tour de scrutin.

Ardente partisane du Parti conservateur du Québec, Mme Trottier dit que M. Poilievre l’avait conquise en visitant les opposants aux mesures de la santé publique visant à lutter contre la COVID-19 lors de leur occupation de la capitale nationale pendant l’hiver dernier.

«[M. Poilievre] partage plusieurs idées avec M. Duhaime, souligne-t-elle. Il veut s’occuper du peuple. Il est pour la liberté d’expression et pour les libertés individuelles. Cela va créer une vague pour les conservateurs au Québec.»

Candidate du PCQ dans la circonscription montréalaise de Hochelaga-Maisonneuve, Louise Poudrier dit que sa formation a les mêmes valeurs que celles de M. Poilievre, notamment au chapitre de la liberté d’expression et d’une intervention réduite de l’État.

«Pour les membres de l’alliance conservatrice, la victoire de M. Poilievre est un bon signe. C’est très encourageant pour nous, dit-elle. Cela signifie que nous ne sommes pas les seuls à partager ces valeurs.»

Frédéric Boily, spécialiste des scènes politiques canadienne et québécoise de l’Université de l’Alberta, croit lui aussi que les résultats de la course à la direction du PCC représentent «une bonne nouvelle pour Éric Duhaime, car cela renforce son message qui a des similitudes avec celui de M. Poilievre».

Le Pr Boily souligne que les deux chefs conservateurs ont profité du mécontentement provoqué par les mesures de santé publique. Et même si la plupart d’entre elles ont été retirées, l’insatisfaction demeure, ajoute-t-il.

«Cela a créé les conditions pour un certain type de message politique voulant que l’État soit allé trop loin, que l’État dépense trop, que l’État s’endette.» Selon lui, l’inflation a aussi contribué au mécontentement contre le gouvernement.

M. Poilievre et M. Duhaime appuient tous deux le projet d’exportation de gaz naturel liquéfié Énergie Saguenay. Au lendemain de la victoire du premier, le second avait souligné leur commun accord sur le sujet. Il avait aussi décrit M. Poilievre comme un ami de longue date qui l’avait aidé lors de sa campagne électorale infructueuse en 2003.

M. Duhaime, candidat pour l’Action démocratique du Québec — l’ancêtre de la CAQ actuelle — avait alors terminé au troisième rang dans la circonscription de Deux-Montagnes.

«Nous nous comprenons sur plusieurs sujets», a-t-il lancé aux journalistes. M. Duhaime dit être un membre du PCC, même si les deux formations ne partagent officiellement aucun lien.

Pierre Poilievre est arrivé premier dans 72 des 78 circonscriptions du Québec lors du scrutin conservateur.

Pour Frédérick Guillaume Dufour, professeur au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal, il s’agit d’un résultat surprenant dans la mesure où la province n’appuie généralement pas les politiciens sarcastiques ayant un penchant pour les idées libertariennes comme M. Poilievre

«Cela démontre qu’il y a place pour les idées plus populistes et plus libertariennes dans la province. À l’heure actuelle, c’est Éric Duhaime qui occupe ce créneau sur la scène politique», dit-il.

Malgré le résultat impressionnant remporté par M. Poilievre au Québec, les deux universitaires se demandent si celui-ci est bien connu des Québécois en dehors des cercles conservateurs.

Les récents sondages laissent présager une écrasante victoire de la Coalition avenir Québec aux élections du 3 octobre. Son avance est d’au moins 20 points de pourcentage sur son plus proche rival. «La droite québécoise demeure incarnée par la Coalition avenir Québec», fait valoir le Pr Boily.