Enfants au travail: Boulet accepte l’avis du CCTM de mener une réflexion approfondie

Québec mènera une «réflexion approfondie» sur le travail des enfants, comme le lui conseille le Comité consultatif du travail et de la main-d’oeuvre (CCTM) dans un avis obtenu par La Presse Canadienne.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, avait sollicité l’avis du CCTM à la suite d’une série de reportages, selon lesquels les enfants de 11 à 14 ans étaient de plus en plus nombreux à intégrer le marché du travail. 

Ce phénomène nouveau, lié à la pénurie de main-d’oeuvre, «apporte son lot de préoccupations et réflexions», concède le CCTM, qui réunit les principales organisations syndicales et patronales du Québec.

«Les organisations (…) souhaitent s’assurer que le travail des enfants et des jeunes ne compromette, en aucun cas, leur éducation ni ne nuise à leur santé ou à leur développement physique ou moral.

«Les préoccupations actuelles quant au travail des enfants et des jeunes sont réelles et elles requièrent une réflexion large et globale pour l’ensemble des milieux de travail», écrit-on.

En entrevue téléphonique mardi, M. Boulet a déclaré que le travail des enfants doit être vu comme quelque chose d’«exceptionnel». Il accepte la recommandation du CCTM de passer en revue la législation existante. 

«J’ai demandé à mon équipe du ministère de faire l’inventaire de toutes les dispositions (…) qui concernent le travail des enfants. Après, je vais faire une comparaison avec les législations dans d’autres provinces.

«On va faire une analyse d’impact, puis on va déterminer la nécessité ou non de parfaire nos articles de loi», a affirmé le ministre, qui ne se donne pas d’échéancier précis.

Le Québec n’impose pas d’âge minimum pour travailler, contrairement à d’autres provinces. En Colombie-Britannique, par exemple, l’âge minimum est récemment passé de 12 à 16 ans, sauf exceptions.

Pas trop «paramétrique»

Mais attention, dit Jean Boulet. Cela ne veut pas dire que le Québec fait figure de cancre au Canada; plusieurs articles «éparpillés» dans les lois québécoises régissent déjà le travail des enfants. 

Il rappelle qu’une personne de moins de 14 ans doit avoir le consentement de ses parents, et qu’un jeune de 16 ans ou moins qui n’a pas obtenu de diplôme ne peut travailler durant les heures de classe.

«Il y a aussi un règlement (…) qui prévoit que tu dois avoir au moins 16 ans pour conduire un chariot élévateur; au moins 18 ans pour faire des travaux de sautage; (…) aller sous terre, c’est au moins 18 ans», énumère-t-il.

«Le travail des enfants, il est pas mal réglementé au Québec. Tout ce qui est dangereux, tout ce qui est risqué, n’est pas permis. (…) On a quand même un filet de protection qui est intéressant», a-t-il ajouté.

Le ministre plaide en faveur d’une certaine flexibilité. «Il y a en a qui me disent: « Mon enfant a 12 ans (…) et il est prêt à faire (…) 20-25 heures ». Il ne faut pas non plus avoir une approche trop paramétrique. Il faut s’adapter.»

M. Boulet encourage cependant quiconque est témoin d’un mauvais traitement à porter plainte à la CNESST. Il dit vouloir «taper sur la tête» des employeurs fautifs. «On va s’assurer qu’ils paient des amendes», promet-il.

Le 3 juin dernier, le gouvernement Legault a refusé de débattre d’une motion présentée par le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, concernant le travail des enfants. 

M. Gaudreault demandait que l’Assemblée nationale «constate l’augmentation du nombre d’accidents du travail les impliquant» et qu’elle «demande au gouvernement d’agir pour empêcher le travail des enfants».