Délais dans les bureaux de passeports: situation «inacceptable», dit Trudeau

OTTAWA — La situation dans les bureaux de passeports est «inacceptable», a tranché mardi le premier ministre Justin Trudeau, pendant que son gouvernement tentait de rediriger des ressources additionnelles vers Service Canada en provenance d’ailleurs au sein de l’appareil fédéral.

«On comprend que les gens font face à des délais inacceptables, une situation extrêmement difficile, mais nous continuons notre travail tous les jours pour régler cette situation et nous allons la régler», a-t-il dit durant la période des questions.

Plus tôt dans la journée, la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier,a indiqué que son ministère est venu en renfort.

«La demande nous a déjà été faite et il y a des ressources qui ont été prêtées pour aider à Passeport Canada, mais il faut comprendre que pendant cette période-là il fallait aussi traiter la saison des impôts», a-t-elle affirmé en mêlée de presse.

La ministre de la Famille, Karina Gould, qui est responsable du dossier, a fait savoir que des discussions étaient en cours pour dégager davantage de soutientant du côté du ministère duRevenu national que de celui de l’Immigration, en plus d’Affaires mondiales Canada.

«Nous allons bien sûr chercher des ressources (peu importe) d’où elles viennent. Même dans mon ministère, nous avons réalloué des centaines de personnes à l’interne aussi», a-t-elle soutenu.

Elle a noté que des embauches ont été faitesà Service Canada, avec l’ajout de 600 employés, mais a ajouté que le travail n’était pas fini et qu’elle partageait la frustration des Canadiens face à la situation.

«J’ai vu les images (provenant de) Montréal depuis la semaine dernière et c’est vraiment quelque chose d’inacceptable. Nous avons la haute direction de mon ministère qui est sur le terrain depuis deux semaines pour améliorer la situation.»

La ministre Gould a souligné, à nouveau, que les employés de Service Canada travaillent des heures supplémentaires, y compris durant les week-ends, et que certains membres du public sont reçus sur rendez-vous en dehors des horaires réguliers.

«Ce n’est pas assez. Je suis d’accord», acommenté le lieutenant du Québec pour le gouvernement, Pablo Rodriguez.

Il a, lui aussi, dit comprendre «les inquiétudes, la colère, la frustration des gens» lorsque questionné sur le fait que la police est intervenue auprès de certaines personnes faisant la file.

«On va toujours faire plus parce que la situation est inacceptable et on doit l’améliorer.»

Même son de cloche du côté du ministre de la Santé,Jean-Yves Duclos. «On dit (aux gens en ligne) que c’est effectivement totalement inacceptable, mais (aussi) qu’on travaille très fort là-dessus pour que ça change. On sait que ce sont des pénuries de personnel qui font la différence», a-t-il offert comme réponse.

Du côté de Québec, la ministre des Relations canadiennes, Sonia LeBel, a exprimé des signes d’impatience dans une publication Twitter. «C’est insensé de voir des gens camper pour obtenir un passeport. Nous invitons le gouvernement fédéral à rapidement trouver une solution afin de traiter plus adéquatement les demandes», a-t-elle écrit.

Durant la période des questions aux Communes, conservateurs et bloquistes ont aussi maintenu la pression en talonnant le premier ministre Trudeau sur ce dossier.

Le leader adjoint de l’opposition officielle, Luc Berthold, a qualifié la situation de «crise nationale», pendant que le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a parlé de «la maison des fous».

«(La) seule réponse (du premier ministre face) à la situation des passeports, c’est les “talking points” de voilà deux, trois semaines», a lancé M. Berthold.

Ce dernier, tout comme M. Blanchet, a accusé M. Trudeau d’être déconnecté de ce que vivent les gens sur le terrain puisqu’il n’a pas à faire la file pendant des heures pour faire renouveler son passeport, voire à y passer la nuit.

«Avant de partir, cette semaine, en voyage, est-ce que le premier ministre a envie d’essayer ça, dormir à la pluie pendant deux jours?» a raillé le chef bloquiste.

M. Trudeau a répondu que les efforts continuent d’être déployés pour endiguer la crise.

Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, estime que les renforts en provenance d’autres ministères sont dus de longue date.

«Ça semble pour l’instant un peu trop peu, trop tard, mais il faut quand même mettre l’effort nécessaire et espérons que les nouvelles personnes vont réussir à accélérer le processus», a-t-il dit en entrevue.

Pourquoi ne pas prolonger les heures d’ouverture des bureaux de passeports 24 heures sur 24, sept jours sur sept? Sur cette question, la ministre Goulda soutenuque cela comporte des défis puisque les employés doivent aussi prévoir du temps pour traiter les dossiers reçus.

«Dans les heures de services et bien sûr après les heures normales, le personnel de Service Canada est toujours en train de recevoir les documents, mais ils ont aussi besoin de faire les vérifications, d’imprimer les documents», a-t-elle affirmé.

Elle a par ailleurs mentionné que seulement 15 % des dossiers qui affluent sont de «simples demandes de renouvellement», puisque le reste, 85 %, sont des requêtes envoyées par des personnes qui n’ont jamais eu de passeport canadien par le passé, comme des enfants ou de nouveaux arrivants.