Conseil national de Québec solidaire: Françoise David critique sévèrement la CAQ

MONTRÉAL — La prochaine campagne électorale sera «cruciale» pour le Québec, estime l’ex-députée et cofondatrice de Québec solidaire (QS) Françoise David, qui sort de sa réserve des cinq dernières années.

Les électeurs devront choisir entre «deux visions qui s’affrontent»: celle de QS et celle de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, a affirmé l’ancienne co-porte-parole. 

Mme David a sévèrement critiqué la CAQ dans son discours devant les quelque 400 militants de QS réunis en conseil national au Cégep du Vieux Montréal, samedi.

Elle a reproché au parti de M. Legault son «incroyable mollesse» en matière environnementale et a déclaré qu’il était «triste et scandaleux» d’avoir abandonné la réforme du mode de scrutin.

Au chapitre de l’immigration, Mme David a dit rejeter le «nationalisme conservateur» ainsi que la «rhétorique mesquine» de la CAQ qui cherche à «faire peur au monde».

Elle a qualifié de «dérive électoraliste et conservatrice» la sortie «intempestive» de François Legault, qui a récemment réclamé la fermeture du chemin Roxham en sachant que «ça ne règle rien».

«Il en profite pour répéter à la population québécoise qu’une immigration « incontrôlée » est une menace à la survie de notre nation, et moi, je n’en peux plus de cette rhétorique mesquine», a-t-elle fustigé.

Indignation autour de la loi 96

Plus tard, les militants de QS ont paru divisés au sujet de la loi 96 qui resserre les mesures pour protéger la langue française au Québec.

Quelques-uns d’entre eux ont exprimé leur mécontentement face à la position des députés de QS, qui, mardi dernier, ont voté pour l’adoption de la loi 96 à l’Assemblée nationale.

«Je trouve ça très décevant qu’il n’y avait personne (…) qui a pensé consulter les membres», a déploré Sam Boskey. Le message envoyé est qu’on est prêt à «piler» sur des droits, a ajouté Hélène Bissonnette.

Le chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois a dû présenter une motion d’urgence expliquant la position du caucus. Il a assuré qu’une fois au pouvoir, QS modifierait certains pans de la loi.

«On ne va pas se faire de cachettes ce matin: l’adoption du projet de loi 96 a fait beaucoup réagir, a-t-il concédé. On entend les craintes, le mécontentement, (…) l’indignation.»

Il promet de revoir les articles qui obligent les nouveaux arrivants à échanger en français avec l’État après six mois, et d’accorder officiellement un statut particulier aux langues autochtones ancestrales. 

Sa motion a finalement été adoptée à la majorité.

«Grosse machine électorale»

Le conseil national de samedi visait surtout à motiver les troupes et à préparer la stratégie en vue de la campagne électorale qui s’amorcera probablement à la fin août.

QS en a profité pour prendre un engagement électoral: offrir quatre semaines de vacances par année à tous les travailleurs qui ont accumulé un an d’ancienneté.

Le plus récent sondage Léger suggère que la CAQ se dirige vers une victoire éclatante; le parti récolte 46 % des intentions de vote, comparativement à 13 % pour QS.

Aucun sondeur en 2018 n’avait prédit que QS remporterait 10 sièges, a souligné Gabriel Nadeau-Dubois, qui promet de faire «mentir les pronostics» le 3 octobre prochain.

QS peut compter sur des candidats diversifiés, y compris la Dre Mélissa Généreux, l’avocat spécialisé en immigration Guillaume Cliche-Rivard et Haroun Bouazzi, de la Banque de développement du Canada.

«En 2022, on va avoir une grosse machine électorale», a déclaré en point de presse M. Nadeau-Dubois.

«C’est plus de moyens que jamais, plus de militants que jamais, et surtout, c’est la meilleure équipe de candidats, candidates qu’on n’a jamais eue de notre histoire, et de loin», a-t-il renchéri. 

En soirée, lors d’un concert ponctué de discours politiques à la Salle Pierre-Mercure, le chef solidaire a répliqué à François Legault.

«(Il) va faire campagne en prétendant défendre le Québec contre des gens qu’il voit comme des envahisseurs. Nous, on va faire campagne pour un avenir meilleur.

«François Legault va faire campagne en pointant du doigt. Nous, on va faire campagne en ouvrant les bras», a-t-il déclaré sous les applaudissements.