Congédiée, une préposée aux bénéficiaires qui dormait au travail perd sa cause

Une préposée aux bénéficiaires, qui avait été congédiée après avoir été surprise par son patron à dormir pendant des quarts de travail, vient de perdre sa cause.

Elle avait contesté son congédiement, mais le Tribunal administratif du travail a plutôt donné raison à la résidence privée pour personnes âgées qui l’employait.

La préposée aux bénéficiaires travaillait de nuit, seule, dans cette résidence qui accueillait 22 personnes autonomes ou semi-autonomes.

Le Tribunal relate qu’à compter de l’hiver 2023, la résidence avait reçu des plaintes de la part de résidents ou de leur famille, voulant qu’«il n’y a souvent personne la nuit au bureau de la préposée pour répondre aux besoins».

Le patron avait vérifié auprès de la plaignante, qui avait répondu qu’elle devait simplement être occupée ailleurs dans la résidence.

Comme ce patron s’était récemment porté acquéreur de cette résidence, il avait vérifié auprès des anciens propriétaires, qui lui avaient rapporté des rumeurs selon lesquelles la préposée en question «dort souvent pendant son quart de travail».

Le patron s’était donc présenté à la résidence, durant quelques nuits d’affiliée, pour vérifier le comportement de la préposée.

Le Tribunal résume le témoignage de l’employeur: «en somme, vers minuit, la plaignante ferme les lumières de son bureau et elle s’installe pour dormir dans le salon qui est situé au sous-sol de l’immeuble. Il ne la réveille pas puisqu’il veut vérifier si son comportement est récurrent. Il fait, à sa place, la tournée des chambres des résidents à 1h du matin, 2h et 3h».

«À 4h10, il entend une alarme sur le téléphone de la plaignante. Elle se réveille, remonte à l’étage et se dirige vers son bureau. Elle reproduit chaque soir la même routine. Le 28 juin au matin, il lui demande de quitter les lieux et lui annonce qu’elle est suspendue», relate la juge administrative France Legault.

L’employeur a affirmé au Tribunal avoir pris des photos, mais ne pouvoir les déposer en preuve, à cause du bris de son appareil. L’ancien propriétaire, à qui il avait montré ces photos, a toutefois témoigné par lettre du fait qu’il avait vu ces photos.

La préposée avait admis s’être endormie durant une nuit, mais soutenait qu’il s’agissait d’un incident isolé, dû au fait qu’elle avait eu un étourdissement.

Son employeur l’avait finalement congédiée. Elle avait contesté ce congédiement, mais le Tribunal vient de rejeter sa plainte.

«En choisissant de dormir plusieurs heures au lieu d’assurer les rondes et la surveillance minimale exigée, elle a manqué à l’obligation essentielle de son poste. Ce geste expose les résidents à des risques réels et sérieux, comme le souligne la jurisprudence, les résidents et leurs proches doivent avoir la certitude que le personnel est attentif et présent en tout temps pour répondre à leur besoin», écrit le Tribunal.

«La jurisprudence reconnaît que le fait de s’endormir au travail lorsqu’il s’agit d’un poste où la vigilance est essentielle à la surveillance et à la sécurité d’une clientèle vulnérable constitue une faute d’une gravité exceptionnelle.

«La faute commise par la plaignante est d’une gravité telle qu’elle justifie de passer outre au principe de la gradation des sanctions», conclut la juge administrative.