Budget : l’aide «insuffisante» laisse les banques alimentaires sur leur faim

MONTRÉAL — Le budget du Québec laisse les banques alimentaires sur leur faim au moment où elles n’ont jamais eu autant de bouches à nourrir. Un grand écart persiste entre les nouvelles sommes octroyées par le gouvernement Legault et les besoins estimés par les organismes communautaires sur le terrain. 

En consultation prébudgétaire, Les Banques alimentaires du Québec (BAQ) demandaient une aide d’urgence ponctuelle de 24 millions $ en raison de la flambée du prix des aliments. L’association demandait aussi de bonifier le financement récurrent annuel de 5 millions $. 

Le budget, dévoilé mardi, prévoit plutôt une aide supplémentaire annuelle de 2 millions $. «C’est nettement insuffisant, déplore le directeur général, Martin Munger, en entrevue. J’ai des craintes sérieuses sur le déroulement de l’année 2023. Je pense qu’il va y avoir des files d’attente pour des paniers trop petits pour des gens qui vivent de l’insécurité alimentaire.»

«Ambivalent» par rapport au budget, M. Munger souligne tout de même l’octroi d’une enveloppe de 5 millions $ sur quatre ans pour financer les infrastructures des banques alimentaires, exactement le montant demandé par BAQ. 

La flambée de l’inflation des aliments exerce une double pression sur les opérations des banques alimentaires. Les denrées alimentaires qu’elles distribuent coûtent plus cher au moment même où plus de ménages ont besoin d’aide. 

Avant la pandémie, près de 500 000 personnes fréquentaient une banque alimentaire du Québec chaque mois. En 2022, ce chiffre a bondi à 671 000, selon le dernier Bilan-Faim qui se base sur une collecte de données faite en mars 2022. M. Munger s’attend à ce que l’achalandage soit encore plus élevé en 2023. 

Durant les consultations prébudgétaires, BAQ avait prévenu le gouvernement que l’aide d’urgence de 6 millions $ accordée en décembre avait déjà été utilisée et que les banques alimentaires seraient confrontées à des choix difficiles dès le début avril. 

«On est en train de distribuer les derniers envois et déjà les Moissons commencent à manquer de stocks, mettait en garde M. Munger, la semaine dernière. Il commence à y avoir des trous, moins de diversité. Ils ont de la difficulté à fournir à la demande, déjà à l’heure actuelle.»

Au lendemain du budget, M. Munger prend cette déception avec diplomatie. Il souligne que le gouvernement a déjà apporté des soutiens ponctuels en août et décembre de l’année dernière. Il compte prendre «son bâton de pèlerin» pour convaincre le gouvernement de débloquer plus de fonds. 

Il dit avoir bon espoir d’obtenir une oreille attentive, en raison de l’augmentation de l’insécurité alimentaire. «Je ne pense pas que le gouvernement va laisser les gens dans une situation où ils ne peuvent pas se nourrir convenablement.»