L’Europe tente de se renforcer face aux efforts de Trump d’arrêter l’invasion russe

À la Conférence de Munich sur la sécurité, les pays européens ont pris des mesures pour répondre aux efforts des États-Unis visant à mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

La France a annoncé dimanche une réunion des dirigeants continentaux et les pays baltes ont appelé à de nouvelles mesures pour renforcer la position de Kyiv dans toute négociation future.

Les manœuvres de l’Europe, le principal soutien militaire et financier de l’Ukraine avec les États-Unis, surviennent alors que l’administration Trump cherche à négocier la fin des combats, trois ans après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine.

Alors que les forces russes ont réalisé des gains territoriaux dans l’est de l’Ukraine ces derniers mois, le président finlandais Alexander Stubb a appelé à «exercer une pression maximale sur la Russie» par l’entremise de sanctions et de gels d’actifs avant d’entreprendre toute négociation.

Il a défini trois phases: «prénégociation», cessez-le-feu et pourparlers de paix à long terme.

«La première phase est la prénégociation, et c’est un moment où nous devons réarmer l’Ukraine et exercer une pression maximale sur la Russie, ce qui signifie des sanctions et des avoirs gelés, pour que l’Ukraine entame ces négociations en position de force», a déclaré M. Stubb.

Le président français Emmanuel Macron a mobilisé les dirigeants européens. Son ministre des Affaires étrangères a annoncé une «réunion de travail» d’urgence sur les prochaines étapes pour l’Ukraine après les récentes annonces américaines.

M. Macron a appelé à «des consultations entre les dirigeants européens sur la situation en Ukraine et les défis sécuritaires en Europe».

Il organisera une réunion informelle lundi après-midi avec les dirigeants de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi qu’avec le président du Conseil européen, Antonio Costa, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte.

Les discussions pourraient se poursuivre sous d’autres formats dans le but de «réunir tous les partenaires intéressés par la paix et la sécurité en Europe», peut-on lire dans le communiqué de presse de la France.

Le premier ministre britannique Keir Starmer, la première ministre danoise Mette Frederiksen et le premier ministre polonais Donald Tusk figurent parmi les politiciens attendus à Paris.

Trump donne le ton

La poussée du président américain Donald Trump pour une fin rapide de l’invasion russe a suscité inquiétude et incertitude à Munich.

Après un appel téléphonique avec Vladimir Poutine la semaine dernière, M. Trump a fait savoir qu’il s’entretiendra bientôt en personne avec son homologue russe pour négocier un accord de paix sur l’Ukraine.

Il a ensuite assuré au président ukrainien Volodymyr Zelensky qu’il aurait également une place à la table. Les responsables américains ont toutefois indiqué que les pays européens ne seraient pas impliqués.

«Ne sous-estimez pas Trump en tant que négociateur. Je crois sincèrement que Poutine est déconcerté et craint ce qui pourrait arriver. Pour l’instant, la balle est dans notre camp en Europe. Nous devons convaincre les Américains de la valeur ajoutée, puis revenir à la table des négociations», a affirmé M. Stubb.

«Je pense qu’en Europe, nous devons moins parler et faire plus», a-t-il ajouté plus tard.

«Si nous sommes forts, si nous avons quelque chose à offrir, nous serons intéressants pour les États-Unis. Si vous continuez à organiser ces belles conférences, à parler et à vous plaindre, alors nous ne serons pas intéressants pour nos propres pays très bientôt», a soutenu le président de la Lettonie, Edgars Rinkevics, qui, comme la Finlande, est limitrophe de la Russie.

Il a également noté «un point qui est probablement passé inaperçu vendredi» à Munich, à savoir l’«annonce importante» de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, selon laquelle elle proposerait une dérogation temporaire aux règles budgétaires de l’Union européenne (UE) dans les situations de crise, cette fois pour permettre des dépenses de défense supplémentaires.

«Je proposerai d’activer la clause échappatoire pour les investissements de défense. Cela permettra aux États membres d’augmenter substantiellement leurs dépenses de défense. Bien sûr, nous devrons le faire de manière contrôlée et conditionnelle», a-t-elle affirmé.

Samedi, M. Zelensky a appelé à la création d’une «force armée de l’Europe» afin de mieux résister à une Russie expansionniste qui pourrait également menacer l’UE.