Les rebelles resserrent leur emprise sur Bukavu, au Congo
Les rebelles soutenus par le Rwanda ont resserré leur emprise sur Bukavu lundi, un jour après avoir pris le contrôle de la deuxième grande ville de l’est du Congo, dont les habitants semblaient résignés à leur sort sous les nouveaux dirigeants.
Dimanche, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la ville de 1,3 million d’habitants après son abandon par les forces congolaises. Bukavu se trouve à 101 kilomètres au sud de Goma, qui a été prise par les rebelles à la fin du mois de janvier.
Le M23 est le plus important des plus de 100 groupes armés qui se disputent le contrôle des milliers de milliards de dollars de richesses minérales de l’est du Congo, essentielles pour une grande partie de la technologie mondiale. Les rebelles sont soutenus par environ 4000 soldats du Rwanda voisin, selon des experts de l’ONU.
Les combats qui durent depuis des décennies ont déplacé plus de six millions de personnes dans la région, créant la plus grande crise humanitaire au monde.
Alors que les rebelles pénétraient dans Bukavu, les rues étaient envahies par des habitants qui tentaient de quitter la ville et par des pillards qui remplissaient des sacs de farine avec ce qu’ils pouvaient trouver. Un silence de plomb s’est installé plus tard, alors que les résidants et les commerçants se préparaient à l’entrée du M23 dans le centre-ville.
Lundi matin, les citoyens ont commencé à sortir progressivement tandis que les rebelles patrouillaient aux principaux carrefours de la ville.
«Les gens ont toujours peur de sortir à cause de l’insécurité, donc ce n’est pas encore comme d’habitude», a affirmé à l’Associated Press David Balezi, un commerçant de Bukavu.
Le poste-frontière de Bukavu vers le Rwanda a été fermé lundi matin, tout comme la plupart des magasins et des boutiques, tandis que la circulation a repris progressivement.
«Maintenant, nous remercions Dieu que la situation soit correcte, même si nous ne savons pas ce qui va arriver. Quoi qu’il arrive, nous vivrons avec cela», a déclaré David Munyaga, un habitant de Bukavu.
À Goma, une ville contrôlée par des rebelles, des centaines de manifestants se sont rassemblés pour réclamer le départ de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), et le retrait des troupes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui comprend des pays allant du Congo à l’Afrique du Sud.
Les manifestants ont protesté devant le siège de la MONUSCO à Goma, certains brandissant des pancartes et scandant des slogans appelant à la démission du président congolais Félix Tshisekedi.
«La guerre ne s’arrête pas au Congo, pourquoi? Ils n’ont rien à faire ici, ils devraient partir», a soutenu Bauma Sukali, un manifestant.
Un autre manifestant, Fiston Nsabimana, a déclaré : «Tshisekedi n’est pas en mesure d’assurer la paix, qu’il quitte le pouvoir».
La prise de Bukavu pourrait entraîner une surveillance plus poussée de la part de la communauté internationale, dont l’attention est divisée par plusieurs conflits mondiaux. Le président français Emmanuel Macron a appelé samedi à un cessez-le-feu immédiat, au retrait du M23 et au retour en toute sécurité des autorités congolaises à Bukavu.