La Russie accepte d’étendre une entente alimentaire conclue avec l’Ukraine

ANKARA, Turquie — La Russie a accepté d’étendre de deux mois un accord qui permet à l’Ukraine d’exporter son grain via la mer Noire vers des pays aux prises avec la famine, a annoncé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

La Turquie et l’Organisation des Nations unies (ONU) ont négocié cet accord l’été dernier avec les deux pays en guerre. 

L’entente inclut aussi une facilitation des exportations de nourriture et de fertilisants russes, et Moscou soutient que cela n’a pas été appliqué. La Russie a donc menacé d’abandonner l’accord si ses demandes n’étaient pas satisfaites d’ici jeudi.

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré mercredi que des problèmes devront être résolus «au niveau technique». Ni elle ni le président Erdogan n’ont mentionné de concessions faites à la Russie.

L’extension de l’Initiative céréalière de la mer Noire est une bonne nouvelle pour plusieurs pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie qui dépendent du blé, de l’orge, de l’huile végétale et d’autres produits alimentaires ukrainiens, alors que des sécheresses créent la famine.

«Les produits ukrainiens et russes nourrissent le monde», a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. «Ils sont importants parce que nous faisons encore les frais d’une crise du coût de la vie record.»

La moyenne d’inspections quotidiennes ― servant à s’assurer que les bateaux ne contiennent que de la nourriture et non des armes qui pourraient aider un adversaire ou l’autre ― est passée de 10,6 en octobre à 3,2 le mois dernier. Les envois de grains ukrainiens ont aussi diminué dans les dernières semaines.

Moscou a nié avoir ralenti la cadence. Aucun bateau n’a reçu l’autorisation d’entrer dans les trois ports ouverts de l’Ukraine depuis le 6 mai.

Pendant ce temps, on s’attend à ce que la Russie exporte plus de blé qu’aucun pays ne l’a fait en une année, soit 44 millions de tonnes, a affirmé Caitlin Welsh, directrice du Global Food Security Program au Center for Strategic and International Studies. 

Selon elle, la Russie sait que moins l’Ukraine exporte de grains, plus la Russie peut compenser dans le marché mondial.

«Plus elle restreint l’accès de l’Ukraine aux ports de la mer Noire, mieux c’est pour son influence politique auprès de ses partenaires commerciaux», et plus ça nuit à l’unité au sein des pays de l’Union européenne dans leur soutien à l’Ukraine.

L’entente a permis d’exporter plus de 30 millions de tonnes de grains ukrainiens, dont plus de la moitié est allée à des pays en voie de développement. La Chine, l’Espagne et la Turquie en sont les plus gros importateurs.

Avec la saison ukrainienne des récoltes en juin, ce qui veut dire que les grains doivent être vendus en juillet, le maintien d’un corridor commercial est important pour éviter de «retirer du marché une grande quantité de blé et d’autres céréales», indique William Osnato, chercheur à la firme d’analyse de données Gro Intelligence.