Mais si… conte de Noël des temps modernes
Il était une fois trois rois qui, chacun de leur pays respectif, se mirent en route vers un vieux pays lointain. Étant très bien renseignés, chacun avait eu vent de la naissance prochaine du sauveur de l’humanité. Du haut de leurs vanités personnelles, chacun se disait qu’il leur revenait à eux en tant que roi le privilège de pouvoir assister à la venue de cet être particulier.
En suivant les tirs de missiles comme une étoile dans le ciel, ils avancèrent jusqu’à l’endroit indiqué. Ainsi guidés, ils trouvèrent enfin le lieu où Marie et Joseph s’étaient réfugiés. Du sens de leurs convenues, ils ne purent s’empêcher d’éprouver un certain dédain devant l’endroit. Habitués au palais luxueux, chacun se retrouvait devant une étable avec un bœuf et un âne, peu habitués qu’ils sont à se confronter à la réalité de la pauvreté.
Nos trois rois, Donald, Vladimir et Kim, hésitèrent un instant à se prosterner devant Marie et Joseph, de peur de froisser et salir leurs beaux pantalons. Ils regardaient tous les trois cette pauvre femme sur le point d’accoucher. Il leur avait été dit, selon leurs services de renseignements très bien informés, que Marie devait donner naissance à un messie. Chacun se disant la personne la plus importante de leur royaume, ils ne pouvaient concevoir un bébé naissant leur voler leurs places.
Une fois le travail amorcé, chacun d’eux se disait que par crainte d’une quelconque représaille hypothétique, il valait mieux arriver avec un petit présent en guise de bienvenue à ce supposément nouveau roi. Protéger les apparences était essentiel puisque offrir un cadeau payé par le peuple ne les appauvrissaient pas.
Laissant Marie en plein travail, nos trois rois sortirent de l’étable pour discuter de stratégies. Ils aimaient mieux s’auto-glorifier chacun plutôt que d’entendre les cris de douleur de l’enfantement. Les rois ont cette possibilité de ne rien entendre de leurs peuples respectifs. Ils sont beaucoup trop importants pour ainsi s’abaisser au petit monde.
Après un certain silence, croyant le travail effectué, ils pénètrent de nouveau dans l’étable tout en prenant une grande bouffée d’air, question de ne pas trop ressentir les odeurs de l’étable. Voyant l’amour sur le visage à Joseph, nos trois rois se regardèrent pour mieux comprendre la joie dans les yeux de Marie. Son bébé, son enfant annoncé dans une prophétie venait de naître et de prendre possession de ce monde.
S’attendant à un miracle en voyant l’enfant, nos trois rois se mirent à rire en constatant que rien n’avait changé. Le pseudo nouveau messie n’était rien d’autre qu’un bébé naissant qui ne représentait aucun danger. Pour nos hommes si puissants, la prophétie n’était rien d’autre qu’une légende.
En s’approchant de plus près de l’enfant, une fois le danger qu’il soupçonnait écarté, ils regardèrent une fois de plus ce petit être sans défense. C’est alors que du fond de leurs entrailles respectives, chaque roi entendit au plus profond de lui-même une voix qui se fit entendre. Chacun regardant l’autre avec consternation et surprise, se demandant ce qui se passait.
Dans le ciel étoilé, une fois que les coups de canon furent stoppés, un son mélodieux qui résonnait avec la même force qu’un orage violent. Des paroles furent ainsi entendues par nos trois rois. Celles-ci dirent avec beaucoup de tendresse et d’amour le message suivant.
« Pourquoi viendrais-je vous sauver puisque vous ne pensez qu’à vous entretuer entre vous. Je vous ai tout donné et vous ne pensez qu’à tout détruire. Je vous offre l’amour et vous répandez la haine. Seulement le plus petit d’entre vous saura gagner le cœur de mon père. Rien de toute votre puissance, votre argent et vos possessions ne suffiront à vous faire comprendre que l’essentiel n’est pas là, mais dans le regard d’autrui. Vous visez la tête avec vos armes alors qu’il faut atteindre le cœur par la parole. Tuer Dieu en vous, vous condamnera à un enfer éternel ».
C’est ainsi que depuis la nuit des temps, de Noël en Noël, nous attendons toujours la venue du sauveur. Nous cherchons alors qu’il nous faut simplement être.
Joyeux Noël et paix aux hommes de bonne volonté. HO ! HO ! HO !
François Morneau
Victoriaville