Jouer la ville au Monopoly

La consultation publique menée par la Ville au sujet du projet pharaonique du groupe Binette qui veut s’étendre sur la zone présumément idéale de la sablière d’Arthabaska s’est déroulée dans l’ordre et le respect.
M. le maire Tardif aurait été fier de ses ouailles. Espérons que la bonne volonté de chacun des participants transpirera dans le procès-verbal qu’il lira avec attention. ( Ça aussi on l’espère et je me rends compte ici qu’il y a plusieurs espérances dans mes écrits, à défaut de réel pouvoir citoyen) .
J’ai entendu et ai été touchée par l’intervention de cette jeune femme sur son manque de foi de sur la possibilité d’être entendue et d’avoir un impact sur la décision finale. Et même si je suis une optimiste dans l’âme, je me dis qu’elle est peut-être plus lucide que moi. Merci Bastienne.
Les discours des différentes personnes venues s’exprimer penchaient résolument vers l’opposition au projet qui inquiète une portion non négligeable de la population. Certaines mettant l’accent sur le péril de ce lieu fragile qu’est le bord de la rivière Nicolet, sa faune, sa flore, ses marécages et les mouvements des eaux de plus en plus importants et difficiles à prévoir en cette ère nouvelle de bouleversements climatiques.
Plusieurs ont soulevé l’inquiétude de voir encore plein de gens laissés pour compte. On nous rabâche que ces logements seraient des solutions à la crise du logement. Pourquoi ai-je donc l’impression d’avancer dans le désert et de voir, comme dans un mirage, des dizaines de bâtiments censés offrir une solution à tous ceux qui peinent à se loger? À qui sont destinés ces immeubles tout nouveaux, tout beaux, et tous hors de prix pour la majorité des résidents?
Un promoteur qui se dit non impliqué dans le projet, mais qui semble convaincu du bien-fondé du quartier Signatuuure, est venu nous énumérer la liste des espaces verts à Victoriaville et Arthabaska en nous conseillant de nous contenter avec ça. Oui, oui, sans rire et avec aplomb. Et tant qu’à faire, remettez les multiplex à 6 étages et même plus, tant qu’on ne les voit pas dépasser du haut du boulevard Bois-Francs.
Ne vous en déplaise messieurs les entrepreneurs, la planète n’est pas une tarte à découper, un morceau par-ci, un autre par là et passez GO et collectez 200 $.
Non, la ville ne se jouera pas au Monopoly. Dans ce jeu, le gagnant est toujours le plus riche. Sauf qu’un gagnant et des milliers de perdants, ce n’est justement pas juste. Les économistes qui s’attardent à tenter d’aplanir les inégalités sociales ne prônent pas la poursuite du profit à tout prix.
Le groupe Sauvons la sablière d’Arthabaska vous demande simplement de construire AILLEURS et AUTREMENT. Dans des lieux déjà pourvus d’un minimum d’infrastructures ( parce que développer dans ce creux sablonneux va entraîner des dépenses considérables pour la Ville et pour chacun d’entre nous ultimement). Et AUTREMENT, pour des gens qui ne vous ressemblent pas nécessairement et que vous ne croisez peut-être pas souvent.
Mais qui existent bel et bien.
Luce Michaud