Victoriaville, terre d’adoption pour Grégory Michel

Si les études l’ont amené au Québec, le travail a fait aboutir Grégory Michel à Victoriaville. Natif de La Guadeloupe, un archipel français des Caraïbes, le jeune homme de 23 ans ne regrette aucunement son choix. Sa conjointe, Julie Dubourg, une Française de Toulouse, non plus. Elle ne veut plus bouger d’ici, dit-il. Rencontre avec un homme bien intégré dans sa terre d’adoption.

Attablé au Dyyb’s café du centre-ville, Grégory partage son histoire, explique qu’il a quitté sa patrie à l’âge de 17 ans et demi pour venir au Québec, à Saguenay (Chicoutimi), pour y faire des études collégiales en physiothérapie. « Je trouvais le parcours académique ici plus facile qu’en France, mais surtout plus pratique et plus concret », souligne-t-il. Le Québec ne lui était pas tout à fait étranger puisqu’en famille, il était venu, à une occasion, visiter sa sœur qui, à ce moment, habitait Trois-Rivières.

« Comme mes parents connaissaient déjà le pays, il leur a été moins difficile de me laisser partir », confie Grégory Michel, un athlète pratiquant l’athlétisme depuis belle lurette. Le Guadeloupéen d’origine a entamé ses études en physiothérapie en 2018, décrochant son diplôme d’études collégiales (DEC) trois ans plus tard. L’amour s’est aussi manifesté durant ses études. Il y fait la rencontre de Julie Dubourg arrivée la même année que lui et faisant partie du même programme d’études. « Dans notre technique, nous étions cinq ou six étudiants venus de France. Au départ, on s’est tous un peu rapprochés », raconte-t-il.

À la fin de ses études qu’il termine avant sa copine, Grégory part à la recherche d’un emploi, recherchant un milieu plus tranquille, davantage campagne qu’urbain. « Je pensais, au départ, demeurer dans la région de Chicoutimi, mais du côté des offres d’emploi disponibles, il y avait plus d’opportunités », relate-t-il.

Et l’opportunité de travailler à Victoriaville s’est présentée. Pour un athlète comme lui, appelé à des compétitions à Québec, Montréal et Sherbrooke, Victo constitue un point central intéressant. « Ça a joué dans la décision », précise-t-il. Grégory Michel se trouve donc un job dans son domaine, dans une entreprise privée, et emménage donc à Victoriaville. Julie viendra le rejoindre par la suite. 

« Au départ, on travaillait dans la même boîte dans le secteur privé. Mais, depuis environ un mois et demi, il fait partie du Centre de réadaptation en déficience physique, anciennement Interval, sur la rue Saint-Paul et qui relève du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). « Après deux ans en clinique privée, j’ai voulu essayer un autre type de clientèle, une autre approche », souligne-t-il. Une décision qu’il ne regrette aucunement.

L’adaptation

Somme toute, l’arrivée au Québec de Grégory et Julie s’est bien déroulée. « Il a fallu s’adapter un peu. On est quand même loin de la famille. Mais l’adaptation est facilitée quand il y a une organisation autour », note-t-il. Et justement, ils ont pu compter sur une structure en place qui a favorisé leur adaptation et facilité leur arrivée. « À Chicoutimi, nous sommes arrivés une semaine avant le début des cours. Toute la semaine, des activités avaient été organisées pour nous aider, pour préciser les aspects techniques, même un cours de québécois, indique Grégory. Bref, une semaine d’accueil pour nos mettre dans le bain, une semaine au cours de laquelle on nous accompagne. Tout cela a beaucoup facilité les choses. »

Et puis, est-ce facile de se faire des amis? « Oui et non », répond-il. Un certain temps est nécessaire. « Comme on est expatrié, on ne va pas nécessairement au-devant des gens, au début, mais avec le temps, la gêne se dissipe. Et quand on décide d’aller vers les gens, les autres aussi font un pas vers nous. » Grégory et Julie apprécient le Québec et n’envisagent pas de retourner vers la France. « On a envie de rester. D’ailleurs, en septembre, on a obtenu notre statut de résident permanent. C’est ici qu’on se plaît », assure-t-il.

Questionné sur ce qu’il aime notamment du Québec, le Victoriavillois d’adoption répond tout de go l’accueil. « J’aime l’accueil. Comparativement à la France, c’est très accueillant. » Il apprécie également l’accès privilégié à la nature et la variation des saisons. Chacune d’elles apportant ses joies, ses beautés, ses attraits. « En Guadeloupe, il n’y a pratiquement que deux saisons, mais on ne voit presque pas la différence. On a une saison un peu plus chaude et une autre un peu plus humide. Ici, chaque saison a son charme, c’est plaisant. Et puis, on s’est fait des amis », observe-t-il. Quant à l’hiver québécois, ce n’est rien pour le rebuter. Il connaît bien la saison hivernale. « Nous étions venus avec ma famille visiter ma sœur en plein hiver. Quand tu veux sortir, tu t’habilles convenablement. Je l’apprécie, l’hiver. Ça ne me dérange pas qu’il fasse froid. »

Et Victoriaville?

Grégory Michel apprécie que Victo puisse offrir un côté urbain, puis la nature et un milieu rural dès qu’on sort un peu. « C’est très agréable et plaisant », exprime-t-il. La situation géographique de la ville facilite les choses aussi pour cet athlète spécialiste du 110 m haies. « Quand je participe à des compétitions à Montréal, Québec et Sherbrooke, je reviens chez moi après », signale-t-il. S’il y a un point moins positif, selon lui, il se situe au niveau du manque en équipements pour l’athlétisme.

L’athlète

Grégory Michel a commencé très tôt l’athlétisme. Dès l’âge de 13 ans, il a fait partie d’un centre de développement, comme le programme sports-études québécois. Le matin, il allait à l’école alors que l’après-midi était consacré au sport. « Au fur et mesure, j’ai commencé à transiter davantage vers ce qui est vitesse et les haies. À Chicoutimi, mon premier entraîneur m’a placé dans le 110 m haies, se souvient-il. Dès ce moment, je me suis consacré davantage à cette discipline. »

Des compétitions, le coureur en fait depuis des années, une vingtaine environ annuellement. « L’an dernier, ça a été ma saison la plus aboutie à ce jour », indique celui qui fait partie du club Athlétisme Sherbrooke depuis un an. Ce qui l’amène de plus en plus hors Québec pour des compétitions, notamment en Ontario. « J’ai aussi pris part à une semaine de camp en Floride », mentionne le Victoriavillois.

L’athlétisme, reconnaît-il, nécessite beaucoup d’entraînement. « Je suis passé de quatre à six entraînements par semaine à Sherbrooke. Cette année on augmente un peu plus jusqu’à huit entraînements par semaine. » Grégory Michel se dit satisfait de sa progression depuis cinq ans. « Mais j’ai encore une marge de progression assez grande. Mon objectif cette année est d’aller chercher un top 3 canadien, de faire des compétitions à l’extérieur du Canada, aux États-Unis, en Europe et aussi me rapprocher des temps en vue des Jeux olympiques. Je me projette pour 2028 », fait remarquer celui qui reprendra la compétition au début de décembre.

Même si l’athlétisme, ici, n’est pas très poussé, il y a quand même de bons athlètes de Victo qui performent, avance-t-il. Mais des installations davantage développées pourraient amener, croit-il, plus d’athlètes à cette discipline. Enfin, que peut-on souhaiter à Grégory et Julie? « Que du bonheur et de la réussite! C’est cela qu’on recherche », formule-t-il, insistant sur le fait que son travail le rend véritablement heureux. « J’adore ce que je fais, c’est vraiment ce que je voulais faire, aider les gens. On leur apporte quelque chose, on manipule le corps.  C’est tout l’aspect englobant la réadaptation que j’aime. On arrive à passer différentes phases de la réadaptation avec les gens, on voit la progression, on se dit ça marche, c’est vraiment exceptionnel, gratifiant et valorisant. »