Victo place la canopée en tête des priorités
Victoriaville met en place « un plan ambitieux », dit le maire Antoine Tardif, pour mieux protéger les arbres actuels et augmenter leur nombre sur le territoire au cours des prochaines années. On prévoit ainsi planter des dizaines de milliers d’arbres, mais pour y arriver, la Ville compte sur l’engagement de tous, les citoyens, les commerces, les industries, les organismes et les institutions.
Le maire Tardif a profité du mois de mai, le mois de l’arbre, pour faire connaître son plan de match qui découle d’une analyse effectuée par le Bureau du développement durable. « On constate qu’au fil des ans, avec le développement de la ville, le pourcentage de la canopée a diminué », souligne-t-il. La canopée, c’est ce qui permet de mesurer la couverture offerte par les arbres sur le territoire. Elle représente le couvert végétal vu du haut des airs.
Or, malgré certaines initiatives de la Ville pour encourager la plantation d’arbres et la réglementation visant à restreindre l’abattage, le pourcentage de canopée a régressé en raison du développement de la ville et des nouvelles constructions.
« On constate qu’avec les mesures actuelles, on n’y arrive pas. On veut renverser la tendance avec des initiatives autant de la Municipalité, des partenaires que des citoyens. On va placer la canopée en tête des priorités. Aujourd’hui, on a un portrait qui nous permet de prendre des décisions plus structurantes pour l’avenir et de nous doter d’une vision ambitieuse au niveau de la canopée à Victo », fait valoir le maire de Victoriaville.
Le concept 3-30-300
Pour parvenir à l’atteinte des objectifs, Victoriaville s’inspire du concept 3-30-300.
« Par les fenêtres de sa résidence, le citoyen devrait voir au moins trois arbres et bénéficier de 30% de canopée dans son quartier. Actuellement, la canopée varie entre 7% et 48%, selon les quartiers. On a des quartiers avec beaucoup d’arbres, mais d’autres où le pourcentage de canopée est plus faible comme le Domaine Colonial ou de nouveaux secteurs qui ont été construits en abattant la majorité des arbres. L’objectif, ce serait donc d’avoir 30% dans l’ensemble des quartiers », indique Antoine Tardif.
Par ailleurs, le quartier Sainte-Famille et le secteur de la rue Thibault ont un faible pourcentage de canopée, 9%. Le pourcentage sur la rue des Écoles se situe à 8%. Au centre-ville, le taux est aussi très bas. On considère comme prioritaires les quartiers affichant une canopée de moins de 15%. « Pour nous, c’est important de se doter d’une stratégie ambitieuse pour renverser la tendance. Au cours des prochaines années, ce sont des milliers d’arbres qui seront plantés à Victo pour renverser la vapeur », promet le premier magistrat.
Quant au dernier chiffre du concept, le 300 fait référence à une distance. « C’est d’avoir un espace vert ou un parc à 300 mètres de ta résidence », précise le maire.
L’importance des arbres
Alors que le monde fait face aux défis climatiques grandissants, la directrice du Bureau du développement durable, Sophie Séguin-Lamarche explique que la canopée constitue « la seule et unique technologie existante vraiment efficace pour capter le carbone ». « C’est la seule qui a été prouvée scientifiquement. L’arbre agit comme capteur de carbone, il va directement diminuer les gaz à effets de serre sur le territoire où il est planté et va les stocker dans le sol par ses racines. Un processus naturel très efficace, mais il faut que l’arbre soit d’âge mature pour ce que soit significatif », confie-t-elle.
D’où l’importance, insiste-t-elle, de la préservation des arbres. « Chaque arbre préservé, c’est un couvert de canopée qui prend beaucoup plus d’expansion qu’un jeune arbre qu’on vient de planter. Il est important, énonce-t-elle, de ne pas couper nos arbres pour rien. Ils ont une valeur pour la santé publique, communautaire. Une valeur aussi d’adaptation aux changements climatiques, parce que lorsqu’il y a de fortes pluies, les arbres effectuent beaucoup de rétention d’eau, ce qui évite d’aller dans les eaux pluviales. Les arbres ont aussi une valeur de climatisation. On sait que la température va augmenter dans les prochaines années, ce n’est pas un petit arbre de cinq ans qui va jouer ce rôle, mais bien le gros qu’on n’aura pas coupé. »
Des actions
Pour mener à bien son plan, le maire Tardif et le conseil municipal ont établi différentes mesures et actions, non seulement pour la Ville, mais aussi pour les citoyens, les entreprises et les institutions.
« Quand on parle d’incitatifs citoyens, on en a déjà pour la plantation d’arbres, mais ils seront bonifiés considérablement au cours des prochaines années. Les citoyens pourront notamment profiter d’une subvention doublée pour l’achat d’arbres », note-t-il.
La Ville entend conclure des partenariats avec des acteurs économiques et institutionnels. « On pense notamment au Cégep, au Centre de services scolaire, à l’hôpital, ces institutions avec de grands terrains et qui, dans certains cas, ont une faible canopée. On veut les accompagner avec des formules de subvention et parfois des incitatifs plus restrictifs pour l’abattage afin de s’assurer que des arbres ne soient pas abattus pour rien », explique Antoine Tardif.
La Ville elle-même, signale-t-il, se penche sur plusieurs nouvelles façons de faire. « On le voit depuis l’année dernière, on plante des arbres dans les emprises de rue afin d’augmenter le nombre d’arbres sur le territoire. On va continuer de le faire. Dans nos plantations annuelles, bon an mal an, on plantait 500 ou 600 arbres. On veut minimalement doubler cela, voire même tripler au cours des prochaines années. On pourrait aller jusqu’à près de 10 000 arbres par année si les projets se concrétisent, ce qui nous permettrait très rapidement d’avoir un impact sur le pourcentage de canopée de la Ville », fait valoir le maire.
La directrice du Bureau du développement durable y croit à pareil objectif. « Planter 10 000 arbres sur le territoire, c’est tout à fait possible, surtout si on a la collaboration des institutions, des commerces, des citoyens. Si tout le monde s’engage à le faire, on peut même le dépasser. Ce n’est pas un chiffre ambitieux s’il est collectif », avance-t-elle, ajoutant que « si tout le monde plantait un arbre devant sa maison, comme le veut la réglementation, on aurait déjà une bonne quantité d’arbres supplémentaires ».
Justement, la Ville pourrait agir et sévir à l’égard des contrevenants. « On a une réglementation qui oblige d’avoir un arbre en façade. Ce n’est pas toutes les résidences qui en ont. Ces citoyens devront aussi faire leur part et respecter la réglementation », fait savoir Antoine Tardif.
Des mesures figurent aussi pour limiter l’abattage d’arbres. Une nouvelle formule de redevance pour chaque arbre abattu sera instaurée. Les montants recueillis de cette façon seront directement versés à la stratégie de plantation d’arbres de la Ville.
Enfin, le maire Tardif exprime sa confiance en l’avenir et dit avoir bon espoir qu’en faisant part de l’orientation municipale et en multipliant les différentes initiatives, les gens se mettent en action. « Tous les citoyens de Victoriaville sont fiers d’habiter dans une ville verte et avant-gardiste au niveau des initiatives durables. On a un arbre dans notre logo. Cela démontre bien que c’est ancré dans notre ADN. Aujourd’hui, on vient se doter de moyens et d’une vision qui nous permettra d’être des leaders du développement durable tant avec les mesures qu’on a déjà annoncées que de celles de la canopée », conclut-il.