Une page d’histoire se tourne chez les Tigres
Ayant œuvré durant 14 années au sein de l’organisation des Tigres de Victoriaville, dont cinq comme joueur, Carl Mallette quitte avec le sentiment du devoir accompli. « Je pars la tête haute, sans amertume. Je reviendrai encore plus fort », a-t-il exprimé quatre jours après son congédiement.
Il a tenu à digérer la situation avant de s’adresser à la presse locale. Il s’est réfugié avec les membres de sa famille, sa garde rapprochée. Il a rapidement réalisé que sa conjointe Geneviève, ses garçons Andrew, Adam et William, de même que sa mère Suzanne représentent ce qu’il a de plus précieux.
« Quand tu diriges dans le junior, tu négliges ta famille. Cette pause, ce moment de recul, me permettra de passer du temps précieux avec les miens. Je veux d’ailleurs les remercier pour leur soutien indéfectible durant toutes ces années. Et que dire de l’appui des amateurs. La vague d’amour reçue à la suite de mon congédiement m’a touché droit au cœur. »
Il est effectivement plutôt rare de constater un tel appui des partisans lorsqu’un entraîneur est relevé de ses fonctions. Ça a été le cas pour Carl Mallette, Monsieur Tigre. Le pilote de 43 ans a toujours entretenu une étroite relation avec les amateurs de l’équipe. C’était le cas lorsqu’il défendait les couleurs de la formation et ça s’est poursuivi lorsqu’il s’est retrouvé derrière le banc. S’il reconnaît que ça peut accentuer la pression de travailler dans sa ville, il considère également que, pour lui du moins, ça a servi de carburant pour repousser ses limites.
Mallette est un compétiteur né. Il carbure à la pression. À sa dernière année junior, à 20 ans, il a été l’un des architectes de la conquête du premier trophée Gilles-Courteau de l’organisation. C’était en 2002. Il a aussi été un acteur de premier plan lors du deuxième championnat remporté par l’équipe, en 2021. À sa première année comme entraîneur-chef des Félins, il a soulevé le précieux trophée.
« Les Tigres, c’est ma vie. Ça a été une fierté pour moi de défendre les couleurs de l’équipe et ultérieurement de me retrouver au sein du personnel hockey. Ça n’a jamais été une corvée d’échanger avec les gens sur la formation. J’ai toujours été transparent et authentique. C’est ce qui explique sûrement la grande histoire d’amour qui s’est développée avec les amateurs de la région », a-t-il partagé.
De la fatigue
Comme le directeur général Kevin Cloutier l’a avancé à la suite du congédiement, celui-ci a été fait pour le bien de l’équipe, mais également pour le bien de Carl Mallette lui-même.
L’entraîneur a reconnu qu’au cours des derniers mois une « certaine fatigue s’était installée ». Il croit effectivement que cette pause forcée devrait lui faire le plus grand bien et lui permettre de rebondir. « C’est un pas de recul nécessaire, a-t-il dit. Je suis un gars excessivement fier. De perdre 10 à 1 (contre l’Océanic de Rimouski), un vendredi soir au Colisée Desjardins, c’est difficile à accepter. C’était devenu lourd. Notre séparation, je la comprends. Dans la vie, rien n’arrive pour rien. Je suis persuadé que je serai encore plus fort et meilleur à mon retour. »
Il ne garde aucune amertume à l’endroit du directeur général Kevin Cloutier, bien au contraire. Il lui voue un grand respect. « C’est un ami, à la vie à la mort », a-t-il lancé.
Un passionné
Bien que ce temps d’arrêt lui sera assurément bénéfique, entre autres, pour refaire le plein d’énergie, Carl Mallette ne restera pas bien longtemps loin de la patinoire. En parallèle de sa carrière d’entraîneur avec les Tigres, il a toujours consacré du temps au développement des jeunes joueurs de la région. Il continuera de le faire au cours des prochains mois.
Il ne ferme aucune porte. Passionné par son sport, il ne demande qu’à relever de nouveaux défis. Il compte d’ailleurs profiter des prochaines semaines pour explorer d’autres facettes du monde du hockey. « C’est sûr que je vais rester dans le milieu. C’est ce qui me passionne. Je suis notamment un entraîneur dans l’âme, mais je m’intéresse aux autres sphères du hockey, comme le recrutement ou la direction d’une équipe. »
S’il veut s’accorder du temps avec sa famille, c’est aussi avec l’accord de celle-ci qu’il acceptera ses prochains défis. Il est ouvert, entre autres, à quitter la région pour exercer sa profession. Il pourrait donc se retrouver notamment derrière le banc d’une autre formation au sein de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec.
« Ma famille n’a pas peur du changement. Ma conjointe n’avait pas hésité à me suivre lorsque j’ai poursuivi ma carrière en Europe. Si je reçois une offre dans un environnement favorable pour moi et ma famille, en compétiteur que je suis, il sera difficile de refuser », a-t-il laissé entendre.
Si l’avenir le mène sous d’autres cieux, à l’extérieur de la région, Carl Mallette se laissera guider par sa passion, mais, de son propre aveu, sa maison, son port d’attache, demeurera toujours Victoriaville.